J. C Chandor après son premier film « Margin Call », incursion prenante et étonnante dans le monde des traideurs, de Wall street, la veille du début de la crise financière, long métrage original et incroyablement maitrisé, est de retour pour un survival en pleine mer avec devant la caméra la légende vivante du cinéma Robert Redford. On suit Robert Redford seul sur son navire devant affronter multes problèmes qu’il devra surmonter pour s’en sortir vivant.
Le long métrage commence avec ce qui sera les seules paroles du long métrage, quelques mots de déception, d’excuse, de regret, de tristesse du personnage de Redford dont on n’apprendra jamais rien sur lui, ni même son nom. Un long métrage sobre, efficace, qui aurait pu paraître ennuyeux sur le papier mais qui arrive à nous tenir en allène tout du long grâce a un montage efficace, même si avec vingt minutes de moins s’eut été mieux. Alors ouais je sais ça peut faire peur à la majorité d’entre vous un long métrage sans parole, en plus sous forme de huit clos. Mais « All is lost » vaut le coup d’être vu, parce que c’est un film qui sort du commun et qui se démarque de tout ce que l’on peut voir au cinéma aujourd’hui, films se ressemblants tous de plus en plus. On pourrait faire une comparaison avec « L’odyssée de Pie » de Ang Lee qui racontait déjà l’histoire d’un naufragé se battant contre la nature et les éléments pour s’en sortir. Mais là où Ang Lee choisissait la beauté, la féérie, la magie, la grandeur de l’océan, où son personnage était un sacré bavard, parfois trop, et où il ne lésinait pas sur les moyens techniques et les effets spéciaux a bon escient evidemment, J.C Chandor ne se sert absolument pas de tout cela. Que reste-t-il alors si la magie est absente. Et bien il reste le réalisme, le calme de l’océan, son envoutement, ses dangers, sa solitude, il reste la vérité… On pourrait y voir une sorte de parallèle avec « Gravity » : deux être perdus physiquement mais aussi psychologiquement, on en a la certitude dans « Gavity » on peut le concevoir facilement dans « All is lost ». Mais le parallèle le plus juste que l’on pourrait faire c’est tout simplement la similitude avec le court roman de Hemingway : « Le viel homme et la mer » où ce vieil homme pourrait être Redford ne lâchant rien pour s’en sortir et arriver à ses fins, dépassé par les éléments, par la vie elle-même, mais ne désespérant pas, toujours une lueur d’espoir dans le cœur, message bien qu’aujourd’hui commun dans le monde du 7ème art mais toujours aussi puissant, surtout lorsqu’il est bien abordé et traité comme c’est le cas ici.
Mais le long métrage n’offre pas grand-chose d’autre, il apparaît comme trop prévisible, un peu décevant, trop linéaire, manquant de rebondissements, tout cela pour garder le plus de réalisme possible au détriment de plus de tension et au risque d’amener quelques longueurs malencontreuses. Il nous reste Redford vieillissant et que l’on a connu en meilleure forme et des plans en plongée inversée sublime sous le dessous d’un radeau, par les fonds marin, avec une superbe lune en second plan. En fin de compte « All is lost » apparaît un peu comme le « En pleine tempête » de Wolfgang Petersen mais version film d’auteur.
Le long métrage mérite néanmoins d’être salué, au moins pour son démarcage des factures classiques et pour l’ambition qu’il dégage. J.C Chandor est un jeune réalisateur bourré de talent, tournant des films hors du commun, qu’il va falloir suivre de près.