Ce "Lawless" de l’Australien Hillcoat (distribué en France sous le titre "Des Hommes sans loi", et ne pouvant donc être confondu dans notre pays avec le film à venir de Malick, si celui-ci était toujours titré à l'identique quand il sortira) se regarde sans déplaisir, mais aussi sans enthousiasme. Nous sommes en pleine Prohibition (1931), dans un comté rural de Virginie, et il ne sera donc pas question de crime organisé à la Capone, mais de délinquance au départ presque bon enfant (bouilleur de cru est une activité locale traditionnelle, simplement boostée par l'interdiction de produire et faire commerce d'alcool) ne dégénérant vraiment et paradoxalement (règlements de comptes et vendettas diverses, le tout plutôt musclé, voire très violent) qu'avec l'arrivée d'un "special deputy", représentant officiel de l'ordre, en réalité parfaitement dévoyé. L'originalité principale du récit est l'inversion des codes : les "gentils" finalement, ce sont les délinquants, c’est-à-dire les Bondurant (3 frères, dont l'aîné, Forrest, est l'icône du coin à raison d’une baraka exceptionnelle qui lui a permis déjà de survivre à la Grande Guerre dans les rangs du contingent américain et à la grippe espagnole – le film lui donnant encore plusieurs occasions spectaculaires de nourrir sa légende) et le « méchant », c’est Charly Rakes, le « deputy » gominé et ganté, le pire des flics, ripou et sadique. La reconstitution d’époque et la mise en scène sont soignées (tendance académique) et le casting impeccable (Tom Hardy, Shia LaBeouf, Guy Pearce…. Il y a même, presque en « guest » tant son rôle est mince, Gary Oldman, et deux dames, seulement hélas décoratives pour l‘essentiel, Mia Wasikowska en fille de pasteur quaker et Jessica Chastain en transfuge du Chicago interlope). Tirée de faits réels (et d’ailleurs fondée sur les souvenirs de l’un des protagonistes) cette histoire est menée de manière trop sage, trop linéaire, pour passionner (presque 2 heures ici, c’est franchement trop long) : l’épopée attendue manque de souffle et d’imagination.