Sinister, c'est un de ces films que l'on prend plaisir à regarder, mais pour lequel on a une sensation étrange : celle d'un film au potentiel énorme, mais sous exploité. Exploitant la technique du "found footage" croisée à une narration à la troisième personne, on assiste tout au long du film à la longue descente aux enfers du personnage principal enquêtant à travers plusieurs courtes vidéos sur une histoire de meurtres. Le problème ? Le scénario ne fait preuve d'aucune audace, et noie les quelques très bonnes idées qu'il propose dans un ensemble de scènes clichés, prévisibles, usant de "Jump scares" que l'on voit venir 10 minutes plus tôt, "jump scares" qui ne feront sursauter que les spectateurs cardiaques. En revanche, Sinister est glauque, malsain, et pose le ton avec une vidéo d'introduction particulièrement morbide... Et ensuite ? Bah ça s’essouffle. On alterne entre les scènes où, seul dans son bureau, le héros avance dans son enquête et où, seul dans le noir, il se retrouve confronté à l'horreur que lui inspirent ces vidéos. Pour traduire, on a à faire à un film d'épouvante trop peu surprenant, sans surprises, avec tout de même une fin excellente, malgré un cruel manque de suspens et de parti pris.
Le "found footage" aurait dû être davantage exploité, permettant ainsi de moins focaliser la narration sur le personnage joué par un Ethan Hawke en pleine forme, mais qui reste trop au centre de l'image pour cacher la faiblesse du scénario derrière, personnage dont les déambulations dans les couloirs de sa maison en pleine nuit finiront par devenir plus que lassantes pour le spectateur.
Pourquoi ne pas avoir proposé un ensemble de "courts métrages" en found-footage plus longs, avec chacun une histoire propre, avec une narration à la troisième personne permettant de faire le lien entre chaque vidéo (comme ce qu'on a ici, mais de façon plus courte de manière à ne pas se traîner en longueur comme c'est le cas dans ce film) , narration offrant des séquences d'épouvante allant crescendo (et non identiques les unes des autres, ayant toutes lieu de nuit, au même moment, de façon purement linéaire comme dans un "Paranormal Activity") jusqu'au final du film qui lui, est particulièrement réussi tel qu'il est présenté? Sinister est bien, mais la structure du film trahi un montage fait pour plaire à la société de production plutôt qu'au spectateur averti, spectateur qui, bien qu'il appréciera le film, ne le conservera pas dans ses favoris. On assiste à un film qui a un début bien écrit, une fin bien écrite, mais qui dans le développement central s'étale en longueur sans trop surprendre.