C’est l’adaptation du roman graphique éponyme (2007) de Paco ROCA à 38 ans et qui a obtenu, en Espagne, le prix national de la bande dessinée en 2008. Le fait d’être un film d’animation permet de la distanciation et de l’humour sur une situation plombante, celle d’Emilio de la Cruz, ancien directeur d’une succursale de banque que son fils a placé en maison de retraite médicalisée ou E.H.P.A.D. (Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). Emilio, qui partage sa chambre avec Miguel,
à l’accent argentin, seul, sans enfants, ni femme, cynique, va voir peu à peu apparaitre les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Epreuve qu’il va traverser et que vont retarder Miguel et Antonieta, avant qu’il n’aille au 2e étage, celui des « condamnés »
. Malgré un sujet grave et douloureux qui concerne actuellement les séniors et leurs enfants (indirectement puis directement), le film apporte de l’émotion, du réalisme [manque de personnel, surconsommation de médicaments, ennui (absence de visites (« la famille, c’est comme le nougat, on n’en reçoit qu’à Noël »), salon ressemblant à une salle d’attente où les résidents dorment, comme devant la télévision, obsessions telles que la recherche d’un téléphone ou la peur d’extra-terrestres, réminiscence de vieux souvenirs tels la rentrée des classes pour Emilio], parfois cruel, et de la drôlerie, sans oublier la musique de Nani GARCÍA, notamment au piano, proche de la musique répétitive façon Philip Gass. D’où des récompenses méritées : mention spéciale au festival d’Annecy en 2012 et Goya 2012 du meilleur film d’animation.