Réalisateur de la série et du film Millénium, première version (suédoise), Niels Arden Oplev s’offre sa première réalisation sur les terres de l’oncle Sam, d’un script de J.H. Wyman, Le Mexicain ainsi que plusieurs épisodes de la série Fringe.
Côté série B, tout commence plutôt bien, sous son aspect de revenge movie aux allures de thriller, Dead Man Down interpelle cependant plus qu’il ne séduit totalement. Dès ses premières minutes il éveille au moins notre curiosité.
Des séquences d’expositions jusqu’au développement, tout semblait être présent pour que l’on soit captivé. On débute dans une ambiance de néo-polar assez séduisante où force est de constater que le choix délibéré de ne pas tout exposer, implique le spectateur pour décortiquer l’intrigue à venir.
Cette sensation de perdition, propre à l’histoire et en résonance des personnages principaux, forme un tout intéressant et donne à Dead Man Down une intensité particulière, quitte à perdre le spectateur au début de l’intrigue.
Ici on ne se fige pas dans la crédibilité totale du récit, on laisse la possibilité à certaines libertés, libertés que le genre permet de toute façon.
Niels Arden Oplev s’appuie sur un astucieux chassé-croisé de plusieurs personnages dont il disperse au fur et à mesure les attentions cachées. Jusqu’à ce que le film garde cette tension du jeu du chat et de la souris, Dead Man Down soutient les actes forts du film, des séquences qui portent assez bien l’attention du spectateur.
Il en est de même lors de séquences d’action (relative jolie réussite de la poursuite dans les bâtiments new-yorkais) d’une chorégraphie soignée et d’un montage tendu.
Le fait que le film oscille entre un traitement européen dans un urbanisme new-yorkais apporte également ce charme particulier, lui insufflant sa propre identité Jusqu’ici tout va bien.
Nous sommes sur les traces d’un thriller de facture correcte, sans la prétention de renouveler le genre, mais qui tente d’imposer son ton et son intensité. Une honnête série B qui aurait presque des allures de film persuasif.
Et puis il y a le casting, pas forcément enchanteur sur le papier mais très convainquant au final. Le duo Farrell-Rapace fonctionne à merveille pas la rage que chacun des deux doit contenir, celle d’un passé qu’on découvre au fur et à mesure d’une intrigue cependant convenue sur ce point. Peu importe le fond, la manière est bien présente.
Tout se déroule donc relativement bien jusqu’à la dernière demi-heure où le réalisateur se tire clairement une balle dans le pied. En changeant totalement et délibérément le ton de son film, Niels Arden Poplev s’engouffre vers un final presque guignolesque. La crédibilité du film fait alors place à un détournement inutile qui le desservira. On tombe dès lors dans le pur film d’action, avec scènes plus ou moins crédibles et en totale désunion de l’ensemble que le réalisateur avait pris peine de mettre en place.
Si l’ensemble n’est pas totalement gâché, les personnages auront une peine certaine à s’en relever et du même coup détruire toute la psychologie de leur rôle, inscrite jusque-là. D’une série B correcte, s’il n’est pas originale s’avérait marquée d’un style qu’on voit rarement, le film se déverse ensuite dans la facilité d’un final presque fauché.
Malgré ses temps faibles, le film manque parfois de sens, Dead Man Down se regarde comme un honnête thriller, touchant dans ses rares envolées dramatiques, stylé à certains moments mais finalement inconstant, surtout par un changement de cap d’une conclusion totalement détachée de l’ensemble. A voir avec de nombreuses retenues.