Superbe portrait de femme porté par une excellente actrice, Nina Hoss, mais aussi superbe portrait de médecins qui n'est pas sans rappeler le formidable "Barberousse" de Kurosawa, "Barbara" mêle habilement la grande et la petite histoire. La grande histoire, c'est la vie dans un état policier, la RDA du début des années 80. Si la manière dont est dépeinte celle-ci n'apporte pas grand chose de neuf dans le fond, avec l'omniprésence de la Stasi tapie dans l'ombre, elle présente pas mal d'originalité dans la forme : là où tant d'autres films nous plongent dans un univers urbain grisâtre, traversé par des personnages uniformisés et des Trabant bonnes pour la casse, le tout sous un ciel pluvieux, on se retrouve ici à la campagne, au bord de la mer, et on fait du vélo sous un soleil printanier ! Bon, attention, c'est pas non plus l'éclate totale, hein... parce que dans ce contexte intervient la petite histoire, assez lourde et assez glaçante, celle de Barbara, médecin berlinois mutée dans un hôpital de province suite à une incarcération et, de ce fait, étroitement surveillée par les autorités. Barbara a un amant venant de RFA qui circule librement et régulièrement entre les deux Allemagne et qui cherche à la faire passer de l'autre côté du Mur. Elle a avec lui une relation surtout charnelle (leurs rencontres sont furtives, se font en cachette et sont presque exclusivement consacrées aux rapports sexuels) et matérielle (il lui procure des produits de consommation courante venant de l'ouest). Et puis, dans le cadre professionnel, elle va rencontrer André (Ronald Zehrfeld, très bon aussi). Malgré une attirance certaine, une proximité intellectuelle et une vision partagée de leur métier et de sa mission, elle ne peut s'empêcher (à raison ?) de voir en lui un agent du système qu'elle exècre et dont elle est prisonnière. C'est bien évidemment dans cette relation que se trouve tout l'intérêt du film : comment nouer des rapports amoureux (ou même simplement humains) dans un monde ou la prudence, la méfiance et le non-dit s'érigent en règle de vie ? La seule chose qu'on pourrait reprocher à "Barbara", c'est son côté empesé et très statique. Avec un peu plus de dynamisme, Petzold n'aurait pas été loin du chef-d'œuvre en plus de toucher très certainement un public beaucoup plus large. C'est vrai, quoi, "La Vie des Autres" a bien marché, alors y a pas de raisons !