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Un visiteur
4,0
Publiée le 7 janvier 2013
Alors avant toutes choses et pour dissiper tout malentendus, ces mystérieuses Bêtes du sud sauvage, en fait c’est nous, c’est eux, tout ces laissés-pour-compte d’une Amérique prospère (voir Trème) se croyant bien à l’abris du pire derrière une malheureuse digue marquant lamentablement une nouvelle frontière nord/sud, riches/pauvres, civilisation/sauvage. Bercer par ses réflexions panthéiste et ses appels à une mère absente, nous suivons tout du long la petite Hushpuppy et son père à travers ce qui ressemble fortement à un rude parcours initiatique, une ébauche de film catastrophe et un splendide survival élégiaque. Pur produits d’une région qui les possède et qui également leur appartient (les bayous de Louisiane), ces marginaux ont assimilés comment vivre avec leur environnement, et même si ils occupent de pauvres cahutes branlantes et qu’ils naviguent sur des radeaux de fortune, ils ont appris a connaitre et à aimer la nature qui les entourent, à en vivre, à s’en nourrir même. C’est surement pas la proximité d’une hideuse raffinerie pétrolière ( Deepwater Horizon de triste mémoire), les assauts d’une énième tempête inondant l’intégralité de leur « bassin » (on pense à Noé et son arche) ni même une invasion allégorique d’aurochs issus de la fonte des glaces et soit disant dévoreurs d’enfants, qui va les effrayer plus que ça et réussir à bouleverser le cycle universel d’une vie immémoriale (bayou/jardin d’Éden). Petite production magnifiée à la fois par la fulgurance de ses textes et la liberté d’une mise en scène drapés dans des trucages à la fois naïfs et inventifs, c’est un peu comme si Michel Gondry mettait en image un script de Terrence Malick. C’est en fin de métrage, Hushpuppy se lançant à l’assaut des vagues afin de rejoindre un point lumineux à l’horizon, comme la flamme attirant le papillon, qu’elle retrouve les bras réconfortant de sa mère, cuisinière dans une surprenante maison close flottante (comme un rêve), la trop bien nommée Elysian Fields. Elle en rapportera à son père mourant, un morceau d’alligator pané au gout divin, qui fera naître sur leurs joues les larmes interdite aux gens de leur espèce, héros dignes et vertueux.
Quel film : époustouflant. La jeune Quvenzhané Wallis est une actrice bien prometteuse. Tout y est. La misère et malgré tout une petite fille qui rêve et espère retrouver sa mère dans l'univers qu'elle lui a construit, de ses yeux grands ouverts elle va, à travers une lutte âpre, comprendre combien son père l'aime malgré les apparences, lui qui aura su lui transmettre l'attachement à sa terre et lui aura appris à dominer puis à vaincre sa peur et, enfin, grandir pour être capable d'affronter la mort. La mythologie aussi est présente (le mythe du rapport de l'homme à la nature à travers cette apocalypse qui n'est pas une fin en soi mais une renaissance), Vraiment à ne pas manquer : un bijou.
Une histoire poétique formidablement portée par des acteurs vrais et talentueux. Quvenzhané Wallis est d'une justesse à couper le souffle et parvient sans difficulté à nous faire entrer dans son monde. Loin des paillettes, des effets spéciaux et des studios Les bêtes du sud sauvage est profondément rafraîchissant et nous invite à porter un autre regard sur le cinéma d'aujourd'hui.
Voici un film étonnant qui ne ressemble à rien de connu. A une époque où les cinéastes ont parfois du mal à créer des situations et surtout des atmosphères nouvelles, Benh Zeitlin, jeune cinéaste qui au moment du tournage n'avait pas encore trente ans, a réussi un pari impossible. Et pourtant nulle préméditation apparente, nul désir de donner dans le sensationnel : ce film est un morceau d'humanité et c'est déjà beaucoup. Certes l'évocation de la misère la plus profonde peut être sujette à caution : le réalisateur est-il sincère? Ne va-t-il pas forcer le trait en versant dans le misérabilisme avec violons à l'appui en guise de bande sonore? Eh bien non! Rien de tout cela. Ni misérabilisme, ni violons, ni appel à l'émotion facile. L'histoire de cette petite fille du bayou, Hushpuppy, élevée à la dure par un père qui est loin d'être un ange, nous conduit à partager le quotidien d'un groupe d'irréductibles vivant en marge de la société et toujours sous la menace d'un ouragan dévastateur. Le réalisme est au menu et l'image de ce renard éventré que découvre la petite fille en est comme un terrible symbole. Certes on pourra objecter que le réalisateur nous transforme en voyeurs, ce qui du reste n'est pas nouveau au cinéma. On pourra même éprouver un malaise face à cette misère sans fin, surtout si l'on appartient à la classe de ceux qui ont réveillonné sans scrupule. Mais il est bon aussi de rappeler que les Etats-Unis ne se réduisent pas à l'American Dream, à des orgies de consommation pratiquées au nom de l'argent toujours roi. Ici la catastrophe qu'a vécue La Nouvelle-Orléans est plus suggérée que montrée. C'est que le film est un hymne à la Louisiane et à ses populations miséreuses. Benh Zeitlin est tombé amoureux du bayou et de son existence lacustre. En témoignent bien sûr les images, souvent véhiculées par une caméra mobile, mais aussi la musique signée Dan Romer et Benh Zeitlin où le country le dispute au jazzy. Et puis il y a la petite merveille en la personne de Quvenzhané Wallis qui, du haut de ses six ans, impose sa personnalité tout au long du film. Souhaitons-lui la carrière qu'elle mérite, à condition bien sûr qu'en grandissant elle demeure fidèle à elle-même et ne se laisse pas affadir par des producteurs peu scrupuleux...
