Pendant cinq ans, Emad Burnat a vécu au quotidien avec sa caméra pour témoigner des événements qui secouaient la vie de son village, une cohabitation permanente pas toujours évidente : "La présence de la caméra a parfois empêché les soldats israéliens d’utiliser la violence. (...) Mais ce n’a pas toujours été le cas. Ainsi, les balles ont cassé certaines de mes caméras et, le jour où j’ai été arrêté, c’est parce que je filmais. Donc, parfois, ma caméra a été une alliée, et, à d’autres moments, elle a provoqué des situations douloureuses pour ma famille et moi."
Le titre, 5 Caméras Brisées, est dû au fait que durant ces cinq ans de tournage au quotidien, cinq caméras ont été détruites. A chaque fois, Emad Burnat les a remplacées pour pouvoir continuer à filmer.
Le jour de la naissance du fils du cinéaste a coïncidé avec le jour où l'armée israélienne a commencé à construire le mur dans son village. C'est à l'occasion de la naissance de cet enfant qu'un ami d'Emad Burnat lui a offert une caméra, avec laquelle il a immédiatement commencé à filmer les évènements.
5 Caméras Brisées a rencontré un franc succès dans les festivals, où il a reçu de très nombreux prix en 2012, parmi lesquels, notamment, le prix de la réalisation documentaire à Sundance, le prix du meilleur documentaire au Jerusalem Film Festival et au Rooftop Films de New York, le prix spécial du jury ainsi que le prix du public au Festival International du Documentaire d'Amsterdam.
Emad Burnat témoigne de la situation de son village, Bil'in, aujourd'hui : "Même si une partie de nos terres nous ont été restituées, tous les habitants n’ont pas récupéré les leurs. De plus, beaucoup d’arbres ont été détruits par les bulldozers ou brûlés. Les gens sont donc obligés de trouver un autre travail pour nourrir leur famille. Il faudra encore beaucoup de temps et d’argent pour replanter et pouvoir recommencer à cultiver et récolter."
Guy Davidi, qui a déjà réalisé plusieurs courts métrages documentaires (notamment pour France 3), a mis en scène son premier long métrage en 2010 : Courants interrompus, auquel avait également participé Emad Burnat, son comparse pour 5 Caméras Brisées. Le film avait fait l'ouverture du Festival International du Film de Jérusalem.