Sinister est un film qui vous fera une forte impression pendant la durée de la projection. C'est tout, il ne vous en restera pas grand chose une ou deux heures après.
Sinister contient du vraiment très bon, mais aussi du vraiment moins bon.
Commençons par le vraiment moins bon, parce que je suis comme ça. Tout d'abord, le B.A BA pour tout ce qui est film d'horreur actuel ; le scénario. Mais bon Dieu, à quand remonte le dernier film d'horreur avec un BON scénario ? Le problème n'est pas qu'il soit foncièrement mauvais, il est même plutôt bien mené de la scène d'introduction jusqu'au final, le problème est plutôt, qu'en plus d'avoir déjà été vu, vu et revu, la construction est extrêmement paresseuse. Exemples ; découverte d'un nouvel indice toutes les vingts minutes, limites chrono en main, et schéma traditionnel du 'Scène de jour - Dialogues / Scène de nuit - Epouvante.' Et elle est où la surprise dans tout ça ?
Au-delà de son scénario, ainsi que de ses gros passages à vide, Sinister souffre environ une fois sur trois (je parlerais des deux autres fois sur trois par la suite) d'un léger manque d'originalité dans la mise en scène. Je n'ai rien contre l'effet jumpscare, mis à la mode par Sam Raimi avec Jusqu'en Enfer et surexploité par James Wan dans Insidious, si tant est qu'il soit innovant. Rien de ça dans Sinister. Les jumpscare n'ont pas réellement fonctionné sur moi, car soit trop prévisibles, soit vus dans la bande-annonce (ah, fléau de notre société !), soit déjà-vus (bouh que je surgis derrière toi, bouh le gros bruit en plein silence, bouh le monstre qui a envie de se faire filmer en gros plan...
Mais alors, qu'en est-il du vraiment très bon ? Et bien il arrive, il arrive.
Tout d'abord, il y a Ethan Hawke, génial en écrivain père de famille dopé à la caféine, effrayé et désemparé, mais presque obnubilé par son quart d'heure de gloire. Pour un peu, on penserait presque à Jack Nicholson en Jack Torrance. D'ailleurs, il est clair que le film va puiser du côté de Shining.
Ensuite, et c'est là sa principale qualité, il y a les deux fois sur trois restantes au niveau de la mise en scène. Souvent habile, maligne et manipulatrice, portée par une bande-son tout bonnement incroyable, originale et flippante, la mise en scène se révèlera plus d'une fois particulièrement efficace. Comme par exemple lors de la découverte des snuff-movies, véritables moments de bravoure selon moi. Ces scènes arrivent à créer quelque chose que nous n'avions pas vu au cinéma depuis très longtemps ; le malaise. Pas le malaise-dégoût que procurent les films gores (Sinister ne l'est presque pas), non, un véritable malaise, de l'ordre de celui que j'ai pu ressentir devant le Massacre à la Tronçonneuse de 1974, ou devant Shining justement. Un malaise créé par quelque chose de sale, de glauque, de terriblement malsain. Un malaise créé sans la moindre goute de sang et que l'on ne peux tourner en dérision comme tout ces films qui abusent du boyau. A ce titre, l'auteur Bret Easton Ellis a qualifié le plan d'ouverture de Sinister comme étant "le meilleur de l'année." Je ne suis pas en désaccord avec lui.
Au final, un film intéressant mais souffrant trop de ses défauts. Sinister fait malgré tout un bien fou à la médiocre production d'horreur actuelle.