Impressionnant de maîtrise pour un premier film : univers sans pareil, entre conte cauchemardesque fantastique et documentaire ultra-réaliste. Vision très personnelle, aux images fortes qui impriment durablement. Une poésie visuelle qui parfois peut paraître redondante ou un peu trop consciente de ses effets esthétiques (qui rappelle les côtés un peu poseur de Innaritu, quand il ne cherche qu'à flatter la rétine), mais une vraie découverte.
Les bêtes du sud sauvage est un film assez magique. Il y a peut-être parmi les plus beaux moments de cinéma qu'on a pu voir en cette année 2012. La séquence introductive est une démonstration merveilleuse de poésie, de cinéma, de tout ce qu'on veut. Quand on pense que c'est le premier film de Benh Zeitliln on se dit timidement que peut-être il va devenir un grand réalisateur. Certains ont trouvé que Les Bêtes du sud sauvage était d'une poésie facile et surtout dangereuse (mettre en valeur ce cadre de vie, un peu genre regardez ils sont pauvres mais sont heureux, et même si c'est difficile ils connaissent la "vraie" vie etc.) Je ne pense pas que le film doive être vu de cette façon. Au contraire, dans son film, Zeitlin ne cherche pas à minimiser la rugosité du cadre qu'il filme, mais il donne une humanité folle à ses personnages, une poésie magique à tout ce qu'il filme. Quvenzhané Wallis est d'une force incroyable à travers tout le film, elle irradie complètement à l'écran. Mais c'est vraiment par sa réalisation que le film brille. Comme si Zeitlin captait des bribes, des moments de vie de ses personnages. On est dans un cinéma qui se veut réaliste et poétique à la fois, c'est intriguant, beau, émouvant et assez fort.
Très ému par ce film imparfait, ce qui fait sans doute aussi son intérêt. C'est du cinéma relativement libre, c'est parfois magique, parfois moins mais cela ne laisse pas indifférent en tout cas, c'est déjà beaucoup. Je retiendrai quelques images qui resteront imprimées dans la mémoire de cinéphile.
Une petite fille de 6 ans vit au cœur du bayou de Louisiane avec son père. La tempête Katerina arrive, Hushpuppy (la petite fille) pense avoir causé ce dérèglement climatique et souhaite tout remettre dans l’ordre des choses. La santé de son père décline. Ce dernier essaie d’endurcir sa fille bientôt orpheline. Elle, de son côté, espère toujours retrouver une mère qui l’a abandonnée à la naissance. Sur fond de désastre météorologique et humanitaire ; ce premier film d’un jeune réalisateur prometteur de 29 ans est un conte initiatique intense et bourré d’énergie. Il exploite à fond la culture cajun, la musique jazz Nouvelle Orléans ou folk cajun toujours présente en fort agréable pour l’immersion dans le monde de ces exclus. Son film c’est aussi « Les misérables » du XXIème siècle dans le pays le plus riche du monde. Cette petite fille vit dans un bidon ville au fin fond du bayou, au bord de la mer ; la crasse, la boue suinte de partout ; on ressent la dureté du lieu. Quelques plans très naturaliste. La relation à son père est d’une cruauté difficilement supportable… mais il l’aime… à sa manière. Elle partage la bouffe du chien et lorsque la pêche miraculeuse lui apporte du crabe au repas, elle le dévore animalement. C’est la Cosette du roman d’Hugo, elle n’a pas d’autre référentiel, elle est donc heureuse de cette vie. La peur de son père la pousse à s’intéresser à nouveau à une mère fantasmée. Tout çà est traité avec beaucoup de poèsie sur le ton de la fable porté par la voix off chaleureuse de la petite fille ; Quvenzhané Wallis (Hushpuppy dans le film) crève l’écran avec son minois hyper expressif. Pour info : elle est la gagnante d’un casting de 4000 gamines. C’est pour la petite histoire, le conte initiatique. Pour la grande Histoire, c’est un pamphlet pour la première puissance mondiale qui laisse croupir les plus démunis dans l’insalubrutié la plus totale de bidon villes immondes. La digue irrigé entre les deux mondes est même l’objet du scandale et de l’exclusion et donc devient l’objet de la lutte contre les puissants. De l’autre côté de la digue, l’Amérique des nantis protégé des effets de la nature et de l’autre côté des victimes. On leur porpose bien de se réfugier derrière la barrière… mais ils aiment leur bayou. Une telle misère : c’est incroyable. Et puis la mauvaise conscience surgit chez les nantis ; mais les habitants du bayou ne veulent pas de cette obole ; car depuis trop longtemps en marge. Un beau film de cette fin d’année, il est aussi le plus primé de cette année 2012… ce n’est pas un hasard ; malgré quelques défauts d’un premier film : la caméra épaule et les plans flous de la première demi heure sont parfois insupportables ; quelques scènes tire larmes faciles surtout lorsqu’un enfant est victime… trop facile Un film néanmoins à voir absolument
A hauteur d'enfant, on vit avec une magnifique petite fille la fin d'un monde déjà déglingué habité par des personnages à la dérive. Ce devrait être désespérant .. mais il en ressort au contraire une énergie et une force extraordinaire. Superbe !
très belle surprise ce film... on a affaire à une description en filigrane de la pauvreté présente dans les pays qui se disent riche... on pourrait même penser que c'est l'ouragan Katrina et ses dégats en louisiane qui ont inspirés ce film... les acteurs sont excellents... quelques moments inutiles qui perturbent sa compréhension globale, mais très bon film quand même...