Il y a plus de 30 ans que j'essaye de ne pas rater les docus qui sortent sur Brassens. En 30 ans, je n'en ai vu qu'un, ici à Sète, qui était digne du poète. On y voyait certains de ses amis Sètois qui le chantaient, submergés par l'émotion...un grand film !
J'ai eu la chance de voir le film de Sandrine Dumarais en avant première, à Sète, un moment magique...inoubliable !
Et bien, "Le regard de Georges Brassens" est de la même veine, enfin même plus... beaucoup plus ! Les réalisateurs, j'en sais quelque chose, ont souvent un ego...quelque peu développé...et se mettent souvent en avant. Il n'y a qu'à regarder la télé pour se désoler devant ces ego qui s'étalent à la une, pour se servir de leurs sujets, dégoulinant de prétention.
Rien de tout cela avec Sandrine. Elle s'efface totalement pour nous servir un Brassens...bien plus qu'émouvant, bien plus que talentueux, un vrai Brassens, tout entier fait de pudeur et d'extrême modestie et de génie évidemment et...un vrai cabot devant sa propre caméra (tout comme sur scène d'ailleurs) ! Pour moi qui traque ces images depuis des lustres, j'en connaissais beaucoup, mais de nombreuses sont inédites, et surtout l'écriture, le choix des images, des interviews, le montage...du grand art ! J'ai totalement oublié que j'étais au cinema...je partageais soudain avec cette salle silencieuse le bonheur secret d'une humanité grandiose, de ce que des hommes comme Brassens, et il y en a si peu, apportent à l'humanité toute entière.
Brassens aurait-il apprécié de voir ses films, si intimes, montrés en public ? D'abord, ces films n'ont pas été pris à son insu, puisqu'il se filme lui-même à plusieurs reprises. Ensuite, ils ne nous dévoilent surtout que la pudeur de leur auteur et la simplicité de ceux qui ont partagé sa vie, et enfin, quand des journalistes indélicats lui posaient des questions indiscrètes il leur répondait : "Mes chansons contiennent plus que ce que je dis, c'est elles qu'il faut interroger en les écoutant mieux. Je suis tout entier la dedans, montré et caché." Et quand on écoute bien ses chansons et que l'on connait un peu sa vie (Les quatre bacheliers, La non-demande, Les Trompettes de la renommée, La Supplique...) il s'y dévoile bien d'avantage que Nabila dans Gala. Il est vrai que la pauvre fille n'a pas grand chose d'intéressant à dévoiler !
Merci à tous ces fêlés, du producteur au distributeur et bien sûr à la réalisatrice, Sandrine, pour ces intenses moments de bonheur !
Je finirai avec ces mots empruntés à cet autre très Grand : "J'insiste sur le sourire de Brassens, c'est le plus beau sourire d'homme que je connaisse !" Jacques Brel
Un sourire qui passe avant tout par le regard...
Merci encore,
Alain