Que dire de spring breakers ?
La première chose à laquelle j'ai pensé durant les 10 premières minutes du film est : « ça va durer comme ça tout le long ? ». Parce que la première « scène » (si on peut appeler ça comme ça) exhibe des seins, des fesses, à outrance comme si on était dans un film porno. Puis tout au long du film je me suis demandé quel message le réalisateur cherchait à faire passer, et quelles émotions (s'il cherche à le faire) ?
En choisissant de raconter l'histoire de 4 adolescentes décérébrées souhaitant à tout prix partir en vacances au spring break, on aurait pu penser que le réalisateur veuille montrer la dégénérescence de certains jeunes face à la désillusion de leur avenir, de la société, ou encore le résultat d'une jeunesse façonné par la société. Mais déjà, on ne connaît rien de l'histoire de ces 4 filles, on ne sait pas si elles sont malheureuses, de quel milieu social elles proviennent. Tout ce qu'on sait c'est qu'elles ont envie de fumer des bangs, sniffer de la cocaïne et d'aller s'éclater en vacances dans un centre de vacances pornographique, après avoir braqué une banque pour compléter leur budget. Quelle bonne idée, c'est génial, toute jeune fille de notre société actuelle rêverait d'aller frotter son cul au milieu de pervers. D'ailleurs, du début à la fin durant leurs appels téléphoniques, on comprend que c'est une joie pour elle, que c'est le paradis, qu'elles rencontrent des gens super géniaux, qu'elles cherchent et qu'elles trouvent leur vraie identité, leur vraie nature, au milieu de ces clowns.
Les personnages n'évoluent pas, ils sont idiots du début à la fin, et se complaisent dans leur monde de « rêve ».
Le réalisateur ne montre pas le désespoir de ces filles, ou toute forme de culpabilité, toute forme de retour à la réalité. Ah si ! Une d'entre elle décide de mettre fin à son trip, parce que ces gens là elle les connaît pas, et que au départ, tout ce qu'elle voulait, c'était faire la fête avec ses copines dans des soirées à partouse. Mais être au milieu de gangsters, ça ne l'intéresse pas. Putain quelle naïveté, quelle logique !
Une fois que les 3 jeunes filles restantes ont "enfin" trouvé un sens à leur vacances
(braquer des banques avec un gangster dont le QI ne dépasse pas 20)
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le réalisateur montre une forme d'idylle amoureuse/sexuelle moderne, une aventure partousienne, un duo à 3 entre un gangster et ses 3 acolytes. Ils leur créent des costumes de braqueuses sexy, et montre des scènes de sexe à 4.
Alors quel message pour ce film ?
Que penser d'un film ou le réalisateur choisit comme actrices des idoles (disney) adulées par (presque) toutes les jeunes adolescentes américaines pour les transformer en pouffes sexy et amoureuses de gangsters ? Une incitation à la poufferie ? Ou alors il veut montrer que derrière toute adolescente mignonne se cache une grosse pute moderne en quête de sexe et de conneries ? Ou alors il souhaite montrer que les jeunes (enfin une partie?) préfèrent s'évader dans un monde de rêve (mais ici le rêve c'est le sexe et la délinquance).
Alors OK on peut voir dans ce film le simple constat que notre société va mal, que des jeunes se droguent et font du sexe à outrance et ne se posent pas la question de savoir si c'est normal ou non, puisqu'ils vivent au 21 ème siècle et qu'il faut "rentrer dans le bain", dans le "formatage". Et le réalisateur constate cela par une grosse caricature de la jeunesse féminine. Non monsieur le réalisateur, toutes les étudiantes ne font pas des partouses, ne se droguent pas, n'ont pas un QI de 15, ne sont pas naïves à souhait et connes comme des moules, ne fantasment pas sur des gangsters, n'ont pas des corps de rêve, n'ont pas pour but de braquer des banques. Le film aurait (peut être) eu de l'intérêt si le réalisateur avait orienté son sujet sur la surconsommation (fringues, bouffes, nouvelles technologies), sur l'individualisme ambiant. Mais au lieu de ça il nous dresse un spectacle pornographique. Et tandis que d'autres sujets beaucoup plus intéressants attendent d'être traités aujourd'hui, il choisit le thème de la débauche de la jeunesse, mais il le fait malheureusement très mal.
L'un des seuls films capables de dénoncer la connerie de la société américaine façonnant et formatant la jeunesse est notamment Little miss sunshine. Spring Breakers aurait pu nous inviter à une réflexion sur ce qu'est devenue la société aujourd'hui, mais c'est râté ! Pas d'évolution scénaristique, de personnalité des filles, pas de questionnement, de remise en question sur soi, juste une pure complaisance de 4 adolescentes qui kiffent leur cauchemar de débauche.
Pour couronner le tout, et comme cela a déjà été dit, il y a une série de répétition qui ressemblent à peu près à ça : « on a trouvé notre identité. On a rencontré des gens géniaux. C'est le rêve. Spring break pour la vie ». Comprendre par « je suis une pouffe délinquante et j'aime ça ». De plus (et ce n'est qu'un avis personnel), les actrices jouent très mal. Mais leur présence doit être utile parce qu'elles sont jeunes, parce que ce sont des filles, et parce qu'elles sont en bikini tout le temps.
Une dernière chose : comment une daube pareil arrive à obtenir une note de 3,7, c-a-d une note aussi haute qu'un dessin animé de Miyazaki, ou d'un film de Aronofsky ? Cette critique reflète bien ce que je pense : le film est une blague du début à la fin.