Ce que laissait entrevoir Spring Breakers au premier abord, était concrètement bien loin de ce que ce long-métrage de Harmony Korine nous réservait ; par cela entendons que malgré ses airs de film ancré dans la débauche, la vulgarité et consœurs, c’est un long-métrage plus complexe qui s’offre à nous, arborant une intrigue certes limpide au possible mais tout autant profonde. En clair Korine ose et s’en sort avec les honneurs, car si dans la forme Spring Breakers se veut avant tout être un maelstorm d’images extrêmement colorées, d’une BO omniprésente et tonitruante (bref une représentation en totale adéquation avec la fameuse fête d’outre-Atlantique), celle-ci parvient à passer un message, un propos travaillé et critique. Aussi, l’on suit comme hypnotisé les tribulations de 4 étudiantes paumées, ayant hissé le Spring Break au rang d’objectif suprême ; leur périple se veut donc prenant, et l’on est nullement dérouté par la mise en scène immersive que nous réserve de bout en long le film, bien au contraire. La suite et ce sans discontinuer se veut dans la même veine, alors que nos héroïnes vont connaitre peu à peu l’envers de l’ivresse collective ; du côté des jeux d’acteur rien de bien notable, quoique l’on puisse souligner les prestations convaincantes du quatuor féminin emmené par Gomez/Hudgens/Benson/Korine. Mais là où Spring Breakers surprend enfin pleinement, c’est avec l’entrée en scène de Alien, un malfrat local totalement barré : le bonhomme est campé par un James Franco tout bonnement méconnaissable, et avant tout impressionnant ! Dès lors, le film opère un virage, et les contours du drame se dessinent inexorablement ; la tension va croissante, mais est en tout point entrainante, alors que l’on est étonné devant le final de certains protagonistes. Le dénouement quant à lui se veut foutrement percutant, au gré d’un rebondissement imprévisible aussi brutal que superbe ; aussi, si l’on occulte le caractère tiré par les cheveux d’une fusillade à sens unique, force est de constater que Spring Breakers parvient à se conclure de manière admirable. En somme, Harmony Korine signe là un film atypique, déroutant par bien des points ; l’ensemble reste néanmoins de qualité, au gré d’une réalisation dynamique et renversante, et d’un bon scénario ne payant pourtant pas de mine … bref, Spring Breakers est une réussite.