Knight of Cups
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128 critiques spectateurs

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LALALALALERE
LALALALALERE

18 abonnés 196 critiques Suivre son activité

0,5
Publiée le 10 décembre 2015
A fuir. Malick prône la pureté en filmant avec toute la superficialité du monde : mannequins, stars, plans de pub, plans de plages répétitifs. S'il est profond, pourquoi le vide l'intéresse-t-il autant ?
Le film ne raconte rien. Aucun personnage n'existe donc nous n'avons aucune empathie pour personne. Malick refait le même film toujours et toujours, et il ne se passe plus rien. Devant le vide créatif, il se réfugie dans de vains chromos et images maintes fois vues estampillées poétiques. Un navet pur.
FlecheDeFer ..
FlecheDeFer ..

48 abonnés 378 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 15 janvier 2017
Ayant lu des critiques désastreuses et grand fan de films pédants encensés par une certaine critique parisiano-nombriliste, je me suis précipité voir ce film en pensant passer un bon moment de rigolade. Et comme de nombreux internautes l'ont mentionné, j'ai rarement vu autant de gens sortir de la salle avant la fin... Je déteste de plus en général ce genre de films de recherche de sens de la vie, généralement caricaturaux, bien-pensants ou barbants (ou les trois).

Cependant, à mon corps défendant je dois admettre qu'après m'être demandé ce que j'étais en train de voir, j'ai fini par adorer ce film tout en comprenant parfaitement ceux qui sont partis. Je pense que seuls les purs esthètes du cinéma purement attachés à la forme ou ceux qui se sentent concernés par le propos pourront vraiment apprécier ce film. Les autres s'ennuieront ferme devant un spectacle qui leur paraîtra fort vain. Personnellement simple spectateur lambda, la maîtrise de la forme m'importe peu, mais je suis impressionné par la façon dont Malick parvient à traduire certains états d'âme d'une façon à la fois si profonde et si indirecte que seuls ceux qui les ont traversés peuvent vraiment apprécier. A mon avis il se destine donc vraiment à un certain type de personnes, raison pour laquelle je comprends tout à fait les critiques négatives. Les amours et le sens de la vie, même s'ils sont omniprésents, ne sont que secondaires ici. La critique du système Hollywoodien que certains veulent voir, aussi. Le vrai thème est ailleurs: Rick. Le personnage ne vit pas sa vie, il n'est pas "là" quelle que soit la situation. Même dans la foule, même dans le luxe, il traverse sa vie comme Bale traverse le film, parfaitement rendu ici par le jeu de Bale, le cadrage et le fait d'inclure des images de désert lorsque le héros prend part à une party: il paraît clair qu'il n'y est pas vraiment, mais que le réalisateur nous propose une métaphore ce que le personnage ressent en lui-même. Le fait que Malick n'ait aucunement dirigé son acteur ni défini le personnage confirme cette interprétation: quoi de mieux pour avoir un acteur convaincant dans un rôle d'homme perdu que de le rendre "perdu" sur le plateau en le forçant à improviser son rôle et quoi de mieux pour retranscrire un homme "perdu" face à lui-même que d'avoir un acteur ignorant tout de son propre personnage ? Brillante mise en abîme. De toute façon, tout est dans le titre. Ceux qui connaissent le tarot comprendront de quoi je parle.

