Chef-d’œuvre ! Chef d’œuvre du genre !
Quelle claque, quel bonheur, quelle merveille. Je crois que jamais dans mes rêves les plus fous, je n'aurai pu espérer que l'adaptation des Hunger Games soit aussi exceptionnelle et réussie, ni qu'elle prenne une telle ampleur. Pour une réussite, quelle réussite ! Il m'aura fallu près de douze heures après la projection du film, pour en sortir enfin, mais avec pour seule envie, de le revoir déjà.
Ce troisième volet ne souffre d'aucune imperfection et annonce un épisode final d'anthologie ! Tout est là, toute la lie du bouquin, toutes les pièces se mettent en place dans ce troisième volet, et bien évidemment un spectateur lambda qui n'aura pas lu le livre et ne connaît donc pas la fin, pourra aisément passer à côté de tout un tas de choses. C'est d'ailleurs ce qui est rageant ici. Ce troisième film semble déjà être totalement indissociable du prochain. Les deux films ont été conçus ensembles, et il apparaît évident que les scénario de l'un et de l'autre seront complètement emboîtés. De ce fait, il y a plein de petites choses dans ce film (dialogues, gestes, regards, silences, symboles) qui prendront de l'importance dans le prochain, à condition pour le spectateur lambda de ne pas les avoir oubliées durant les douze (trop longs) mois qui nous séparent du dénouement.
Ce troisième film est un régal, car il marque des points là où les deux autres en perdaient, il prend son temps : le temps du développement, le temps de la mise en situation, le temps de laisser l'étau se resserrer, le temps de laisser la révolte se déchaîner. Ceux qui viendront y chercher du pan pan boum boum, repartiront bredouille. Dans cet opus, le temps est à la politique, à la communication, tout comme dans le livre, cette partie de l'histoire est en totale rupture avec le reste, c'est un moment suspendu dans lequel chaque clan prépare la bataille finale. L'une des force de ce film c'est son scénario, l'écriture est parfaite, le cheminement du récit tient la route, la situation initiale et la situation finale jouent excellemment leur fonction et le jeu de correspondance entre les thématiques et les situations fonctionnent très bien. L'évolution de l'histoire est progressive, sans coupure ou longueur.
De ce fait, Francis Lawrence confirme son talent et son ambition. Il confirme sa capacité à adapter avec une fidélité exceptionnelle (la scène de l'hôpital, la scène du bunker, les retours dans le district 12, etc, ces scènes sont exactement telles qu'elles sont décrites dans le livre, avec la même intensité et la même dramaturgie), tout en prenant ci et là, quelques judicieuses libertés qui ne froissent en rien l’œuvre d'origine. La réalisation, la mise en scène, sont impeccables, prenantes et oppressantes. On sent dans chaque plan, l'envie du réalisateur de livrer en finalité, un produit qui ne soit pas qu'une adaptation mielleuse et sans risque (n'est-ce pas Gary Ross, réalisateur du premier et pire volet de l'actuelle trilogie !), mais une véritable œuvre de cinéma, s'inscrivant ainsi dans la lignée d'un Peter Jackson et de son travail sur les SDA. Francis Lawrence avait déjà sauvé la franchise d'un catastrophique naufrage cinématographique après l'affligeant premier volet, en revalorisant l'univers et le contenu (phénoménal) des livres de Suzanne Colins dans un deuxième volet spectaculaire. Avec ce troisième film, il classe définitivement son œuvre dans la catégorie des grandes adaptations. Tout est soigné, les décors, les costumes, la musique, le montage, et donnent à l'ensemble cette qualité quasi parfaite. Comment peut-on s'ennuyer devant ce film ? Cela restera un mystère pour moi qui n'aie pas vu le temps passer et qui serait bien resté trente minutes supplémentaires.
Encore une fois, la meilleure réussite de cette adaptation, c'est elle, la grande, la sublime, la parfaite, Jennifer Lawrence. Personne n'aurait pu livrer une meilleure Katniss qu'elle ne le fait. Elle a le talent extraordinaire de ne pas interpréter mais d'incarner à la perfection, dans chaque geste, chaque regard, chaque souffle, elle est précisément comme la Katniss du livre. Dans ce troisième volet, qui se joue longuement sous terre, à chaque fois que Katniss sort dehors, à l'air libre, à l'air frais, Jennifer Lawrence parvient systématiquement à faire ressortir le sentiment de liberté et le besoin de fraicheur de son personnage, sans ne jamais avoir une seule réplique à dire à ce sujet ! Quel talent.
Mais la force d'un premier rôle au top, c'est de pouvoir compter sur des partenaires exceptionnels. Et question casting, nous sommes servis de mets de choix. Comment ne pas évoquer l'immense interprétation de Philip Seymour Hoffman, un peu sous employé dans le second film, mais trouvant ici enfin toute la place nécessaire à son gigantesque et regretté talent. Julianne Moore, ne démérite pas non plus et livre comme à l'accoutumée une prestation parfaite. Autre nouvelle arrivante, Natalie Dormer qui est la Cressida que je m'imaginais. Et puis l'on retrouve avec plaisir Liam Hemsworth, Josh Hutcherson, Woody Harrelson, Elizabeth Banks, Sam Claflin, Jena Malone (quoique brièvement) et Donald Sutherland qui sont tous toujours aussi bon dans leur rôle respectif et livrent de formidables prestations. Mention spéciale à la jeune Willow Shields (Prim) qui est parfaite et enfin prête à prendre toute la dimension future de son personnage.
Bref, le réalisateur est toujours au top, le casting est plus que jamais au sommet, la musique toujours aussi belle, la photographie, les costumes, les décors, le montage sont aux diapasons. La première partie de cette révolte est brillante, complète et réussie; elle annonce merveilleusement bien la deuxième partie qui sera, je n'en ai aucun doute après avoir vu ce troisième film, le point d'orgue d'une formidable adaptation cinématographique (en excluant le premier film qui est franchement raté). De quoi prendre encore plus de hauteur sur les adaptations de Narnia, Percy Jackson, Twilight et même certains épisodes de Harry Potter, dont Hunger Games vient très largement de se démarquer.
Hunger Games : La révolte partie 1, aura plus de mal à séduire, les adeptes d'un genre qu'ils ne retrouveront pas ici. Ce film, que certains média vendent encore comme un film pour adolescent, faut-il être sot, est une œuvre de réflexion sur la politique, la propagande et le pouvoir, où toutes les informations ne sont pas livrées clef en main, où les silences en disent autant que les mots, et où la violence se peint en toile de fond, récurrente et CRESCENDO.
Pas étonnant donc, que dans nos sociétés d'assistés permanent, où s'il n'y a pas une explosion toutes les cinq minutes, les spectateurs s'ennuient ferme et se reportent sur leur sachet de friandises dégueulasses, que ce film ait plus de mal à embarquer le pauvre bougre qui était venu là pour s'en foutre plein les yeux autant que plein la panse.
"Prim dis quelque chose"...oui Prim, dis quelque chose !
Pour conclure : vivement le quatrième et dernier film qui s'annonce triomphalement sous les meilleures auspices.
Merci Jennifer et merci Francis...les LAWRENCE sont dans la place !