Je me rends compte que je n’ai pas fait beaucoup de critiques de films des années 50, et, étant tombé sur ce Destination Gobi, je me suis lancé, d’autant que l’idée de base de l’intrigue me plaisait. Bon, c’est clair que ce n’est pas du grand Robert Wise, et que ce film reste un métrage d’aventure assez mineur, comme il y en a eu beaucoup à l’époque.
Au casting des acteurs connus comme Richard Widmark emmène une petite troupe de seconds rôles de qualité. Les interprètes tiennent la route, le jeu est sobre mais efficace, Widmark assure son statut de leader et se démarque quand même assez nettement. Maintenant il faut avouer que les personnages manquent de percussion. En fait, ils tendent à se marcher sur les pieds. De caractères assez égaux tous, les différents rôles manquent de nuances, et sont trop similaires. Quand on établit ainsi une petite troupe, il est de bon ton de donner une personnalité à chacun. Là on à faire à une troupe de soldats rigolards, duquel, même le rôle de Widmark, ont du mal à émerger. A noter aussi que les rôles dévolus aux locaux sont très limités. Le décalage de traitement entre la troupe américaine et les autochtones est très fort.
Le scénario part sur une idée originale. Le film ne l’exploite pas trop mal. Le choix d’une tonalité légère était intelligent, et la première demi-heure est tout à fait plaisante. Maintenant il y a des ratés. D’abord le film manque cruellement de scènes marquantes. Il y a peu d’action, peu de tension, peu d’émotion, finalement Destination Gobi vivote, mais passé la première demi-heure il n’y a plus que des épisodes mineurs ou traité de manière mineures à se mettre sous la dent. Du coup alors qu’il ne dure que 85 minutes environ, le film parait assez long, et semble durer de façon assez artificielle. Pour ma part, après 30 minutes j’ai regardé Destination Gobi sans vraiment d’ennui, mais avec une attention vacillante.
La réalisation ne souffre pas de franche critique. Robert Wise manque un peu le coche des rares scènes d’action (dont le final, timoré), mais son film a plutôt belle allure, avec des décors bien exploités, et une mise en scène qui arrive à trouver de l’ampleur et de la grandeur. Les décors ne font pas très désert de Gobi mais sont tout de même agréables à voir, et la photographie ne manque pas d’allure elle aussi. Les couleurs sont belles. En revanche la reconstitution est un peu fade. Celle du camp japonais par exemple n’est pas très enthousiasmante. La musique nous sert le concert habituel, très classique, mais avec plus de personnalité que pas mal de film de l’époque.
En réalité Destination Gobi n’est pas aussi réussi que les intentions et le casting sur le papier le laisse espérer. Sans être un ratage, on a à faire à un film d’aventure trop timide sur l’action, qui se contente d’une narration assez plate et d’un rythme ténu. Clairement si le film obtient la moyenne, c’est pour des qualités visuelles convaincantes. 2.5