Ryan Gosling s'éclate (un gosse dans un parc d'attraction), se partage avec ses doublures cascades environ 90% de l'intérêt du film, et quelques vannes ont marché (vraiment mieux équilibrées que Bullet Train, il n'y a pas photo). Et surtout, restez pour le générique de fin, c'est à ce moment-précis qu'on a enchaîné les "Wow" en découvrant le making-of des cascades qui défilent à l'écran, qui auraient nettement gagné à apparaître telles quelles dans le film, lavées de tous les ajouts numériques inutiles qui font faux, et pas cadrées trop près, ni sur-coupées. Pour vous la faire courte : David Leitch ne sait toujours pas réaliser, et quand on voit les scènes d'action du film sans le générique de fin, il est très facile de penser que la moitié est en numérique (c'est du gâchis pour le travail des cascadeurs). N'est pas John Woo qui veut, niveau mise en valeur des cascades. On retrouve aussi les habituels travers de ce "gars qui se trouve cool au moindre ralenti sur de la reprise de musique populaire placée au forceps", en zappant de travailler son scénario qui se casse donc la figure tous les deux mètres :
"Ouh j'aime mettre des Post-It partout", et deux minutes après, chez la victime : des Post-It partout. Oh, vraiment, on se demande qui est le méchant, pas vous ? Ou encore le fait que le personnage garde de l'essence à bateau en bouche, ou que le méchant voit une veste intacte flotter dans l'eau et pense que le gentil est mort dans l'explosion...
Surtout : ne réfléchissez pas, vous allez vous provoquer une migraine. Mais au final, on ne s'est quand même pas ennuyé dans ce film bébête et peu soigneux, car il laisse la part belle à Ryan Gosling (qui le lui rend au centuple : il semble être à Disneyland, et nous invite avec lui : avec plaisir), donne de sympathiques seconds rôles à Emily Blunt (toujours au top) et à Hannah Waddingham (depuis Ted Lasso : on l'adore), et s'offre quelques vannes où on a gloussé (le cacatoès qui secoue la tête sur la musique, la capuche qui n'en finit plus de verser du verre, la carte magnétique de l'hôtel qui ne marche pas, le tacle sur l'Oscar de la meilleure cascade qu'on attend depuis des lustres,
le gentil en arrière-plan qui fait des "fuck" dans le dos de la méchante...
Oui, ça, on marche à fond). On s'attendait à pire, à la seule mention du réalisateur (c'est encore le point faible du film, mais moins que d'habitude), et on a finalement été surpris grâce à la passion des belles cascades (même si massacrées par le montage et le surfaçage numérique), avec notamment l'ouverture qui nous a filé le vertige (et fun fact : le final détient le record du
plus long saut en voiture
, voilà c'était l'info inutile à ressortir en soirée), grâce à un bon rythme, et surtout à une équipe d'acteurs et techniciens vraiment très investis. Le plus bel hommage que vous puissiez rendre à ces cascadeurs : rester au générique de fin pour voir les cascades "nature", et vous ébahir pour l'amour du risque.