Au final, un film très lent, très contemplatif, mais incroyablement juste.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 9 décembre 2015
on aime Terrence Malick ou on aime pas. Certes c'est du même accabit que The tree of life, mais n'est ce pas normal qu'on ait une impression de déjà vu s'il s'agit d'une "suite" disons ? Il y a beaucoup à tirer de ce film. Et Terrence Malick sait appliquer sa touche personnelle.
Je rejoins l'avis du fossoyeur sur un point : comment Terrence Malick arrivera t il à se renouveller ? C'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle je lui enlève une demi étoile. Parce que si ce film apporte, il reste tres proche de The tree of life, trop proche peut etre.
anonyme
Un visiteur
1,0
Publiée le 7 décembre 2015
Les errances d’un scénariste désabusé à travers la Cité des Anges, ses femmes et ses vices, constituent le sujet du dernier film de Térence Malick, seulement 2 ans après « A la merveille » deuxième opus de sa trilogie existentielle, inaugurée par « The Tree of Life ».
Christian Bale, trentenaire mutique et esseulé, croise Cate Blanchett, Freida Pinto, Antonio Banderas, Natalie Portman dans ce qui apparait comme la dernière fantaisie d’un réalisateur qui signe là le plus grand ratage de sa carrière.
Envoûté par le souvenir des précédents bijoux contemplatifs de Malick, ou attiré par le sujet intéressant (mais maintenant un peu galvaudé) qu’est l’industrie du cinéma, le spectateur peut être mu par un enthousiasme, à priori, qui le mène à pousser les portes de la salle. Il ne devrait pas, voici pourquoi :
Malick commet l’exploit d’associer au clichés hollywoodiens et du cinéma réflexif, mis en abîme aux clichés de son propre cinéma, tendus entre panthéisme new-age et relans chrétiens (les références bibliques plus qu’appuyées, le Buisson Ardent). Bale, qui n’a reçu aucune directive de la part de Malick, tente tant bien que mal (et plutôt mal) de naviguer à vue dans cet océan de poncifs pseudo mystiques atterants, ponctués de sentences tellement creuses et basiques qu’elles font passer la philosophie du comptoir au sol jonchés de miettes de cacahuètes.
Visuellement, le film qui suinte l’auto-satisfaction artistique, ne fait que parodier la dimension cosmique qui faisait la magie de « Tree Of Life », avec cet inspide défilé d’images du désert, qui sont à la beauté du monde, ce que les dialogues presque inexistants, sont à la prose poético-philosophique.
Le film est un conglomérat de personnages insignifiants (relief quasi nul du héros) et l’interchangeabilité des rencontres féminines oscillant entre innocence feinte (les innombrables jeux d’enfants amoureux finissent par lasser) et sagesse sensuelle (la mystique pour les Nuls dispensé par une jeune stripteaseuse blonde), permettent de douter de la pertinence et de l’intérêt d’un film, naufrage narratif et visuel à l’exaspérante redondance.
Un regrettable accident de parcours, qui réactualise une limite entre cinéma d’auteur (au sens noble du terme) et grandes stars hollywoodiennes (on voit mal Christian Bale nous délivrer le sens de la vie entre deux gorgées de martini au Wilshire), qui nous rappelle une version longue de l’inoubliable pub Chanel n°5 commise par Brad Pitt.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 7 décembre 2015
Certainement plus proche de "The Tree of life" que de "A la merveille" qui personnellement avait fini par me perdre et me désintéresser. On a le sentiment dans Knight of Cups de reprendre le personnage de Sean Penn perdu au milieu des tours (incarné sobrement par Bale), se remettant doucement de la perte d'un cher.
Le film nécessite quelques minutes d'acclimatation, le temps de laisser de côté notre formatage de spectateur attendant sagement sa petite histoire.
Ici, point de dramaturgie, juste des sensations. Mais quelles sensations encore une fois ! Qui filme mieux la vie que Malick aujourd'hui ? Le montage, les images, le son et la musique forment un tout totalement hypnotique et fascinant.
Il est plus qu'agréable en tant que spectateur d'avoir le temps de penser, de faire des allers retours entre le film et nous même, de ne pas être pris par la main de force mais juste accompagné en douceur.
Knight of cups n'est donc par une recette périmée mais bien un art cinématographique rare, non formaté et libéré de l'Industrie briseuse de rêve(s).
Essentiel !
anonyme
Un visiteur
0,5
Publiée le 7 décembre 2015
Etant extrêmement bon public, c'est la première fois dans ma vie que je quitte, plutôt fuis la salle de cinéma en courant au bout de 30min de souffrances, de scènes sans queue ni têtes, de voix off qui ne veulent rien dire, et des images qui vous donnent le vértige ( il y a même une femme dans le public qui disait à son mari qu'elle vomirai si elle restait une minute de plus dans le film).
voila , extrêmement déçu de ce film qui malgré les bons acteurs et un bon réalisateur ( j'aime bcp Terrence Malick) est une énorme daube. A eviter comme la peste.
Requiemovies
Requiemovies

