Ah... Sinister. Pour moi il y a trois trois types de films : ceux qu'on déteste, ceux qu'on aime, et ceux qui nous perturbent. Pour moi Sinister est clairement dans cette dernière catégorie. De prime abord, ma copine et moi avons lancé ce film fort de le voir affublé du titre de "film le plus effrayant de tous les temps d'après les scientifiques". Quelques peu blasés par la tonne de films d'horreur récents, plaisants mais peu innovants, nous sommes partis avec un a priori de taille. Et pourtant...
J'ai adoré ce film, qui nous plonge peu à peu dans une ambiance délicieusement anxiogène, étouffante, presque insupportable par moment. Le film avance lentement mais sûrement, et nous emporte dans un crescendo inéluctable auquel on s'abandonne volontiers. L'intrigue est en somme assez ordinaire, et ne révolutionne pas le genre, et je trouve personnellement que ce film évite de très peu l'insupportable écueil des films d'horreur récents qui sombrent dans la manie du "jump scare" intempestif (notons néanmoins un jump scare particulièrement efficace et réussi dans celui-ci). La nature même du nécessaire antagoniste de film d'horreur n'est pas vraiment terrifiante, entendons-nous, mais ce film a le don de s'imiscer en vous, insidieusement, sans vous laissez comprendre pourquoi. La plupart du temps, après un film, surtout d'horreur, j'y pense le temps de la soirée puis la routine vient reprendre le dessus et il finit par être noyé dans les limbes de mon esprit. Mais pas là. Le tour de force, dans ce film, c'est que je n'ai pas eu peur pendant... mais après. Le soir, seul chez moi, la journée dans ma voiture. Pas une peur panique irrationnelle, non, une peur malaisante, dérangeante, un peu sale, agaçante ; celle de ne pas être vraiment en danger, mais de ne pas non plus être en sécurité. Le plus perturbant ? Que sans avoir parlé de ce sentiment de "peur" résiduel après le film, ma copine m'ait téléphoné en pleine nuit trois jours après pour me demander de venir parce qu'elle se sentait "bizarre" depuis qu'on avait vu le film. Un chef d'œuvre, sans aucun doute.
Je pense que c'est en prenant conscience de qui sont les véritables meurtriers à la fin du film que la peur sournoise et intense vient vraiment s'imiscer en vous. L'angoisse naît de cette opposition malsaine entre l'innocente naïveté de l'enfant et sa responsabilité dans les crimes monstrueux commis dans le film. Mais plus encore, c'est la perspective d'être trahi et effacé, remplacé dans le cœur de ses enfants qui génère cette angoisse si puissante. Après tout, n'est-ce pas une peur légitime pour un papa que de voir son enfant "tuer le père ?". Le démon du film, symboliquement, vient remplacer l'amour de ses parents dans le cœur de la petite fille... Mais je m'égare sûrement !