Et dire que j'ai failli passer à côté d'un des chef d'oeuvre de la décennie. En à peine 1h32, Benh Zeitlin, nom à retenir, nous offre un petit bijoux, une perle rare. Servi notamment par Quvenzhané Wallis, ce film (peut-on même appeler cela un film ?) se magnifie dans la qualité et l'invention d'un scénario, d'un thème, d'une idée. La nature, omniprésente nous rappelle immédiatement un Terrence Malick, qui, très jeune, nous servait un Badlands de toute beauté. La narratrice, 6-7 ans à peine, mais déjà féroce, n'est-elle pas une des meilleures actrices de l'année ? Quel film ! Quelle gifle ! Quelle leçon ! Leçon de cinéma tout d'abord, des allusions, des images, une nouvelle façon de tourner, toujours en mouvement, pas trop en gros plan, le tout dans les expressions. Leçon de vie ensuite, un réel retour sur soi, sur notre vie, sur nos habitudes, sur notre société en général. Comment ne pas applaudir cet incroyable tour de passe passe accompli ici par le réalisateur ? Transformer des contraintes de tournage en de réels avantages. Félicitation, monsieur. Il est à parier que nous entendrons à nouveau parler de lui dans le futur, avec sa caméra d'or reçue au festival de Cannes. Un gain qui n'est pas à la hauteur de l'évènement, une récompense qui ne suffit pas. Est-ce là un futur Terrence Malick ? Un futur grand du cinéma américain ? Un futur génie tout simplement ? Modérons nous tout de même... Ce long-métrage est un succès, cela va sans dire, mais Benh Zeitlin sera-t-il capable d'égaler à l'avenir celui qu'il désigne presque ouvertement comme son exemple ? Pourra-t-il devenir son miroir ? Cette gifle, si agréable soit-elle, doit encourager le réalisateur à se surpasser pour son deuxième film, à être un premier pas, qu'il s'agira ensuite de concrétiser. Toujours est-il que je n'ai qu'un mot à dire : bravo.