219 abonnés 1 153 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 7 décembre 2015
(...)
« Knight of cups » vient dont clore cet ensemble, fait suite à « A la merveille » dont on retrouve dès les premiers instants la démarche poétique autour de dialogues minimalistes (et voix off) et d’une empreinte picturale marquée par la photographie d’Emmanuel Lubezki d’un naturel éblouissant.
Pour se laisser envoûter par cette nouvelle proposition malickienne il faudra cependant accepter l’invitation du réalisateur dans sa démonstration kaléidoscopique d’instants de vie, (dé)poser ça et là, au détriment de toute logique narrative. Vu d’un certain point, il ne restera qu’une forme artificielle de ce que le réalisateur a déjà proposé dans ses précédents films. D’une autre manière, presque onirique, le film prend son envol en terre figurative où seul le sensationnel semble avoir sa place. Une confidence de Terrence Malick au spectateur, une chute libre dans le ressenti des images livrées comme ça, brutes, qui tentent de sonder la psychologie de son personnage principal, immense Christian Bale. Forcément et subjectivement, cette forme poussée à son extrême ici, ne séduira que les plus curieux où habitués du réalisateur. Un voyage dans un même isntant au milieu de nulle part et au centre de tout. De sa forme éblouissante, de son indéniable sens de la mise en scène, « Knight of cups » est également le film d’une narration troublante car adaptable à toutes les interprétations. En somme, un film qui passe allégrement de chef d’œuvre à interrogations éternelles sur le sens du film.
Reste une expérience cinématographique encore sans équivalent et qui donne un peu plus de relief aux sorties d’une très faible année 2015. Loin de la prétention qu’on pourrait lui attribuer, Terrence Malick reste à ce jour une très honnête et sublime contre-proposition d’un cinéma aseptisé qui se répète sans cesse. « Knight of cups » où le chemin de croix qui fait tourner en rond le spectateur dans une valse visuelle des plus éblouissantes, au point d’en mettre de côté ce fond si nébuleux, qu’il en devient, lui aussi attirant, magnétisant.(...)
cylon86
cylon86

2 614 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

1,5
Publiée le 7 décembre 2015
Plus ça va, moins ça va. Voilà une expression qui pourrait résumer parfaitement la carrière de Terrence Malick, cinéaste autrefois peu prolifique à qui l'on doit des chefs-d’œuvre tels que "Les Moissons du ciel" ou "La Ligne Rouge" mais qui se laisse aller à un rythme de réalisation soutenu, nous offrant désormais un film tous les deux ans, chacun étant pire que le précédent. Ne crachons pas entièrement sur le réalisateur, il y a tout de même certaines idées dans "Knight of Cups" et il y a cette façon de filmer si particulière qui rend les actrices si belles. Mais il faut bien reconnaître le manque d'inspiration du cinéaste qui livre ici un film sur la vacuité de la vie de son personnage principal, scénariste incapable de garder une femme dans sa vie et qui n'arrive jamais à nous ôter la sensation que l'ensemble ne tient jamais sur la durée et ne fait que combler du vide. Il est toujours risqué de faire un film sur un héros en quête d'un sens à sa vie, thème qui passe plus facilement en littérature (les romans de Bret Easton Ellis en sont la preuve) qu'à l'écran. On ne peut pas filmer du vide pour raconter du vide. Ici, l'immense réalisateur qu'est Malick semble continuer à se complaire dans une vulgaire caricature de son style : caméra flottante, voix-off pompeuse s'interrogeant sur le sens de la vie, à peine trois dialogues échangés et surtout direction d'acteur minimaliste. Christian Bale, aussi charismatique soit-il, n'a pas grand chose d'autre à faire que de marcher et de lever les yeux au ciel. Certains y voient un message très fort, une beauté transcendante. J'aimerai sincèrement faire partie de ceux-là au lieu d'y voir une œuvre qui ressemble plus à de la masturbation qu'autre chose. Mais impossible d'aller au-delà, moi qui aime pourtant énormément les premiers films de Malick. Ici, tout semble vide de sens, sans beauté et sans poésie. Même si certaines choses sont pertinentes, il faudra bien plus pour parvenir à se hisser vers des sommets.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 6 décembre 2015
Malick ne réalise pas un film, il propose une expérience onirique et magnétique. Bale n'interprète pas un personnage, il est une âme perdue sur terre, à la recherche de la paix. Une oeuvre presque religieuse, métaphysique qui manque parfois de rythme mais jamais de sens ou de beauté.
Septième Sens
Septième Sens

