La célèbre trilogie littéraire pour jeune public, Hunger Games, devient au cinéma une quadrilogie. De fait, ce troisième chapitre filmique, intitulé la révolte, première partie, souffre d’un sérieux syndrome de remplissage économique. Le film de Francis Lawrence, qui rempile à la suite du précédent volet, fait office de tampon entre les deux premiers chapitres, rythmés voire même bien réussis, et un final que l’on attend à la hauteur du succès de la franchise. Conséquence, le film est tout simplement raté. Bâti sur les vestiges des participations de l’héroïne aux deux précédents jeux sanglants, ce troisième film tente tant bien que mal de nous préparer à la vraie révolte, qui ne vient pas ici. On construit ici la propagande nécessaire au soulèvement, Katniss étant érigée au rang de prophète face au Capitole. Mais celle-ci veut-elle réellement devenir le symbole de cette révolution? Voilà en somme l’unique question que se posent les scénaristes de ce volet dispensable d’un point de vue artistique mais essentielle d’un point de vue économique.
Nous n’y sommes peut-être plus vraiment, à l’image d’une Jennifer Lawrence qui semble ici faire de la figuration, à contrario de ses précédentes interprétations sur la franchise. Si même l’actrice principale du métrage semble ne pas trop y croire, du moins semble s’embêter sur le plateau, difficile pour nous, public, de ne pas avoir l’impression de passer pour des pigeons. Oui, en dépit des efforts de mise en scène, en dépit des moyens investis dans la production, en dépit des présences de quelques pointures dont Julianne Moore et Philip Seymour Hoffman, dont c’est la dernière apparition, le film ne captive jamais. Lent, pompeux, moraliste, présomptueux et jamais intense, cette révolte en mode première partie n’est jamais à la hauteur des deux précédents films. C’est sans aucun doute la faute du format commercial qui divise la conclusion de cette saga en deux parties. Evidemment, l’échec de celui-ci prétéritera la suite et fin de l’aventure des districts de Panem et d’une héroïne très convaincante si l’on tient compte de son public cible.
Jusqu’alors, Hunger Games était clairement la meilleure franchise destinée aux adolescents au cinéma. Dès visionnage de ce troisième chapitre, la donne change. La bonne saga adolescente devient du coup un pur produit de marketing, un produit de gavage qui commet l’erreur de prendre son public pour une poire. Les fans de toujours pardonneront sans doute l’écart de la production, mais les curieux qui ne font que passer risque fort bien de ne plus espérer grand-chose en novembre 2015. Dommage. Oui, en dépit de ce que l’on pourrait en dire, les deux premiers films, à la fois brutaux et immatures, étaient d’excellents divertissements, et ceux-ci méritaient une meilleure suite, du moins, un final digne de ce nom.
Voilà en gros un Blockbuster futile, un film strictement commercial qui fait un mal accablant à la franchise dans son ensemble. Navrant d’en arriver à cette démarche alors que le potentiel était certain. On ne peut finalement reprocher grand-chose aux comédiens, au metteur en scène ni même réellement aux scénaristes. C’est bel et bien les producteurs qui tuent la franchise en livrant un film sans saveur, sans âme, sans démonstration des atouts précédemment exposés. Il est décidément loin le temps où l’on se réjouissait de voir des adolescents s’affronter dans l’arène. 05/20