Après avoir raflé un prix à chaque présentation lors des festivals où il était projeté (Triomphe à Sundance, Caméra d'or à Cannes, Grand Prix à Deauville), affirmer que le premier long métrage du jeune réalisateur de 29 ans Benh Zeitlin était attendu, relève de l'euphémisme. C'est donc dans ce contexte de buzz enthousiaste que débarque dans les salles aujourd'hui, « Les bêtes du sud sauvage », par ailleurs adulé par le président Obama lui même, c'est dire !
Synopsis (source : Allociné) Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s'emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d'aurochs. Avec la montée des eaux, l'irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.
Le jeune New-Yorkais Zeitlin expliquait récemment que c'est au cours du visionnage de « Underground » de Kusturica que lui vint le déclic de faire du cinéma pour « continuer à inventer sa propre réalité ». Bien lui en a pris puisqu'il signe aujourd'hui un premier long sulfureux et très prometteur, qui flirte avec le chef d'œuvre.
À l'heure où fleurissent plus que jamais adaptations, reprises, remakes, et autres sequels, « Les bêtes du sud sauvage » apparaît comme un ovni à la fois naïf et conquérant, souverain, sidérant d'originalité et de créativité. Il célèbre la vie comme un tourbillon d'épreuves auxquelles nous sommes tous un jour ou l'autre confrontés, et fascine par sa démonstration de virtuosité. Car oui en effet, jamais les bayous de Louisiane n'auront été si bien filmés au cinéma. Tout est à déguster dans ces « bêtes du sud sauvage » : de la mise en scène impeccablement maîtrisée (avec comme unique reproche une caméra peut être parfois trop mouvante) aux ficelles d'un scénario poétique, écrit par Zeitlin et son acolyte féminin, Lucy Alibar, et riche en thématiques matures (transmission morale d'un père à sa fille, affrontement de catastrophes naturelles, respect de la faune et la flore terrestre), rappelant par moments les fables du japonais Miyazaki.
Transcendé par une sublime B.O composée par Zeitlin lui-même (décidément sur tous les fronts sur son bébé), aidé de Dan Romer, cet hommage à la terre outragée doit énormément également à son actrice principale, Quvenzhané Wallis, absolument géniale dans le rôle (difficile) de l'enfant Hushpuppy, qui, du haut de ses 9 printemps à peine, est la vraie révélation du film. D'autant plus quand on sait à quel point le casting de la perle aura été difficile si l'on compte les 4000 enfants auditionnés lors de la pré-production du long métrage, rien que ça ! Son parcours ne doit d'ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin puisqu'elle a été engagée depuis par Steve McQueen (III), le réalisateur de « Shame », pour la distribution de son nouveau bijou, « Twelve years a slave », et doit graviter par conséquent autour de Brad Pitt et Michael Fassbender. Une prouesse pour une comédienne encore inconnue il y a quelques semaines. Le personnage qu'elle incarne ici représente à la fois l'innocence et la naïveté, mais aussi la compréhension du danger et la force de caractère, traits de personnalité inculqués par sa propre figure paternelle.
Bilan : Un bouche-à-oreille porteur aura permis au film universel de Benh Zeitlin d'atteindre à raison le cœur des critiques et d'envisager pourquoi pas quelques prestigieuses statuettes aux grandes cérémonies internationales à venir.