Il est assez amusant de tirer un parallèle entre les derniers Gondry et Jeunet, avec la conclusion que ces deux "créateurs" d'univers bien à eux sont largement plus à l'aise dans l'artisanat simple, fait de bric et de broc (leurs premiers films), que dans l'industrie lourde de l'adaptation d'un matériau littéraire avec des tonnes de gimmicks inutiles à leur disposition. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet n'est pas aussi catastrophique que L'écume des jours mais peu s'en faut. Pour une fois, la 3D ne semble pas un ajout superfétatoire, elle donne un petit aspect ludique et inventif à une narration terriblement laborieuse dans sa première partie monotone et hautement convenue pour toucher à l'émotion dans sa deuxième. On cherchera vainement une véritable exploration des thèmes du deuil et de la culpabilité, pourtant censés être le coeur du sujet, dans ce joli livre d'images animé. Le jeune acteur qui interprète T.S. est une vraie tête à claques, surdoué aux allures de singe savant avant de redevenir un gosse en quête d'amour. Mouchoirs SVP. Jeunet a dû se demander s'il devait réaliser un film pour enfants ou pour adultes. La réponse est sur l'écran : ce n'est ni l'un ni l'autre.
« Micmacs à tire-larigot » le dernier film de Jeunet avait reçu un accueil très mitigé, le public lui reprochant de tourner en rond sur ses artifices de mise en scène, danger qui guette tous les réalisateurs à l’univers très personnel au sein desquels on peut aussi ranger Wes Anderson, Guillermo del Toro ou Tim Burton. Il se mit en quête d’une adaptation, renonçant à écrire à partir d’une idée originale , recette qui lui avait pourtant assuré ses plus gros succès (« Delicatessen », « L’univers fabuleux d’Amélie Poulain »). C’est donc un roman pour enfants très récent (2009) écrit par Reif Larsen un jeune écrivain américain qui lui a été proposé par son fidèle complice le scénariste Guillaume Laurant. Jeunet en professionnel averti trouve là le support idéal pour coller son imaginaire à une histoire ayant déjà recueilli l’approbation du public. Il est clair que les moyens exigés par le réalisateur pour ses films ne lui autorisaient pas deux échecs successifs. On est donc embarqué dans l’histoire de ce jeune surdoué qui ayant inventé le mouvement perpétuel est invité par le prestigieux Smithsonian American Art Museum of Washington pour y donner une conférence publique suite à l’attribution de son prix annuel. Le problème est que le bambin est seulement âgé de dix ans et qu’il habite un ranch perdu au nord des Rocheuses coincé entre une mère entomologiste absente et un père qui se rêve l’incarnation de Buffalo Bill. Le film scindé en deux parties bien distinctes nous dépeint dans un premier temps le milieu familial du jeune Spivet et sa difficulté à s’épanouir au sein d’une famille traumatisée par la mort de son frère jumeau lors d’une expérience de TS Spivet ayant viré au drame. Cette mise en bouche franchement longuette donne une image assez agaçante du jeune prodige dont Jeunet se plaît à illustrer à foison les inventions et traits de caractères par le recours à ses facéties visuelles habituelles qui nous font penser que décidément il n’a pas bien digéré la leçon de « Micmacs à tire-larigot ». Heureusement la deuxième partie qui emprunte les rites traditionnels du road movie à l’américaine avec sa traversée du continent en train de marchandise est beaucoup plus aérée et digeste, permettant à Jeunet de montrer sa virtuosité technique (le film est en 3D) grace au rendu magnifique des paysages tout en rythmant davantage son récit notamment avec le choc provoqué par l’arrivée du jeune Spivet à l’académie. Le seul problème reste malgré tout que ce produit formaté certes fort agréable à certains moments ne montre pas une évolution nette de la démarche artistique de Jeunet dont on attend peut-être trop désormais.
