"Rengaine" est, à l'instar de "Donoma", un film-guérilla, tourné sans argent mais avec quelque chose de beaucoup plus vital : de l'idée. Rachid Djaïdani compose avec brio l'histoire passionnante (qui a tout du conte, comme l'affiche l'annonce) de ce couple moderne, confronté aux archaïsmes d'aujourd'hui et à ses frontières infranchissables. Ce trajet cinématographique confronte le spectateur à des réalités invisibles, que le voyageur urbain cotoie mais en ignore l'existence. Slimane Dazi est tout simplement incroyable en frère protecteur mais torturé par ses propres sentiments. De par son sujet, le film aurait pu s'avérer pesant, mais "Rengaine" est en fait très drôle, notamment grâce à la galerie incroyable de personnages qui se développe au fur et à mesure que le récit avance. Un film qui a du fond donc, mais qui pêche un peu sur la forme. Dommage que le filmage soit si fouillis et si chaotique (il y a beaucoup de gros plans et les mouvements de caméra ne sont pas toujours très soignés). La pauvreté des moyens techniques saute parfois aux yeux, même si la plupart du temps la force de la narration parvient à nous la faire oublier. Son scénario solide et son point de vue affirmé (un vrai regard sur la tolérance et l'accomplissement de soi) font de "Rengaine" un des films les plus rafraîchissants de cette fin d'année. Une chose est sûre: on n'a jamais vu ça.
Source: Plog Magazine, les Critiques des Ours http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2012/11/rengaine.html
Rengaine est un film plein d'énergie, qui se vit comme une expérience très sensorielle et libre. Quand on voit ça, on est en rage de constater que Rachid Djaïdani a tant de choses à dire et si peu d'aide pour les exprimer (alors qu'à côté Les Seigneurs n'a rien à dire, mais plein de moyens pour le faire...). Le film de Djaïdani est un beau brouillon, construit dans un tourbillon de plans chaotiques et montés sauvagement. Ça peut piquer les yeux, frustrer quand on connaît un peu les "règles" de montage (qui sont là pour être déjouées également de toute façon) mais il en sort quelque chose d'assez brillant. Ce qui est le mieux réussi, c'est l'humour qui se dégage de ces scènes sauvages grâce à des comédiens entre l'impro et le texte qui expriment toute l'absurdité de l'histoire, pourtant réaliste. J'imagine qui si on va voir un film comme Rengaine, c'est qu'on est d'accord avec le message : peu importe la religion, la couleur de peau tant qu'il y a l'amour. Mais Rengaine est là pour nous rappeler que ça ne va pas forcément de soi partout aujourd'hui en France (et dans le monde). Certains personnages le prennent violemment, d'autres sur le ton de l'humour (plusieurs scènes sont merveilleusement drôles), et personne n'est indifférent. C'est juste dommage que ça ait l'air d'être filmé "avec les pieds". Mais cela va de paire avec l'esthétique "Donoma" ou même "Dogma"... Film réalisé sans argent, mais avec de l'envie et des vrais idées de contenu. Maintenant, il va falloir soigner la forme peut-être. Rengaine est, comme le dit son réalisateur, "comme un boxeur : un boxeur unijambiste et borgne, oui, mais qui a un bon uppercut."
Source : Plog Magazine, les critiques des ours http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2012/11/rengaine.html
Franchement, j'aurais tout intérêt à encenser "Rengaine". Pour la notoriété de mon blog, tout d'abord, parce que ce film est promis à un buzz certain, à la fois par l'originalité de son sujet et par le succès critique qu'il a rencontré à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes : "Film coup de poing", "Percutant, "Un culot monstre et une énergie débordante". Ensuite, parce que mes lecteurs seront forcément intéressés par un tel projet, porté depuis neuf ans par un réalisateur opiniâtre et une équipe enthousiaste, et que c'est la première fois qu'on traite de la question du racisme intercommunautaire ; à l'avant-première au Forum des Halles la salle était pleine, UGC l'a choisi comme film Découverte, bref, le succès lui semble promis.
Seulement voilà, le principe de ces critiques, c'est de dire ce que je pense. On ne peut remettre en cause ma motivation et mon désir de m'enthousiasmer pour un tel sujet, traverser Paris un soir de semaine témoigne suffisamment de cette envie. Lui-même issu d'une union entre un Algérien et une Africaine, Rachid Djaïdani évoque un sujet tabou qui gratte la bonne conscience de gauche : le racisme quotidien entre les communautés noires et arabes, cristallisé par le rejet de Slimane et de ses 40 frères (Et pourquoi 40 ? Comme Ali Baba ?) de l'idée du mariage de leur soeur avec un noir, qui plus est chrétien. Cette évidence est pourtant bien dure à expliquer, comme s'en rend compte dans une des meilleures scènes du film un des frères qui ne comprend pas pourquoi un de ses potes africains prend si mal sa réaction face au mariage annoncé de sa soeur.
Pourtant, ces 1 h 15 de projection m'ont semblé bien longues et m'ont laissé assez dubitatif. La faute tout d'abord à un parti-pris de filmer en numérique avec une caméra atteinte de tremblote, sans éclairage et donc avec un grain énorme, et avec un cadrage ultra serré sur les personnages.
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Une grosse claque! Pas franchement convaincue, je m'en vais voir ce film qui s'avère être un petit bijou. Filmé à "l'arrache", le tout a un fond, un vrai.
Un des films français les plus puissants qui m'est jamais été donné de voir (je pèse mes mots). Des situations urbaines réaliste où le comique se mêle admirablement avec le tragique, sans jamais rentré dans le pathos.