Initialement prévu pour Netflix, "Seven Sisters" a, finalement eu les honneurs d’une sortie sur grand écran... en plein été et à grand coups de bande-annonce promettant la fin la plus inattendue qui soit ! Ça sentait le piège à gogo à plein nez et je voyais difficilement comment le film pouvait être autre chose qu’une gentille série B déjà vue. Quelle erreur… et, surtout, quelle surprise ! Tout commence pourtant comme prévu, avec la présentation de son univers (un monde futuriste où le nombre des naissances est limité) et de son pitch (un père va devoir protéger ses septuplées en les faisant passer pour une seule et unique personne), qui sont, l’un comme l’autre, plutôt intéressant mais qui laissent craindre un film-concept à l’exploitation limitée. On craint, alors, que, rapidement, l’essoufflement de l’intrigue soit compensé par de l’action à tout-va, le tout dans un ton bon enfant. Une scène vient chambouler l’édifice qu’on pouvait craindre prévisible. En effet,
la mort de la première sœur, aussi inattendue que brutale
, agit comme un déclic sur le spectateur qui n’avancera plus en territoire connu. "Seven Sisters" change, dès lors, de statut puisque, de production SF sympa mais inoffensive, il s’impose comme un film d’anticipation sans concession qui n’a pas peur d’aller très loin dans la représentation de la violence, voire de l’horreur
(la multitude de morts traumatisantes, la douloureuse scène du doigt et ses conséquences, le terrible sort réservé aux enfants et son évocation très claire au nazisme…)
. Le film n’a pas froid aux yeux non plus lorsqu’il s’agit de montrer des scènes hots, ce qui n’est pas si commun en matière de SF. Son propos est, également, d’une pertinence à faire frémir et s’inscrit dans la lignée des grandes œuvres d’anticipation façon "1984" ou "Soleil Vert". "Seven Sisters" ne se laisse pas, pour autant, bouffer par le tournant pris par son intrigue et continue à soigner le fun inhérent à ce genre de production et ses personnages. Car le concept de base (sept sœurs pour un seul rôle) est habillement utilisé et permet à Noomi Rapace de briller avec toutes ses différentes interprétations (de la plus grande légèreté à la gravité la plus extrême). On pourra toujours pinailler en considérant que le travail de personnalisation des différentes sœurs aurait pu être plus poussé ou,
encore, que certaines d’entre elles ne bénéficient pas d’assez de temps à l’écran pour s’y attacher
. Mais il s’agit franchement d’un détail. Quant aux autres personnages, ils surprennent soit par leur ambiguïté (Willem Dafoe en père prêt à tout pour sauver ses enfants, Glenn Close en grande méchante sincèrement convaincue de faire le bien…), soit par leur richesse inattendue (Marwan Kenzari en flic, Christian Rubeck en homme de main magnifiquement détestable…). Et n’oublions la mise en scène travaillé de Tommy Wirkola, qui a su soigner ses plans, sa photo, son rythme et sa BO (signée Christian Wibe). Certes, "Seven Sisters" ne fait pas toujours l’économie de quelques effets outranciers, à grands coups d’explosion spectaculaires censées attiré le jeune public. Mais cela ne gâche pas le film pour autant. Quant à la fin promise, elle est, également réussie dans la mesure où elle ne se repose pas uniquement sur un twist scénaristique. "Seven, Sisters" est, donc, plus qu’une excellente surprise… c’est un film à faire découvrir !