Passé outre ce titre à rallonge qui rebute de prime abord, Jean-Pierre Jeunet nous fait la promesse solennelle d'une authentique séance d'évasion. L'histoire de cet étrange inventeur des temps modernes est une invitation au voyage. Une traversée improvisée des États Unis avec seulement dix années d’insouciance dans le baluchon, ça n'est pas rien. Ce génie juvénile est un personnage que l'on affectionne au premier coup d’œil, tant par son vécu atypique que par son humilité sous le feu des projecteurs. La gloire n'est pas son unique moteur, loin de là. Il aspire simplement à apporter sa petite contribution aux rouages de la science. Quelque chose d'aussi conceptuel que la machine à mouvement perpétuel serait une véritable révolution technologique, là où tout ou presque, a déjà été inventé. Du haut de ses dix ans, T.S. Spivet affronte seul le grand monde et ses vautours, armé de son intelligence et sa sensibilité. C'est une preuve de courage insensée autant que de détermination. Scénaristiquement irréprochable, Jeunet s'inspire en grande partie du roman de Reif Larsen en y apportant sa touche personnelle et sa narration lyrique. Inventif, drôle, et photographiquement parfait. Mention spéciale pour la prestation troublante de réalisme de Kyle Catlett, un jeune prodige en devenir qui n'a pas finit de faire parler de lui. Une aventure on the road à ne surtout pas manquer. Grandiose. 4,5/5
L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est une jolie fable signée par Jp Jeunet. La comédie est drôle, tendre, loufoque, extravagante...Le film raconte l'histoire d'un jeune enfant surdoué du Montana hanté par la mort accidentelle de son frère jumeau dont il se croit responsable. Il est l'inventeur de la machine à mouvement perpétuel et devient ainsi l'invité d'une institution scientifique. Celle ci l'invite à recevoir leur prix annuel. Le gamin décide de partir seul et sans prévenir. Le voyage de ce petit garçon est très sympathique. L'ensemble est fantaisiste, tendre et mélancolique, dans la veine d'Amélie Poulain. On est devant un joli livre d'images, ou une série de cartes postales. Deux scènes viennent entacher la comédie, la rencontre avec Deux nuages et l'espèce de parodie d'émission tv à la fin du film.
Le jeune Kyle Catlett est attachant, il joue à la perfection ce petit génie. Il est adorable. Helena Bonham Carter en mère "absente" obsédée par ses insectes est parfaite, meme chose pour Callum Keith Rennie, en père bourru et avare de paroles et de démonstration d'amour.
L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un joli film fantaisiste, l'humour y est décalé et la tendresse toujours présente... A voir en famille...
On y voit avec plaisir la signature de JP Jeunet (d'ailleurs ceux qui ne sont pas fans auront du mal avec son univers)
Un jolie conte avec la patte de Jeunet à la réalisation : ça fonctionne. Un peu plus sobre que d'habitude, Jeunet équilibre bien la forme et le fond. A noter : un générique de fin léché qui donne envie de le regarder. Un exemple à suivre.
« L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet » de Jean-Pierre Jeunet m’a déçu ! Si la photo est excellente et a été à juste titre primée (César 2014), l’histoire est peu crédible et même assez lourde, et d’avancer dans ce road-movie à travers les Etats-Unis tel un rouleau compresseur sans grande surprise et avec beaucoup de longueurs. Je n’y ai pas retrouvé la finesse de la verve créatrice et poétique du Jean-Pierre Jeunet de « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » (2001) ou de « Un long dimanche de fiançailles » (2004). T.S. Spivet (Kyle Catlett) en devient même exaspérant avec sa voix off trop présente. Même si on est content de retrouver Dominique Pinon dans le rôle de Deux Nuages… je ne sais pas pourquoi mais le courant ne passe pas dans ce film… dommage.
Dur de critiquer le dernier Jeunet qui semble vouloir bien faire et qui nous livre de très belles images de l'Amérique. Malheureusement difficile de s'intégrer dans cette famille qui ne nous en laisse pas la place, on assiste en spectateur extérieur à cette histoire au fil rouge très mince sans jamais être passionné. Ce qui en fait un film plat mais non dénué d’Intérêt, surtout par ces trouvailles visuelles et le jeu d'Helena Bonham Carter plutôt touchante dans son rôle.
Une très jolie histoire servie par de belles images et d'excellentes idées de mise en scène, comme toujours dans les films de Jean Pierre jeunet. Un scénario qui manque de rebondissements mais qui nous touche par son émotion.
La patte Jean-Pierre Jeunet est bel et bien présente, autant dans l'esthétique que dans la réalisation. Cette épopée, simpliste, il faut l'avouer, à travers les Etats-Unis n'en reste pas moins plaisante, d'autant que les acteurs s'en donnent à coeur joie.
Un début de film porté par des longueurs interminables. De quoi vous faire décroché du film. La suite de film est de meilleur facture. Bonnes performances de l'ensemble du casting. C'est mitigé au final, le potentiel est présent mais pas forcément bien exploité... Dommage
Certes, l'histoire est mignonne, agréable et mélancolique. Certes, les personnages sont sympathiques et attachants. Certes, on retrouve la patte de Jeunet quant à la qualité des images "très polaroïd", soulignée par une très jolie 3D. Cependant, le film est trop souvent surjoué et on ne retrouve ni les ambiances glauques, ni les personnages torturés et complexes, ni les situations abracadabrantes qui ont fait le succès des films précédents. Les situations sont trop simples, le film trop linéaire voire trop facile. On a l'impression que Jeunet ne s'adresse plus à son public habituel et le film semble être un "Jeunet light" pour public américain. Surement le moins bon de tous ces films. Décevant.
Voyage peut-être pas vraiment extravagant mais charmant et émouvant. Jeunet est l'un des rares cinéastes français à ne pas perdre son âme aux Etats-Unis. Il filme merveilleusement les paysages américains et sait filmer les choses et les personnages avec humour et originalité. C'est tout le charme de ce film.