"Knight of Cups" est le film le plus trivial mais aussi le plus onirique de Terrence Malick.
Déambulant dans un Los Angeles cauchemardesque, surpeuplé et décadent, Christian Bale offre une performance mutique, et Malick le filme comme un pantin trimbalé de droite à gauche par la vie.
De lieu en lieu, de carte en carte, de femme en femme, on égraine souvenirs et sensations comme autant de micro-vignettes filmées.
On s'ennuie, parfois; car le héros s'ennuie lui-même.
Plus rien ne semble avoir de prise sur lui, ni la beauté des femmes, ni le luxe, ni la luxure, si ce n'est une Nature toujours plus sauvage et écrasante, contrastant avec les bassesses humaines.
On ressent parfois la présence de Lynch ("Mullholand Drive", "Inland Empire") Cronenberg ("Maps to the stars"), ou Noé ("Enter the void" ou "Love"), mais en poursuivant sa mise en pièce, sa déconstruction du montage - commencée avec "The Tree Of Life" et "A la merveille" - Malick est en quête d'un processus de cinéma unique et personnel.
Il n'y a plus de scénario, il n'y a plus de dialogues, il n'y a presque plus d'acteurs (et pourtant Christian Bale, Cate Blanchett, Natalie Portman sont bien "là").
Ne restent que des bribes d'images, d'une folle beauté, les plus modernes de la filmographie de Malick - qui n'hésite pas à changer de format, de définition au gré de ses envies.
On se figure un grand enfant qui s'amuserait avec une caméra, par jeu, avec une envie intacte de croquer le monde.
Mais cet enfant côtoie un vieux sage, délivrant un message subliminal, incompris; à l'Humanité.
Avec "Knight of Cups",Terrence Malick touche à la quintessence en même temps qu'au vide, en filmant à hauteur d'homme.
Et de Dieu.