Avec l’idée de départ de « Seven Sisters », le réalisateur Tommy Wirkola disposait d’un concept intéressant et propice à un bon film de science fiction type « soleil vert » par exemple. En effet, il est toujours intéressant de voir le cinéma imaginer le futur proche de notre civilisation, et donner corps à nos angoisses et nos phantasmes sur ce que pourrait devenir la race humaine si elle continue d’évoluer comme aujourd’hui. Ici, c’est une société totalement urbaine qui est proposée, ultra informatisée, et où bien entendu, les pauvres sont soigneusement tenus écartés de la modernité et du confort par une police surarmée et sans états d’âme. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce futur cauchemardesque n’est pas très original (ça fait penser un peu à la série « Trépalium ») mais qui suis-je pour dire qu’il n’est pas crédible ? Le film, dont la photographie est volontairement sombre (pas de soleil, parfois de la pluie mais jamais un brin d’herbe, jamais un arbre) est mené tambour battant par un réalisateur qui coche sans problème tous les code du genre « science fiction blockbuster ». Le rythme est soutenu, la musique (sans grand intérêt) est omniprésente et souvent beaucoup trop forte, les scènes de fusillades, d’explosions ou de combats au corps à corps sont nombreuses, longues et particulièrement sanglantes. La seule chose qui manque, c’est l’humour, sinon, on est en plein dans le blockbuster hyper formaté pour plaire au plus grand nombre. Le film est sorti depuis presque deux mois et il est encore à l’affiche, il plait donc au plus grand nombre : CQFD. Personnellement, cette réalisation sans imagination, ses flash back nombreux, ses scènes d’action interminables et cette musique envahissante ont eu vite fait de me lasser. Heureusement, sur l’écran il y avait Glenn Close, Willem Dafoe et surtout Noomi Rapace. Habituée à incarner des femmes fortes, cette actrice suédoise bien connue de tous ceux qui ont aimé « Millénium » (après elle, toutes celles qui incarneront Lisbeth Salander feront petit bras !), qui n’a pas peur des rôles physiques, incarne 7 personnages différents. Je ne sais pas bien comment le réalisateur a réussit son coup, mais les frangines sont sans arrêt à l’écran en même temps et cette « performance » technique est très réussie. Rapace donne vie à 7 femmes à la fois semblables et différentes (coiffure, look mais aussi personnalité) et que pourtant on ne confond jamais entre elle, sauf une fois à la fin mais c’est volontaire. C’est Noomi Rapace qui sauve le film en grande partie, par la puissance qu’elle dégage. Je souligne aussi la jolie performance de Marwan Kenzari en homme amoureux, parce que sans son personnage, les sentiments seraient cruellement absents du scénario. Le scénario de « Seven Sisters » était prometteur, il aurait pu aborder les questions de la quête de l’identité, des troubles de la personnalité, il aurait pu nous emmener vers une réflexion intéressante sur les questions d’ego, voire de la folie. Le pitch des ces 6 femmes forcées d’adopter une personnalité artificielle et unique et de rester cloitrée le reste du temps aurait pu permettre d’ouvrir plein de portes. Or, le scénario ne fait qu’effleurer de loin, voire de très loin toutes ces questions. Lorsque Lundi disparait, obligeant ses sœurs à s’exposer pour la chercher, ou tout du moins pour comprendre, on espère que cela va déboucher sur quelque chose, en tous cas sur autre chose que des scènes de fusillades. Et bien pas vraiment,
le secret des filles ne fait pas long feu, et la raison de la disparition de Lundi est vite éventée, du moins en apparence.
Bien évidemment, dans tout blockbuster qui se respecte, un doit y avoir un rebondissement final qu’on voit pas venir et qui explique tout, remet tout en cause. Un rebondissement final, il y en a bien un, mais il est assez téléphoné et si on est un peu attentif et malin, on le voit venir d’assez loin. Le scénario est sa pirouette finale laisse une impression de gâchis très désagréable, surtout quand il laisse passer des incohérences énormes,
comme le type qui couche avec une sœur différente de celle dont il est très amoureux et ne s’en rend absolument pas compte !
Pris dans son ensemble, le film semble emprunter des idées, des petits trucs ici ou là dans les films d’anticipation qui l’ont précédé ou dans la littérature de science fiction. Peu original dans le fond, très formaté dans sa forme, « Seven Sisters » ne survivra pas dans les mémoires pour autre chose que ce qu’il est : un blockbuster destiné à remplir les salles sans trop se fouler. C’est dommage pour Noomi Rapace, cette actrice mérite mieux que ce cinéma sans imagination.