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Patrick Braganti
93 abonnés
425 critiques
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4,0
Publiée le 31 janvier 2013
Dès le plan inaugural, dans un village de Biélorussie où a lieu la pendaison de trois saboteurs, on est saisis par sa magnificence, les mouvements lents d’un plan-séquence méticuleux qui installe directement une atmosphère de méfiance et d’oppression qui enveloppera les deux heures à venir. Dans la brume subjugue par sa construction et sa mise en scène. Articulé autour de trois personnages (le traître supposé et les deux soldats mandatés pour l’exécuter), le film recourt également à trois longs flashbacks s’intéressant au passé récent du trio et apportant du coup un autre éclairage. Pris dans les filets d’un conflit qui les dépasse et dont ils sont les victimes expiatoires sans en avoir réellement conscience, les trois hommes doivent se débattre, dans leur propre existence éphémère et miséreuse, avec des questions de morale et de culpabilité. C’est exactement là qu’intervient la mise en scène élégiaque et majestueuse, constituée de longs plans qui semblent suspendre le temps et rendre inutiles et indécentes les paroles. Plus que dans des dialogues réduits à la portion congrue, elles servent aussi aux monologues interrogatifs et perplexes des égarés au milieu d’immenses forêts, décors aussi bien protecteurs qu’anxiogènes. Au pied d’arbres sans âge, cernés de bruits divers et menaçants, le trio tente de s’arranger avec les faits et sa conscience. Celui qui ne veut pas qu’on retienne de lui qu’il aurait pu trahir ira jusqu’à sauver son bourreau. Innocents et rustres, ces hommes sont inévitablement des figures dostoïevskiennes au sens le plus noble du terme dans ce mélange de brutalité et de noblesse. Une histoire éternelle de remords et de rédemption qui confine ici au sublime et touche par moments à la grâce, amplifiée par la splendeur crépusculaire des paysages et tout autant par celle d’une photographie somptueuse, magnifiant la misère crasse de ses personnages. Au cœur des forêts hivernales plongées pareillement dans le brouillard et l’horreur, se joue le destin funeste et grandiose de trois ‘idiots’ en chemin vers la sagesse et la réconciliation.
Eprouvant et admirable, d'une très grande beauté visuelle et servie par une des meilleure bande son qu'il m'ait été donnée d'entendre depuis longtemps. Un film qui mérite vraiment qu'on s'y attarde. Rappelons quand même que le cinéma, à l'Est, n'a pas qu'une identité qui serait restée figée depuis Eisenstein. Il serait plaisant que parfois les distributeurs français soient plus audacieux et ne se limitent pas à nous servir des films pour cinéphile en mal d'image d'Epinal...
Mise en scène assez impressionnante, le tout premier plan séquence en est un exemple. Une image formidable, contres jour nocturnes avec la lune. Bruits de la forêt subtilement transmis. Des personnages taciturnes qui laissent du temps aux silences. Casting réussi, avec des acteurs très crédibles. J'ai beaucoup aimé cette histoire fournie de tensions typiques des temps de guerre. Très fort; hautement recommandé.
2 ans après "My Joy", un premier long métrage en forme de coup d'éclat, l'ukrainien Sergei Loznitsa nous propose un deuxième film tout aussi réussi. Un film de guerre aux antipodes de ce que nous propose (actuellement) le cinéma hollywoodien, un film prenant, aux images somptueuses, à la mise en scène d'une grande virtuosité, à la construction particulièrement intelligente. "Dans la brume" apporte un éclairage neuf sur des problèmes moraux vieux comme le monde. On peut dorénavant être certain que Sergei Loznitsa fait partie des plus grands réalisateurs de notre époque. Voir critique complète sur www.critique-film.fr