89 abonnés 762 critiques Suivre son activité

2,5
Publiée le 5 décembre 2015
Jamais deux sans trois. En 2011, le réalisateur le plus mystérieux de sa génération accouchait d'une pensée métaphysique au cinéma avec l'inoubliable Tree of Life. Deux ans plus tard, Terrence Malik poursuit sa réflexion avec le décevant A la merveille. Aujourd'hui, le cinéaste constitue une trilogie existentialiste en concevant Knight of Cups, nouveau récit hybride scellant la pensée d'un auteur en quête du « moi ».

Cela commence par un tremblement de terre. Christian Bale, interprétant un scénariste à Hollywood, est réveillé par cette force quasi mystique. Cet instant signifie pour lui une transition radicale, une sorte de renaissance. Adieu, les innombrables fêtes pleines de vices à la beauté superficielle. Bonjour, l'errance et la remise en question d'un être plongé dans des conflits intérieurs douloureux. Le « Dark Knight » n'est pas si éloigné de ce «  Knight of Cups ». Sombre et dévastée, l'interprétation de Bale nous permet de cerner son caractère en déséquilibre constant. Devant la caméra aérienne et révélatrice de Malick, l'anglais paraît seul au monde, esseulé dans une foule dont il est attiré mais à laquelle il ne souhaite plus prendre part. C'est à la fois chiant et captivant.

L’œuvre de Malick est divisée en chapitres distincts, mais identiques. « Le pendu », « la mort », « la liberté » sont autant de parties qui s’enchaînent sans que l'on comprenne leurs raisonnements. On connaît les intentions de l'auteur : laisser le spectateur être un membre actif de son film en lui laissant développer sa propre méditation. Cependant, ces clés données au public ouvrent des portes obscures et distanciées de notre rapport au monde. On se retrouve face à une contemplation existentialiste répétitive et uniforme qui semble nous montrer toujours la même chose : la perdition d'un être en proie à ses propres doutes. Comme l'étaient ses deux travaux précédents. C'est à la fois beau et absurde.
Le Blog Du Cinéma
Le Blog Du Cinéma

113 abonnés 297 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 4 décembre 2015
Rick (Christian Bale) est un scénariste en perdition dans les paysages mondains de la sphère hollywoodienne, où se succèdent sans aucune mesure les jouissances engendrées par un matérialisme narcissique et insatiable. Tout est dans l’excès ou dans la parure , et la séquence festive dans la résidence d’Antonio Banderas (jouant son propre rôle ?) l’illustre parfaitement. L’excès est essentiellement esthétique, qu’il s’agisse de la valorisation permanente du corps et des objets. La façon essentiellement livide que Malick a de filmer dans KNIGHT OF CUPS illustre bien le sentiment de fausseté vis-à-vis de cette parure et son caractère éphémère, et il s’agit là d’un aspect encore inexploré de son cinéma. Depuis le début de sa collaboration avec son directeur de la photographie Emmanuel Lubezki (notamment connu pour ses prouesses techniques pout des films comme Les Fils de l’Homme, Gravity, Birdman et bientôt The Revenant), Malick nous avait habitué à une idéalisation des visages et de la nature (Le Nouveau Monde, A La Merveille), et même à une divinisation (The Tree of Life). Ici, les liaisons que Rick entretient successivement avec les personnages de Imogene Poots, Teresa Palmer, Cate Blanchett, Natalie Portman, etc, révèlent toujours le manque de quelque chose, un désir toujours reporté sur un objet différent. Chacune de ses muses a quelque chose de différent des autres et qui la caractérise, ce qui la rend à la fois exceptionnelle et incompatible avec la quête de Rick d’une relation parfaite et fusionnelle. Les visages sont ainsi nettement plus pâles que dans ses précédents films, comme s’ils manquaient de couleur et de vitalité, et avec eux les étendues désertiques du paysage californien.

