Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce "Spring Breakers" a fait beaucoup parlé de lui ces derniers mois. Un film réunissant toutes les pouf... heu... les égéries Disney avec flingues, fiestas et bikini, c'est clair que niveau publicité, ça allait rameuter du peuple, notamment vis-à-vis des ados. Concernant le réalisateur, Harmony Korine, j'en avais entendu parlé à de multiples reprises. Premièrement pour le scénario de "Kids", de Larry Clark, dans lequel il a participé, et deuxièmement dans "Gummo", film sombre et âpre dans lequel Korine dépeint le quotidien de deux garçon, dans un petit village frappé par une tornade. Ensuite, le reste que j'ai pu voir du bonhomme fut ses réalisations pour des artistes musicaux, à l'instar du groupe parodique, Die Antwoord, ou encore de Sonic Youth avec le clip "Sunday". Bref, en résumé, Harmony Korine est un artiste, un vrai. Un cinéaste indépendant, quelque peu underground, qui sait innover et mettre en scène de réelles idées de cinéma. Inutile de préciser que lorsque ce "Spring Breakers" fut en chantier, j'étais habité d'une curieuse impatience d'observer le rendu final. Certes, le fait que Korine se soit procuré les starlettes Disney m'a un peu dérouté sur le coup, mais je concentrais toute ma confiance envers le réalisateur. Et enfin, enfin, le jour est venu pour moi, simple spectateur, de voir le nouveau film de Harmony Korine, "Spring Breakers", le bien nommé, ou l'histoire de quatre amies qui décident de braquer un fast-food pour avoir les moyens de participer au Spring Break, soit des orgies estudiantines camouflées derrière la simple dénomination de "grande fête", et dans lesquels règnent l'alcool, la drogue et le sexe. Toutefois, ceux qui souhaitent voir un ersatz de "Projet X", passez votre chemin, vous ne serez que déçu. La première partie du film se concentre sur le Spring Break, sur ces filles idiotes et superficielles qui souhaitent par dessus tout se déglinguer à la fête. Korine dresse un portrait neutre du Spring Break en question. Il filme toute la décadence de l'événement sans remise en question ni morale. Au spectateur de réfléchir, ou pas à l'instar de ces hordes de jeunes débiles qui se défoncent quasiment 24h sur 24. De ce fait, nos quatre héroïnes rentrent parfaitement dans ces critères. Elles sont niaises, irréfléchies, perverses... Reflet d'un malaise jeune, reflet d'un quotidien tellement ennuyeux et débile pour ces derniers que, pour en sortir, ces ados font des trucs encore plus débiles. Sauf la jeune Faith, interprétée par Gomez, qui possède un minimum de jugeote, et ne se laisse pas entraîner bêtement dans les pires emmerdes. Car si le début de "Spring Breakers" met en avant le principe fête-sexe-drogue-alcool, la seconde partie change brutalement de ton. Censées vivre une semaine de pure folie, les quatre filles rencontrent un dealer (incroyable James Franco) du nom d'Alien qui, suite à une altercation avec la police, libère les donzelles en payant leur caution. A partir de ce moment, le "rêve" devient un bad-trip. La caméra et le montage se font plus nerveux, l'image est plus granuleux et l'ambiance devient noire. Les belles images flashy de la première partie laisse place à de nouvelles images flashy, mais dans un environnement oppressant cette fois-ci. Les filles (exceptée une dont je tairai le nom pour éviter de trop spoiler) se laissent séduire par Alien, sans se poser de question (encore et toujours), et sombrent en sa compagnie dans la petite criminalité. Destin tragique pour celles qui voulaient vivre le rêve américain de par le Spring Break. Harmony Korine, en même temps que ses héroïnes, plonge le spectateur dans une ambiance oppressante, parfois dérangeante, et c'est à partir de ce moment que l'on se dit que le réalisateur a réussi son coup. Faire de son histoire non pas un simple reflet de la décadence "spring breakienne", mais une histoire spéciale, à la limite de l'onirisme, pas forcément conforme à la réalité des choses, comme le prouve ce montage expérimental mélangeant voix off, flash-backs, présent et flash-forward. "Spring Breakers" est un objet cinématographique singulier, une expérience à vivre et à ressentir plus qu'à la regarder comme un simple film. Harmony Korine use de tout son talent, même si certaines scènes sont belles et formidables, tandis que d'autres paraissent un peu creuses. En tout cas, il est évident que tous les fans des séries bidesques made in Disney soient sortis dégoûté de ce film. Comme dit le dicton, on ne donne pas de la confiture aux cochons... Pardon, je me suis un peu emporté sur la fin... Enfin voilà. "Spring Breakers" n'est pas un simple long-métrage. C'est un objet artistique visuel et sensoriel, certes pas forcément accessible, mais à l'ambiance forte, malgré quelques défauts, notamment cette impression de vide lors de certains passages pas franchement recherchés. Un bon film expérimental, voilà ce qu'est "Spring Breakers".