Puisque le nouveau film des Dardenne sort incessamment sous peu, je me suis dit qu’il fallait que je voie plus de films qu’ils aient réalisés. Jusqu’alors, le seul que j’avais vu c’était leur dernier, Le Gamin au vélo, et j’avais adoré. Ni une ni deux, je fonce emprunter Rosetta à la médiathèque du coin. Et on ne peut pas dire que je sois déçu, loin de là. C’est tout aussi grandiose que leur dernier film, voire même meilleur encore. Une très bonne palme d’or.
Pendant une petite heure et demi, on suit cette jeune fille, simple, débrouillarde, caractérielle, qui vit pauvrement dans une caravane avec sa mère qui passe son temps à boire et à baiser. Et elle va essayer tant bien que mal de trouver un vrai job après s’être fait virer au début du film. Le film ne raconte rien d’autre que ça, et c’est magnifique. Parce qu’on a une putain de mise en scène, fluide, énergique, qui capte ce visage si particulier. L’actrice est vraiment magnifique. Je pense qu’on pourrait ranger le film dans la catégorie de ceux qui ont dévoilés de grandes jeunes actrices, comme A nos amours par exemple. Les autres acteurs ne sont pas en reste, Gourmet est comme toujours formidable dans ce rôle de patron, bien qu’on le voit assez peu comparé au reste du casting.
Ce qui est bien c’est qu’a priori, ce genre de films sociaux pourraient tourner au vinaigre, sombrer dans le cliché ou le misérabilisme, mais c’est sans compter sur l’intelligence des Dardenne, qui nous montrent la vie d’une manière extrêmement simple et belle. Comme dans La Vie d’Adèle récemment, on vit complètement avec cette fille, on est parfois dans son intimité, je pense qu’une de mes scènes préférées du film c’est lorsqu’elle se masse le ventre allongée sur son lit, la caméra nous montre à la fois son visage et son ventre meurtri. Il y a beaucoup de tendresse dans ce film. Je pense là aussi à la scène de danse à l’appartement du mec (je ne sais plus son nom, le vendeur de gaufres), on voit peu à peu le visage et le sourire de Rosetta se crisper de moins en moins pour arriver presque à un rire, interrompu par le fameux mal de ventre. C’est sublime. Vraiment j’adore cette mise en scène, très belle, qui arrive à capter les instants de grâce, de beauté. Et la fin est très belle elle aussi, je ne m’attendais pas vraiment à ça, mais finalement, c’est un dénouement logique et intelligent, je pense qu’ils s’arrêtent au moment où il fallait pour que le film ne s’empâte pas dans quelque fin symbolique ou je ne sais pas. A fleur de peau. C’est une expression qui résume bien le film je trouve. C’est vraiment formidable, simple, beau, pur. On voit le quotidien, Rosetta prendre ses bottes dans son trou plusieurs fois, prendre de l’eau, faire à bouffer… Du haut niveau de cinéma. Décidément des gens à suivre.