Dans ce tourbillon sans fin, Rick est seulement de passage, il n’est pas vraiment au centre du film, comme si la caméra désirait sortir de son axe pour atteindre un idéal. Les personnages sont systématiquement écartés sur les bords du cadre, vus de dos ou bien seulement aperçus pour quelques secondes au détour d’un mouvement de caméra, quelle que soit leur réputation dans l’actorat hollywoodien (avec des yeux de lynx, on peut entrapercevoir des acteurs tels que Jason Clarke, Nick Offerman, Joe Manganiello, Joel Kinnaman et même la voix-off de Sir Ben Kingsley). Et Rick, lui qui cherche à s’élever, à être au centre d’un cadre toujours fuyant, n’échappe pas non plus aux circonstances qui le ramènent vers le sol (quelles soient naturelles ou sentimentales). Par exemple, au cours de la séquence du tremblement de terre, Rick est cloué au sol, il doit réapprendre à marcher, à se relever, et doit s’éduquer lui-même. Rick ne rentre jamais vraiment dans le cadre, ou du moins il ne fait que passer d’un bord à l’autre de l’image, car le cadre mouvant (caractéristique du « nouveau cinéma » de Malick) semble n’avoir aucun objet fixe, effet par ailleurs accentué par l’utilisation à outrance du Steadicam. Il n’y a pas véritablement de personnage principal dans KNIGHT OF CUPS, car car qui dit « personnage principal » suppose une évolution relative de ce personnage au long d’un récit structuré. Or, dans KNIGHT OF CUPS, parce que le récit est justement déstructuré, il n’y a pas non plus d’évolution possible pour les personnages, et plus particulièrement pour Rick. C’est sans doute pour cette même raison que la grande majorité des personnages demeurent sans nom et que le jeu proposé par cette multitude d’acteurs ne présente pas de grande variété. Leur jeu est essentiellement monotone, voire monochrome d’un certain point de vue, et cela accentue leur aspect fantomatique et notre impossibilité de s’y identifier.

Le philosophe américain Stanley Cavell, maître à penser de Terrence Malick qui suivait attentivement ses cours à Harvard dans sa jeunesse, soutenait la nécessité de transposer à l’écran l’expérience ordinaire, analogue à celle du spectateur, et ce en opposition totale avec l’objectivité normalement attendue. On ne peut pas parler d’expérience métaphysique dans KNIGHT OF CUPS et plus largement dans l’oeuvre de Terrence Malick, car les deux termes « expérience » et « métaphysique » sont antinomiques. Littéralement, ce qui est « méta-physique » désigne un principe d’explication qui serait a priori situé au-delà de la physique, du monde sensible et donc de notre expérience même (les principes varient selon les auteurs, mais il s’agit aussi bien de concepts tels que le Bien chez Platon ou Dieu chez Descartes, etc, bref des principes dont on ne peut pas faire l’expérience sensible). Il n’y a pas d’expérience à proprement parler métaphysique. Ici, il s’agit plutôt d’une expérience fantasmatique. Fantasme, pour Rick, de trouver sa perle, ce qui explique entre autres la succession sans fin de ses conquêtes pseudo-amoureuses. Fantasme, pour le spectateur, de fusionner avec le monde projeté. Cavell dit ainsi, dans La Projection du Monde (1971), que « […] c’est par le fantasme qu’est posée notre conviction de la valeur de la réalité ; renoncer à nos fantasmes serait renoncer à notre contact avec le monde. » (Chapitre 13, p.124, éd.Belin, 1999). Rick joue ce rôle, et de ce fait, il est presque naturel de déprécier le film dans son ensemble, puisque celui-ci est comme un miroir de notre propre expérience de spectateur.

