Concernant l’Allemagne en crise, avec le Mur de Berlin, nous avons déjà eu droit à de nombreux films et téléfilms plus ou moins visionnés, ainsi qu’à la référence culte en matière de cinéma allemand : La Vie des autres. Dans Barbara, il arrive d’ailleurs que l’on songe à ce dernier sur bien des points… Tout d’abord, il y a cette femme, Barbara (qui, sans surprise, est la femme qui donne son nom au titre), surveillée par la STASI. Ses libertés sont remises en cause et n’a d’autres choix que de travailler dans une petite clinique de province. Quasiment le moindre de ses gestes est observé, analysé puis remis en cause. Lorsqu’elle échappe aux hommes pour retrouver son amant de l’Ouest, les agents secrets ne manquent pas de laisser éclater leur mécontentement. Parmi ces informateurs, il y a cet étrange médecin, qui parait si sympathique et pourtant semble tout savoir sur la vie de la protagoniste. Comme dans La Vie des autres, nous sommes donc appelés à remarquer la part humaine de ces gens qui, en leur temps, ont épié jusqu’à la plus infime personne suspecte. Par ailleurs, dans Barbara, nous retrouvons une notion très intéressante. Celle de l’angoisse. Celle de la peur des autres. En effet, ce sentiment que l’on ne peut croire tout le monde – en cette période qui a de quoi rendre paranoïaque – est merveilleusement bien retranscris au cœur d’une relation ambigüe entre Barbara et le fameux médecin. Nous-mêmes, on ne sait pas vraiment qui il faut croire ni ce qu’il faut croire. Les moments forts sont fréquents, à l’échelle de ce rythme plutôt lent hérité du cinéma allemand. En revanche, si les péripéties ne sont pas des plus présentes, on peut admirer le désir d’émancipation vis-à-vis de l’esthétique glaciale de ce cinéma plus ou moins abordable. Le fait est que chaque plan de Barbara s’avère nettement maîtrisé, d’une très belle mise au point à une photographie grandement plaisante. Enfin, Nina Hoss – l’actrice qui interprète Barbara – livre une interprétation brillante, parfois pleine d’un stoïcisme assez troublant, qui semble camoufler une profonde tristesse néanmoins, et d’autres fois dans une bonté chaleureusement appréciable au cœur de cet univers triste et froid. Les autres acteurs aussi s’avèrent justes et touchants, dans une histoire qui l’est au moins tout autant, bien que celle-ci aurait gagné bien plus à faire oublier ce rythme lent typiquement allemand, qui donne parfois lieu à quelques longueurs. En conclusion, Barbara aura eu le mérite de dépeindre un monde sans teint de façon aussi colorée qu’émouvante, dans une histoire d’amour intrigante. Seul le strict minimum de la mise en scène empêche le long-métrage de marquer les esprits.