Le réalisateur Yariv Horowitz avait lui-même été enrôlé dans l'armée israélienne, appelée aussi Tsahal, lorsqu'il était plus jeune, à la manière des personnages de son film Rock the Casbah. Il raconte : "Enfant, j’ai toujours été fasciné par les films de guerre. Cette attirance s’est confirmée quand j’ai grandi et commencé à comprendre la situation politique dans laquelle je vivais. Quand mes amis et moi nous sommes retrouvés enrôlés, en uniforme de l’armée, j’ai commencé à vraiment comprendre l’idée de la perte de l’innocence."
L'équipe du film Rock the Casbah n'a pu obtenir que 22 jours de tournage sur le terrain. Yariv Horowitz a dû s'adapter en conséquence. De fait, sur chaque séquence, il ne dirigeait que les acteurs, laissant ainsi son chef opérateur plus libre de ses mouvements : "C'était la meilleure façon de donner au film l’aspect proche du documentaire qui fait sa dynamique...", explique le réalisateur.
Le film joue sur un effet sonore important ; la répétition de l'appel de "La voix de la paix", une station de radio créée et dirigée par l'activiste pacifiste Abie Nathan, décédé depuis. Un élément essentiel dans Rock the Casbah : "Je me rends compte combien il est triste qu’aujourd’hui nous n’ayons plus de vrais idéalistes, comme Abie Nathan l’était, qui croient en la paix, et croient que l’éducation, l’apprentissage de la tolérance est le seul moyen d’éviter que la situation n’empire", commente Yariv Horowitz.
Le film n'a pas vocation à défendre un camp plus qu'un autre. Le but est avant tout de rendre compte de l'absurdité du conflit à travers la vision de quatre jeunes soldats israéliens. Rock the Casbah reprend le point de vue de David Grossman, dans l’introduction de son recueil d’essais "Death as a way of life" : "Profondément enfouis au plus profond de l’âme de chaque Israélien et de chaque Palestinien, il y a l’intime conviction que ce terrible conflit, finalement, est futile". Yariv Horowitz se souvient de son temps passé dans l'armée, une époque qui ne peut que l'inciter à aller dans ce sens : "De mon expérience dans la bande de Gaza j’ai retenu la sensation qu’il y avait autant de haine que de points communs, et je me rappelle de situations où personne ne comprenait plus vraiment ce contre quoi il combattait", explique le metteur en scène.
Comme plusieurs autres artistes, Yariv Horowitz tente de changer la situation dans son pays par le biais de ses films. Il est question pour lui d'une obligation liée à son métier de cinéaste. Il essaye de soulever des débats et de provoquer la réaction du spectateur pour qu'il réfléchisse à la question générale du conflit. C'est aussi ce qu'il compte mettre en place dans son prochain long métrage qui se centrera sur la troisième guerre mondiale...
Rock the Casbah a fait réagir la presse israélienne, de droite comme de gauche, et avec, fatalement, deux points de vue différents. Yariv Horowitz, lui, préfère poser la question suivante : "Peut-être que la façon dont on croit ou pas à ce qui ressemble plus à un cauchemar qu’à un conte de fée nous positionne finalement ?"