Film de groupie, certes, "Ai Wewei : Never Sorry" n'en est pas moins un très intéressant et très sympathique portrait de l'artiste/activiste chinois. Bien sûr, on aurait préféré que la réalisatrice Alison Klayman dépasse un peu le cadre du documentaire lambda et que son film se révèle aussi iconoclaste que son sujet. Et puis, non content d'être une belle hagiographie, "Ai Wewei : Never Sorry" nous fait aussi l'éloge de Twitter en tant qu'instrument de démocratie et d'émancipation. Mouais, qui nous dit que les réseaux sociaux ne vont pas bientôt s'aplatir devant les autorités chinoises comme leur copain Google pour pénétrer le marché de l'Empire du Milieu ? Malgré tout le respect qu'on peut avoir pour l'artiste débonnaire (qui emploie une armée de collaborateurs pour réaliser ses œuvres), c'est quand même l'activiste insolent qui a la part belle dans ce documentaire. On suit avec grand plaisir Ai Weiwei s'attaquer aux moulins du parti sans jamais se départir de son sens de l'humour et de la provocation, ce qui amène parfois des situations surréalistes assez poilantes (la police filmant les militants qui filment la police). Hilarant et léger sur la forme, sérieux et tragique sur le fond, la marque des combats qui valent d'être menés. Un bon petit film plein d'espoir, donc, mais il ne faut pas rêver, Ai Weiwei n'est qu'une petite épine dans la patte du dragon. Chiante, certes, mais toute petite. Malgré sa notoriété internationale, ce n'est pas un Ai Weiwei tout seul qui va ouvrir les yeux (de Chimène) d'une partie du monde des affaires (et donc politique) pour qui la Chine représente l'Eldorado : un gouvernement autoritaire envers les individus et bienveillant envers les capitaux, une main-d'œuvre quasi illimitée (et qualifiée !), corvéable et low-cost... l'aubaine ! Et puis la notoriété, ça a des hauts, ça a des bas : il y a deux ans, on remettait le Prix Nobel de la Paix à l'écrivain et militant des droits de l'Homme emprisonné Liu Xiaobo, provoquant ainsi une vague de sympathies, de soutiens et de protestations de la part du monde occidental. Deux ans après, qui se soucie de lui ?