Avec sa volonté de sexualiser au-delà du raisonnable les icônes Diseney, son ton anarchique et son excès, Spring Breakers est une claque. Néanmoins, si le film est une sorte de cauchemar chaotique souvent passionnant, il révèle parfois de sérieuses failles dans son propos dans sa volonté évidente de choquer les adolescents biberonnés à Twilight et autres mièvreries. L'expérience de ce film est asse trouble. Il il y a tout d'abord cette volonté d'hyper sexualisation des minettes de Disney Channel, Selena Gomez, Vanessa Hudgens.. Façon étrange et gerbante d'attirer l'oeil du spectateur lambda, qui pourrait en avoir rien à faire. Mais il y a tout de même à la barre du projet un des réalisateurs les plus fous de sa génération, Harmony Korine et son prénom en décalage complet avec son univers. Et c'est sans doute pour ça que le film s'est vautré. Car pas de place pour la morale chez lui, ni pour le plaisir du spectateur, le choc et la détresse y sont constants, faisant de ses films des expériences pas comme les autres et globalement désagréables. Et si Spring Breakers s’adresse à des adolescents, c’est pour mieux leur retourner le cerveau et bousculer leurs convictions, leur plonger le nez dans la merde et leur faire vivre un trip hallucinogène complet, avec montée euphorisante et descente cauchemardesque. Je n'en ai pas vu un chef d’œuvre que certains ont vu mais un film qui remue bien volontiers. Car Harmony Korine est tout à fait conscient de ce avec quoi il jongle : des nymphettes en bikini ? Il y en a à foison. Des plans au ralenti sur des culs et des seins ? Le film en est rempli. De L'alcool et de la drogue ? En permanence. Korine montre une imagerie populaire d’une jeunesse hyper sexuée capable de se lâcher complètement le temps du spring break, une vision de fantasme pour des millions d’hommes, avec au milieu une bande d’actrices à l’image de saintes. Ce qu’il cherche, et atteint souvent, c’est à créer une sorte de chaos mental dont l’équilibre se fait à travers un enchaînement de séquences en opposition. Opposition qui se traduit par les séquences brutales de jour et celles de nuit. Les premières sont shootées à la manière d’un clip, scrutent les corps au plus près, travaillent des mouvements de caméra amples, résonnent au son d’une bande originale explosive. Tandis que les secondes en sont l’exact opposé. La nuit, les corps deviennent des ombres projetées par des lumières surréalistes plongées dans une ambiance cauchemardesque où elles foncent droit dans un mur. Dans sa première partie donc, Spring breakers est joyeux, vulgaire (forcément) et beau, avant de basculer complètement dans un aspect glauque. Ce film n’est pas de ces films à thèse ou à la progression narrative balisée. Il s’agit clairement d’une expérience sensitive, une alternance entre le chaud et le froid au montage souvent virtuose, jouant sur des réactions primaires pour mieux les déjouer. Le surréalisme de cette aventure s'exprime par ces personnages qui viennent hanter le récit pour ensuite disparaître d'un seul coup, et cette vision paradoxale. Par exemple de ces incessants coups de fil des filles à leur famille, évoquant une expérience spirituelle pendant qu’elles sombrent dans la décadence totale, ou encore cette magnifique scène autout du piano avec une chanson de Britney Spears. Chanson douce et calme, pleine de tendresse qui se voit tout à coup envahie par une violence outrancière filmée en hyper-ralenti. Spring Breakers vise véritablement le statut de symbole générationnel : morale anarchique, hymne dépressif à la révolution, paradoxe monstrueux. Il manque malheureusement une certaines profondeur aux personnages à l'exception de James Franco, exceptionnel en gourou gangster. Mais les filles n'ont aucune épaisseur. On les prend pur des pantins, des pouffes choisies au hasard parmi toutes celles qui dansent et montrent leur cul et leurs seins. Reste que ce trip hypnotique et ses oscillations, sorte de manipulation mentale par l’image et le son (l’utilisation et la répétition des dialogues en voix off ou des sons d’armes à feu est géniale) qui est une expérience de cinéma peu commune, et pas si agréable qu’elle en a l’air.