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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 10 mars 2012
Marlène n’a jamais été tant magnifiée que par Josef Von Sternberg, son pygmalion, qui en sept films en fit une icône du 7ème art pour l’éternité. « Le cantique des cantiques » vient s’intercaler entre « Blonde Venus » et « L’impératrice Rouge ». Mamoulian restant fidèle à la recette qui a fait le succès de Marlène depuis son arrivée à Hollywood. Celle de la jeune femme innocente dont la pureté est bafouée par les manigances des hommes qui la désirent et la jalousie des femmes qui ne supportent pas sa radieuse beauté. Dans le registre, Mamoulian n’y va pas avec le dos de la cuillère, affublant Marlène de tenues censées lui donner l’allure virginale d’une jeune fille de 18 ans alors qu’elle en a déjà trente. Décomplexé par l’audace de Mamoulian, Sternberg poussera le ridicule jusqu’au bout en affublant sa muse de deux jolies nattes blondes dans le prologue de « L’impératrice rouge ». Mais qu’importe ces fautes de goût qui au final nous font attendre avec encore plus d’impatience que la vamp perce sous les airs nunuches que l’actrice teutonne est obligée de prendre pour donner le change. Car c’est bien dans le registre de la femme fatale androgyne que Marlène excelle et nous fascine, tout le reste n’étant que prétexte pour mettre en valeur sa plastique formidable. Le supplice qui lui est infligé par les trois odieux personnages du « Cantique des cantiques » inspiré d’un roman d’Hermann Sudermann est proprement machiavélique. La pauvresse réfugiée chez une tante vénale après la mort subite de son père sera trahie tout à la fois par celle-ci et par son premier amour pour être précipitée dans les bras d’un riche colonel de l’armée prussienne qui entend tout à la fois l’éduquer et en faire un objet sexuel (Mamoulian est sans équivoque sur le sujet). La descente aux enfers conduira Marlène jusqu'à la prostitution mais heureusuement tout finira pour le mieux devant la statue qui avait scellé leur amour. La structure du récit colle parfaitement à l’image recherchée par Marlène qui a contribué à façonner sa légende. Mais sans doute parce qu’il en était follement amoureux et que ses directeurs de la photographie (Lee Garmes puis Bert Glennon) avaient parfaitement compris sa recherche esthétique, Josef Von Sternberg demeure celui qui a le mieux transcrit à l’écran la beauté tout à la fois vénéneuse et innocente de Marlène Dietrich. Un film qui s'il n'est pas un chef d'oeuvre s’inscrit malgré tout parfaitement dans ce qu’était le cinéma romantique de ces années proches de l’ère du muet.
Partant d'une histoire classique d'un noble qui séduit puis abandonne une jeune femme attachée à sa famille, ce film aboutit un étrange exemple de socialisme mystique. Je n'ai pas trop apprécié le jeu de Anna Sten, encore trop marquée par le muet semble-t-il, et ai trouvé un léger abus des surimpressions ; à part ça c'est de la mise en scène solide, un assez bon film.