Quatrième long métrage de Guillaume Canet et remake des "Liens du sang" (2008) de Jacques Maillot, Guillaume Canet mitonne l'histoire compliquée d'une famille.
"Blood ties" : New York, 70's, deux frères. L'un est policier (Frank), l'autre (Chris), un truand repenti ayant purgé sa peine. Frank va donner du boulot à son frangin Chris, mais les mauvaises habitudes reprennent le dessus. Jusqu'à à point de non-retour.
Le scénario, pourtant assez banal, parvient à nous capter grâce à l'écriture de Gray. La famille, un sujet évidemment traité avec élégance par le metteur en scène de "Two lovers", est au cœur de "Blood ties". Maître Gray parvient à concocter une mixture assez proche de "The yards" de par les thèmes abordés (liens entre police et criminalité) avec néanmoins beaucoup moins d'intensité à cause d'une réalisation mollassonne. L'on est emballé cash dès les premières minutes par une mise en scène certes emballante de Guillaume Canet mais qui n'a ni le mordant de ses contemporains (à l'image de Gray), ni de ses maîtres (De Palma, Leone, Scorsese, Lumet).
On se console, aisément et sans aucun doute (!) par : une musique enivrante de Maxim Nucci surnommé Yodelice (l'actuel collaborateur d'Hallyday sur ses derniers albums : "Jamais seul", "Rester vivant" et "De l'amour" ; également présent pour un certain "Dimanche de janvier" sur Paris en ce jour) ; une BO 70's qui mérite tous les détours (comment ne pas reconnaître les Louis Prima, The Rubettes, Little Richard... ?) ; des décors d'époque bien travaillés dotés de bagnoles toutes plus belles les unes que les autres ; et un casting luxurius international (James Caan, Cotillard, Saldana, Mathias Schoenaerts, Griffin Dunne) dominé par un duo (Crudup le policier-Clive Owen le truand) convaincant.
Pour rester sur le casting, nous avons dans le rôle de Frank un très bon Billy Crudup (révélé par "Sleepers", il tournera ensuite pour Woody Allen, Tim Burton...), Clive Owen ("Sin city", "Les fils de l'homme") fait de Chris un personnage retors à souhait, et James Caan d'endosser à nouveau le rôle du père, 13 ans après "The yards", se faisant ainsi le nouveau parrain de cœur de la jeune génération. Crudup et Owen jouent ici des gueules cassées par l'usure du temps et James Caan ("Les gens de la pluie", "Le parrain", "Le solitaire"), l'une des dernières gueules d'Hollywood, de passer le flambeau à ces jeunes recrues (Schoenaerts, Crudup, Owen). Très beau boulot, James !
Ajoutée à cela, la mise en scène se révèle très impersonnelle et pioche par-ci par là des idées : l'ambiance à la De Palma (telle "L'impasse"), l'attaque du fourgon et le duel armé dans les rues de New York à la Michael Mann (rien à voir avec l'exaltante fusillade anthologique de "Heat") ou encore la BO éclectique à la Scorsese ou Tarantino.
Pour conclure, "Blood ties " (2013) est un film qui sait divertir deux heures durant sans prendre la tête de par une bonne zik-mu, un casting investi et un scénar' classique. Le réalisateur de "Ne le dis à personne" ne s'en vante pas et c'est tant mieux.
Spectateurs, quand le grand banditisme s'approche près de vous, le soleil s'abaisse et les nuages couleur ...Gray Caan (gris canne) arrivent !!
Interdit aux moins de 12 ans.
A noter : le film fut présenté hors compétition au Festival de Cannes 2013.
PS : c'est ainsi que se termine mon cycle Gray entamé par "Little Odessa". A bientôt maître Gray : soyez-en assuré !