Un film catastrophe, à mes yeux, c’est comme un tabouret à trois pieds (un trépied quoi !) qui doit s’appuyer sur un bon casting, un bon scénario et une certaine crédibilité scientifique. S’il manque un des trois pieds, çà se casse inévitablement la gueule ! Et ils ont rares, les films de ce genre à tenir debout. Celui-là, je suis navrée de le dire, il se casse la gueule quasiment d’entrée et rien, mais vraiment rien ne viendra redresser la situation. Je vais être indulgente et commencer par ce qui fonctionne dans « San Andreas ». D’abord, les effets spéciaux sont parfaitement réussis, çà ne se discute même pas, que ce soit les tremblements de terre et surtout le tsunami qui ravage San Francisco, c’est impressionnant, surtout en 3D. Mais bon, des effets spéciaux qui en jettent, c’est quand même le minimum syndical, non ? Pour le reste, je lui concède une bonne intention, celle d’alerter sur une catastrophe inévitable, celle du Big One qui un jour, c’est géologiquement imparable, ravagera la Californie. En montrant ce qu’implique une secousse de magnitude 9 (destruction des immeubles hauts, chute des baies vitrées, pillages, difficultés à évacuer par la route, incendies et tsunami qui achève le tableau), le film rends compte de ce qui arrivera probablement un jour. Pour ce qui est du reste, je vais être très dure. Déjà, le casting est déplorable. Je dis rarement du mal des acteurs, je suis souvent indulgente avec eux mais là, c’est mal joué de bout en bout et par quasiment tout le casting ! La palme du mauvais acteur revenant au rôle titre Dwayne Johnson, bodybuilder inexpressif, incapable de faire passer une émotion, il joue de manière tellement mécanique que s’en est navrant ! A ses cotés les autres sont à peine meilleurs. A ce petit jeu de massacre, c’est la jeune Alexandra Daddario qui s’en tire le moins mal, avec un rôle de jeune fille entreprenante et futée, ce qui nous change des adolescentes tête à claque qu’on nous sert d’habitude. La réalisation est sans imagination, et quelques scènes sont même indignes du cinéma moderne comme la scène des souvenir de famille avec les photos (et les petits sons atténués derrière…), même dans les mauvais téléfilms on ne met plus en scène ce genre de scène de manière aussi appuyée ! La musique omniprésente et trop forte, elle n’apporte rien sinon un peu d’exaspération au spectateur « Attention, la musique se durcit : çà va re-trembler ! ». Le scénario est indigent, tous les clichés y sont :
le gentil garçon timide mais courageux qui vient en aider à la jeune fille inconnue, le beau-père indigne qui a bien ce qu’il mérite à la fin, le couple en instance de divorce qui se rabiboche dans l’adversité, la jeune fille qu’on réanime in extremis etc…
Ajoutez à çà la petite touche de patriotisme à la fin qui va bien, les répliques imparables déjà entendues cent fois et vous aurez une idée de la catastrophe, bien réelle celle-ci. Troisième pied du tabouret, la crédibilité : Là encore, on n’y est pas vraiment. Si les conséquences urbaines de la catastrophe sont assez bien vues, il y a quand même quelques trucs un peu gros : le barrage Hoover qui n’est pas prévu pour des secousses sismiques (dans l’Ouest des USA, sérieusement ?), ou encore la fameuse faille. Alors, aussi loin que je me souvienne de mes cours de géomorphologie
, une faille ne s’écarte pas de 10 mètres en quelques heures même au cours d’un tremblement de terre de magnitude 9, de quelques centimètres à la rigueur, mais pas au point de créer un fossé béant dont on ne voit pas le fond ! Et non, la Californie ne va pas de « détacher » (dernière image, un effet de caméra éculé vu entre autres dans « Le jour d’après ») du continent en quelques heures ! Le temps géologique est incompatible avec le cinéma Hollywoodien, on peut accepter quelques concessions mais faut pas déconner non plus ! Au final, il n’y a pas grand chose à sauver de « San Andreas », le film de Brad Peyton semble long alors qu’il ne dure que 1h55 et qu’il est censé nous scotcher à notre siège: film catastro…phique plutôt que film catastrophe !