La célébrité est sans nul doute à l’heure actuelle l’une des plus grandes convoitises contemporaines, quitte à ce que cela en devienne ridicule, peu importe, tant que la notoriété est au rendez-vous. C’est dans ce contexte que nous évoluons de nos jours. La soif de célébrité grandissante chez l’être humain pousse constamment le fanatique à dépasser les frontières des relations qui l’unissent à la star. Brandon Cronenberg s’interroge avec Antiviral sur l’évolution de ces rapports d’ici quelques années. A travers ce film d’anticipation, à la fois intriguant et dérangeant, le jeune réalisateur pose une problématique, pour le moins intéressante : Jusqu’où l’être humain serait-il prêt à aller pour devenir la star qu’il admire ?
Un sujet laissant libre court à l’imagination du fils prodige, qui tend toutefois à s’inspirer des œuvres du père pour créer cet univers si particulier. Il faut savoir que ce film n’est nullement conforme avec ce que nous avons l’habitude de voir à l’écran, l’objectif ici étant de tout faire afin que le spectateur se sente mal dans sa peau : Les décors froids, les musiques anxiogènes, les gros plans sur les injections, et la prestation de Caleb Landry Jones, dont la justesse de l’interprétation mérite que l’on y accorde un tant soit peu d’intérêt par la suite. Car oui, le protagoniste, présent sur la quasi totalité des scènes, participe, par le biais de ses diverses transformations, à faire d’Antiviral un véritable film d’horreur. L’action se situant dans un futur proche, il est possible de se questionner sur l’avenir de l’Homme dans cette société, qui ne se résumerait, selon le réalisateur, qu’à une nouvelle forme de cannibalisme, auquel on ajouterait la futilité du progrès technique.
Comme une satire du néo-capitalisme, Brandon Cronenberg dénonce et attaque la stupidité du système, en poussant à son paroxysme l’idée qu’un être humain puisse vouloir s’injecter des maladies de stars prélevées à la source, afin se se sentir au plus proche de leur quotidien. L’avancée technologique ne semble pas inquiéter outre mesure, et c’est la raison pour laquelle elle doit être considérée comme une menace pour l’Homme. Après tout, il est bien possible, à l’heure actuelle, de créer de la viande à partir de cellules musculaires. Qu’est-ce qui nous empêcherait d’en créer un commerce par la suite ? Bien que les exemples ne manquent pas pour souligner la précédente thèse, le film a parfois tendance à se perdre dans un schéma narratif trop abstrait pour ce qu’il cherche à démontrer réellement : L’intrigue centrée autour d’un seul personnage crée des dérives, et se trouve de ce fait en proie à la confusion. Fort heureusement, il ne s’agit là que de petites baisses de régime, celles-ci ne dénaturant en rien le traitement proposé de manière globale, surtout à la vue du final, qui restera pour ma part l’un des plus marquants visuellement, tous genres confondus.
Quoi que l’on puisse dire ou penser du parti pris que propose cette œuvre, le désir pour Brandon Cronenberg de sortir des sentiers battus est louable. Le résultat se manifeste par une certaine hétérogénéité facilement décelable, néanmoins le sujet traité tient la route, et ce malgré ses quelques petites maladresses. Un bon premier film globalement, qui saura ravir les inconditionnels du cinéma de papa.