Mine de rien, il y a plusieurs choses à écrire sur « Dead Man Down ». D'abord, sans être totalement maîtrisées, ses premières minutes s'avèrent vraiment prenantes : ce puzzle meurtrier, ces personnages ambigus dont on ignore précisément le rôle, je trouve ça bien pensé et très intéressant en matière de narration, de montage. De plus, et même si l'on peut trouver ça « too much », venir y intégrer une sous-intrigue aussi indépendante qu'inattendue, amenée de façon percutante, j'ai aimé, laissant de réels espoirs quant à la tournure que va prendre le scénario. Malheureusement, ces promesses étaient sans doute trop grandes pour le réalisateur, le soufflet retombant presque totalement dans la seconde partie. Alors que cette noirceur, dans le fond comme la forme, seyait bien à l'histoire, tout nous est révélé un peu trop vite, que ce soit l'identité du tueur (que je n'avais pas vu venir, je l'avoue : deviendrais-je naïf?), ses motivations, même si quelques répliques, dans leur logique « désespérée », peuvent faire un léger effet. Quelques détails étranges, aussi : même légèrement défigurée, Noomi Rapace n'a rien d'un monstre et reste très séduisante : il fallait soit aggraver le maquillage, soit choisir une autre actrice, aussi convaincante soit sa prestation. Les choses ne s'améliorent pas dans la dernière ligne droite :
si le règlement de comptes est convenable, difficile de croire qu'un homme (presque) seul puisse survivre à une telle tuerie, la façon dont les deux « associés » se retournent l'un contre l'autre étant amenée de façon très improbable. Sans parler de cette « love story » se concluant sur un happy end parmi les plus improbables du cinéma et pas franchement (euphémisme) dans le ton du reste
... Dommage, il y avait une ambiance, des choix intéressants, une double intrigue ambitieuse, un casting séduisant (enfin, en partie, dont un Colin Farrell faisant preuve d'une belle prestance) : encore aurait-il fallu tenir la distance et ne pas se complaire dans la banalité, voire le grotesque dans la dernière ligne droite... Un coup pour (presque) rien.