Faute à la boulimie de la télé, les bons policiers sont aujourdhui denrées rares au cinéma. Corneau, la preuve justement, se réduisant même à tourner un remake superflu du Deuxième Souffle (Lino Ventura sen retourne dans sa tombe). Mais on le sait, ce nétait pas le cas entre 1955 et 1980. Cette période avantageuse nous permet désormais de savoir au préalable à quels polars faut-il jeter un il plus attentif. Aisé pour notre propre plaisir bien sûr, moins pour que nous en donnions un avis plus juste et honnête, fatalement.
Ceci dit, il faudrait être sacrément malhonnête pour ne pas reconnaître que Police Python 357 (1975) sort du lot. Le mécanisme du récit, le soin et lesthétisme sy référant, démontrent que Corneau, lui qui navait pourtant quun seul et moyen film à son actif (France, société anonyme, 1974), maîtrisait déjà son sujet. Pas surprenant quYves Montand, alors au faîte de sa gloire, son épouse Simone Signoret, et le glorieux François Périer se laissèrent convaicre par laventure de ce réalisateur cinéphile, ex-assistant de Costa Gavras et adepte de Fritz Lang et de Jean-Pierre Melville. Dautres éléments, dordre psychologique (des personnages) voire géographique (le choix du lieu, atypique, Orléans) agrementent cette fiction haletante qui na pris la moindre ride, même si certains devront se montrer indulgent avec lépoque (Peugeot 404, cabines téléphoniques
).
Mais tout comme dans Le cercle rouge ou le Dernier domicile connu, la perfection perdure tout au long du film, ne perdant rien de son suspense. Quelques rares voix se sont élevées contre une fin accélérée, mais ce nest pas clairement justifié. Corneau entrait, cette fois, bel et bien dans la cour des grands et ignorait encore quil allait réaliser trois autres perles noires consécutives, La menace (1977), Série Noire (1979) et Le Choix des Armes (1981). Des films (ou des Dvd) à conseiller à la jeune génération, probablement moins bien influencée par ses plus récents