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AMCHI
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4,5
Publiée le 27 septembre 2015
Visconti signe une œuvre remarquable sur la vie d'un personnage complexe et fascinant que fut Louis II de Bavière, une mise en scène très soignée et des acteurs prodigieux avec bien sur Berger dans le rôle de ce roi étrange et souffrant mais aussi Romy Schneider reprenant le personnage de l'impératrice Sissi de façon plus réaliste sans oublier Trevor Howard et bien d'autres encore.
Indéniablement, Luchino Visconti fut l'un des meilleurs réalisateurs de son temps. Intellectuellement, son oeuvre est une merveille, comme le fut Les Damnés, formidable fresque d'une famille bourgeoise se transformant en une machine économique emportée par l'idéologie nazis. La politique, l'histoire, la littérature étant les trois thèmes les plus présents dans sa filmographie, on pouvait en toute évidence redouter une future biographie historique. Et ce sera le cas pour Louis II de Bavière, personnage fascinant pour son ambiguïté politique et artistique, dont la fusion croissante ne seront pour le roi que l'unique raison de rester au pouvoir. Ambitieuse, l'idée avait de quoi séduire. Et encore plus quand la réalisateur n'est autre qu'un grand homme du cinéma. Mais malheureusement, le film n'atteint pas les espérances. En effet, le film se risque dans une durée avoisinant les quatres heures. Ce qui demeure très long, difficilement canalisable pour un style qui se veut à la fois biographique et historique. Honorable toutefois, le réalisateur se perd néanmoins dans sa deuxième partie. Pour commencer, le début n'a rien de flamboyant. Entre-autre, les comédiens ont beaucoup de difficultés à nous faire vivre leurs rôles. On y croit difficilement, faute à des prestations symboliques pompeuses, ne trouvant jamais la justesse de suggérer ce que les comédiens explicitent vainement. De plus, Luchino Visconti fait la grossière erreur de vouloir raconter entièrement la vie du roi dès son début sur le trône. Il le fait synthétiquement, piochant de toutes parts quelques moments de l'histoire. Séquentiel, Ludwig est un film académique prisonnier de son statut de documentaire à la soupe populaire. La réflexion se fait rare, favorisant les cabotinages stéréotypés du roi solitaire et malade. L'art, la musique, le pouvoir, la solitude, l'amour : tant de sujet effleurés. Essoufflé, Visconti perd son âme, laissant encore sa beauté plastique pour la photographie et son amour du cinéma.
Belle fresque historique et biographique. Film mêlant la grande Histoire et la petite. Helmut Berger est carrément possédé par son personnage (en fait trop parfois !). Les dernières scènes sont vraiment très prenantes et tristes. Les lumières et la photo sont proches du style de Barry Lyndon ou plutôt le contraire le chef-d'oeuvre de Kubrick ressemble a Ludwig
Que dire devant tant de maestria ? Parler un peu de Luchino Visconti peut-être ou plutôt du thème majeur qui revient dans la plupart de ses films : la désagrégation d'une grande famille. Ses costumes, sa reconstitution d'époques et de faits historiques sont déjà remarquables mais le thème central qui revient souvent témoigne certainement d'une expérience vécue.Voilà, le cinéma de Visconti est authentique.
On m'a souvent présenté "Ludwig" comme étant l'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) Visconti... Réalisée en 1973, cette fresque monumentale m'a pourtant (alors que je suis un grand admirateur du cinéaste) très profondément ennuyé, à tel point que je ne suis pas parvenu à aller au bout des quatre heures de métrage, désolé. Cependant, je pense en avoir vu largement assez pour le critiquer et dire ce qui ne m'a pas plu. A l'inverse de ses oeuvres habituelles, le metteur en scène ne fait jamais preuve d'aucune audace et exécute platement un scénario très dense, construisant visuellement son film autour de qualités techniques certes indéniables mais qu'il a déjà exploité à maintes reprises, à la différence près qu'il n'y avait cette fois pas de variantes, d'améliorations comme dans ses précédents chefs-d'oeuvre. J'ai d'ailleurs envie de renvoyer "Ludwig" à la critique générale que Godard faisait du style Viscontien qui ne m'avait encore jamais semblé juste mais qui malheureusement trouve tout son sens ici : le grand Luchino a cédé à la facilité c'est indéniable et orchestre mollement des personnages brassant vaguement des thèmes qu'il a exploré au cours de sa fructueuse carrière, ici présentés de façon très superficielle. Quant à ces robes, costumes et autres décorations inimaginables, elles vont et viennent sans émotion, donnant plus l'impression que l'oeil du réalisateur s'est affaibli en qualité alors qu'il n'a cessé de grossir dans sa mégalomanie. Car c'est la principale impression que procure "Ludwig" : mégalomane jusqu'au dégoût, grandiose à ne plus faire passer aucun sentiment, prétentieux jusque dans le titre "Le Crépuscule des Dieux". Visconti avait à mon sens ici pété les plombs, délaissé la création pour le gigantesque, refilant la nausée à un spectateur s'ennuyant souvent devant des scènes beaucoup trop explicites, manquant de finesse et de subtilité, comme l'ensemble d'une oeuvre terriblement convenue et académique dans son traitement. Très décevant.
