Alors séparons d'emblée le film et son propos, car ce dernier demeure limite à mes yeux, et encore plus son procédé.
L'histoire s'inspire de l'affaire Barabara Graham, qui défraya la chronique dans l'Amérique puritaine du milieu des 50's. Graham, fille délurée à la vie aventureuse, se retrouva mêlé à une sordide histoire de vol et de meurtre d'une vieille veuve, avant d'être condamnée à mort avec deux de ses complices. Le journaliste, qui suivit l'affaire depuis le début, en tira une suite d'articles réclamant la grâce de Graham, car jugée innocente à ses yeux. Il n'en sera rien, et la jeune femme sera la 3ème condamnée à mort en Californie. Le film se présente comme une représentation factuelle de l'affaire, avec la grande Susan Hayward dans le rôle principal. Le fond reste discutable donc, car il est bien évidemment amoral de condamnée une innocente à mort. Sauf que le film n'arrive jamais à prouver cette innocence. En me renseignant sur le contexte, il se trouve que le passé de Barbara a été considérablement simplifié (ancienne prostituée et droguée, avec deux autres enfants nés de ses précédents mariages, elle était aussi la maîtresse de l'instigateur du vol) et il s'avère que Montgomery n'est arrivé qu'à la fin du procès, et non dès son arrestation comme le montre le film. Pour la véracité très factuelle, on repassera donc, surtout que le film le clame haut et fort DEUX fois (en intro et à la fin, via un carton). Et le témoignage de son ex-mari, son seul alibi, n'est pas montré dans le film. Rappelons que le procureur n'a jamais douté de sa culpabilité (et qu'aucune Cour n'est revenu dessus depuis), et que malgré de nombreux ouvrages sur le sujet, le doute demeure, même s'il est établi qu'elle était bien au courant du braquage (ce que le film ne montre pas, bien évidemment).
Mais le film en lui-même, si on met de côté certaines facilités et un petit côté mensonger ? Et bien il reste impeccable, en grande partie parce qu'il est signé par l'excellent Robert Wise. Susan Hayward s'en sort remarquablement bien, avec un Oscar à la clé, après plusieurs nominations, à chaque fois dans des rôles de femmes alcooliques. Elle devancera cette année-là Elizabeth Taylor, pourtant à l'affiche de "La chatte sur un toit brûlant" ! Bien rythmé, avec une très belle photo, des dialogues soignés, le film est, d'un point de vue cinématographique, un vrai bijou. Mais voilà, pour les raisons citées plus haut, il m'a laissé circonspect. Le message est fort, puissant et respectable, mais son côté militant à tout prix, au prix de cette vérité que le film prétend défendre, m'a déplu. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com