L'action de La Nuit Nomade a pour cadre les hauts plateaux du Karnak (situés à 4500 mètres d'altitude), dans la région du Ladakh. Royaume bouddhiste indépendant à partir du Xème siècle, le Ladakh a été rattaché à l'Inde en 1947. La région est hautement stratégique pour le pays, puisqu'elle se trouve à la frontière du Tibet chinois et du Pakistan.
La réalisatrice Marianne Chaud est une vraie spécialiste du Ladakh, et sa relation avec cette région du monde ne s'est pas limitée aux quelques semaines du tournage de La Nuit Nomade. Retour sur l'exploration d'un lieu unique : "(...) je ne voulais pas découvrir cette région au cours d’un simple voyage et j’ai donc choisi d’étudier l’ethnologie pour aborder le Ladakh. En 2000, âgée de 23 ans, j’y suis allée pour la première fois et j’y ai vécu six mois au cours desquels j’ai commencé mes recherches universitaires. Je garde encore en mémoire la force des premières relations que j’ai tissées avec les villageois chez qui je séjournais. Derrière la carte postale se révélait un monde complexe que je comprenais peu à peu. Depuis, je retourne au Ladakh tous les ans, entre trois et six mois. La fascination a laissé la place à un sentiment de grande proximité et ma curiosité d’ethnologue s’est doublée d’une volonté cinématographique", raconte-t-elle.
Pourquoi tourner dans les hauts plateaux du Karnak ? Pourquoi ce groupe d'éleveurs nomades en particulier ? La rencontre de la réalisatrice Marianne Chaud avec ces nomades est le fruit du hasard. Elle les a croisés lors de son premier voyage au Ladakh, alors qu'elle marchait d'un bout à l'autre de la région dans un périple de trois mois. Impressionnée par eux, elle a décidé de revenir, dix ans plus tard, pour les filmer...
Lors de son tournage, Marianne Chaud s'est fixée certaines règles pour filmer un documentaire aussi fidèle que possible à la réalité vécue par les habitants du Ladakh : "En documentaire, je ne demande jamais aux personnes de faire quoi que ce soit pour la caméra. J’essaie d’être dans une relation d’égalité et pas de prendre le rôle supérieur de celle qui impose. Cela demande donc une grande patience, je dois attendre que les actions se déroulent d’elles-mêmes. Bien sûr, je rate parfois des scènes parce que je ne suis pas prête au bon moment ou que je n’ai pas ma caméra, mais ce n’est pas grave. Mes tournages sont toujours très longs, c’est ce privilège qui m’offre la liberté d’attendre", souligne-t-elle.
La Nuit Nomade est le troisième film de Marianne Chaud, après Himalaya, le chemin du ciel (2008, nommé au César 2010 du Meilleur documentaire) et Himalaya, la terre des femmes (2007). L'ethnologue réalisatrice a décidé de suivre des hommes dans La Nuit Nomade, puisqu'elle s'était déjà intéressée aux enfants et aux femmes du Ladakh dans ses précédents documentaires.