C'est long, très long... Un peu trop long à mon goût. Faut-il vraiment 4 heures de pellicules pour montrer au grand jour le folie d'un homme que l'histoire ne retiendra probablement pas ? Combien d'heures faudra-t-il alors consacrer lorqu'un réalisateurs entreprendra d'aborder le sujet épineux de la vie d'Hitler ? Reste un excellent film dominé par la prestation "habitée" d'Helmut Berger, une mise en scène sobre sans toutefois tutoyer le génie du Guépard, des décords prestigieux et un sujet hors du commun. Reste enfin la belle Romy qui, malgré toute sa beauté, ne parvient pas à éclairer un récit qui manque cruellement de cohérence.
Dans Ludwig ou le crépuscule des Dieux Visconti pose à son paroxysme en créant la plus longue marche à la folie de l’histoire du cinéma. Ludwig est l’image et Wagner est la musique. L’image se confond dans la musique et elle ne peut plus exister qu’en s’identifiant à elle. D’où l’obsession de Ludwig pour l’opéra de Wagner. Le souverain s’imagine comme héros wagnérien et il intériorise le mythe comme sa propre réalité. De là Visconti utilise la musique comme le moyen de nous faire pénétrer l’émotion de Ludwig, de nous faire rentrer dans sa sensibilité qui petit à petit prend le pas sur son esprit. Son esprit se dégrade alors que sa sensibilité le déborde. L’image nous montre un homme sur un déclin progressif par une série de détails et de tableaux qui sont en étroite fusion les uns avec les autres. Cette évolution permanente est reflétée par le passage de la magnificence d’une figure de roi à celle de simple garde-chasse puis à celle de retraité dans un asile. La chambre de Ludwig pendant son internement où tout est gris, immobile, déprimant est la métaphore de son esprit. De même pour le caractère délirant de la scène de l’auberge presque fantastique. A ce moment son esprit n’a plus de réalité humaine il est un être purement sensible d’où l’ampleur du prélude de Tristan et Iseult et de l’ouverture de Tannhäuser. Les scènes d’enfants de Schumann montrant l’ultra sensibilité de Ludwig qui est tel un bambin devant son frère devenu fou. Visconti réalise un chef-d’œuvre car il a compris l’intérêt de la fusion de la musique, l’intuition et l’émotion, avec l’image qui symbolise le temple spirituel en plein effondrement de Ludwig. La juxtaposition des tableaux est alors la contemplation de cette décomposition. La thématique viscontienne de la dégénerescence de l'esprit par les sens est à son apogée.
Visconti signe un film testament à travers le récit tout parabolique de la vie de Louis II de Bavière... Comme ce monarque seul et dont la vie est digne d’un livret de Wagner, Visconti est conscient qu’après lui viendra la fin d’un monde… La vieille noblesse italienne avec son cortège de codes, de raffinement, de futilité… La mort qui est imminente, l'homosexualité latente, refoulée, cachée, une oeuvre de la démesure à créer, de celle qui laisse une empreinte... ce sont les principaux thèmes abordés. La reconstitution est très soignée tant au niveau des moeurs que des décors ou costumes... Le choix d’Helmut Berger, espèce d’ange déchu pour incarner ce roi fou participe à la force du film. Il est le fantasme de l’auteur et sa déchéance est inéluctable… Sa mise en scène éthérée est unique, distante et en même temps profondément impliquée. Elle donne au film une puissance narrative efficace et troublante. A noter également la présence de Romy Schneider venant briser l’image kitsch de Sisi. Son Elisabeth d’Autriche est sans concession. Belle, libre, destructrice… L’une de ses plus belles compositions.
Visconti nous éblouit par une reconstitution minutieuse, pointilleuse tant dans les décors et les costumes que dans détails historiques. Helmut Berger est impressionnant ; il EST Louis II de Bavière... Très bonne surprise de Romy Schneider qui nous offre la plus belle, la plus vraie, la plus SISSI de Elizabeth d'Autriche qu'elle a pu jouer. A voir pour la maitrise qu'avait cet immense cinéaste sur son oeuvre.
La réalisation de Visconti met le personnage d'Helmut Berger, Ludwig, hors du centre, hors du cadre. Excentré mentalement, Louis II de Bavière est aussi excentré du cadre. Par ce parallèle, Visconti nous donne peine à voir ce Ludwig en route vers la décomposition. En effet, tout au long du film on s'attache à ce roi qui entreprend de trop gros projets, lui, si petit homme qu'il est. Le voir ainsi rejeté forme en nous le sentiment de pitié. La durée carrément anti-commerciale importe peu grâce à l'histoire et à la mise en scène savamment orchestrées. "Ludwig" est l'un des meilleurs films de Visconti avec "Il Gattopardo" et "La Terra trema". Bizarrement il partage pas mal de points communs avec l'un de ses moins bons : "La Caduta degli dei". La même image colorée, la distribution quasi-identique, etc... "Ludwig" est une belle oeuvre, qui fait parfois poindre une once d'optimisme aussitôt rattrapée par le pessimisme inéluctable de Visconti. Visconti utilise ici beaucoup le zoom, technique filmique difficile que le maître italien utilise avec brio. En conclusion, l'oeuvre royale est un chant glorieux à l'art, le chant d'un Visconti au top de sa forme qui dirige ici un Helmut Berger excellent, bien mieux que dans "La Caduta degli dei".