”Il est presque naturel de déprécier le film dans son ensemble, puisque celui-ci est comme un miroir de notre propre expérience de spectateur. ”

Une des principales caractéristiques de KNIGHT OF CUPS, et qui est peut-être aussi son défaut principal, c’est qu’il ne suit aucun plan (dans les deux sens du terme). Ici un plan n’a jamais pour fonction de préparer le plan qui va suivre, mais chaque plan se suffit à lui-même, comme s’il s’agissait d’une sorte de diaporama dans lequel une série de photos fut disposée de manière aléatoire, et donc sans ordre prédéterminé. Le film n’adopte aucune forme classique de narration et par conséquent ne laisse ni le temps ni l’espace nécessaires pour un réel développement du (et des) personnage(s). Cependant, le propre d’une oeuvre qui n’obéit à aucune fin, c’est qu’elle ne nous dit pas quoi penser. Mais au contraire c’est à nous d’en extraire le sens, et cela passe nécessairement par un effort de « rumination » (dans son sens positif donné par Nietzsche en s’adressant à son lecteur). C’est-à-dire d’apprendre à lire entre les lignes, voir ou revoir le film afin d’y déceler quelque chose de caché ou de diffus. Alors ne faudrait-il pas revoir KNIGHT OF CUPS ?

On a objecté au film et à son réalisateur de « ne plus savoir où il va » . Or, ce travail de rumination de l’oeuvre incite plutôt le spectateur lui-même à déterminer le sens dans lequel il veut orienter le film, et donc à offrir son propre développement des personnages. Rick ne sait pas où il va, il cherche à retrouver un sens perdu, l’inspiration, la perle que le jeune prince était censé découvrir.

« Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, il oublia sa quête et il sombra dans un profond sommeil… »

Sans doute qu’implicitement, il voudrait bien qu’on vienne lui prendre la main, qu’on l’extirpe de son errance et de sa démarche somnambulique (à noter que Christian Bale joue très bien le somnambule). Bref, que l’on franchisse la frontière entre son monde et le nôtre, et que l’on restitue à ses côtés le mouvement disséminé dans l’infinie variété des plans et de leurs compositions.
Archibald T.
Archibald T.

19 abonnés 209 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 4 décembre 2015
Terrence Mallick maitrise son sujet qui restera difficile d'accès pour beaucoup.
Moins contemplatif que Tree Of Life, ce knight of cups est plutot une longue succession de courts plans séquences sans dialogues, captivant et sublime.
weihnachtsmann
weihnachtsmann

1 273 abonnés 5 340 critiques Suivre son activité

2,0
Publiée le 3 décembre 2015
Obscur, opaque et surréaliste. Je me demande si Malick fait des films pour son plaisir personnel. C'est insensé, le monde en miniature et la pensée du monde. Je trouve ça assez vulgaire. Certes ce n'est pas un catalogue d'images mais une psychologie intérieure et profonde. En cela c'est vulgaire. On n'a pas besoin de connaître le tréfonds de leurs âmes. Cela dit il y a une certaine beauté et une élégance qui proviennent de la façon de filmer, et ce n'est pas différent d'un Lynch ou d'un Paradjanov voire d'un Resnais (période jeune) à qui il manquerait encore plus de philisophie.
daysofheaven
daysofheaven

5 abonnés 15 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 26 janvier 2016
Avec les films de Terrence Malick désormais, ça passe ou ça casse. Mais si l'on adhère au montage elliptique et à son propos, c'est un voyage novateur au niveau formel et d'une sensibilité inouïe. Terrence Malick est un vrai romantique où l'ironie n'a pas lieu d'être. Un artiste qui croit encore à la grandeur de l'Homme.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 3 décembre 2015
Le film-poème de Terrence Malick EST son personnage principal, emplie de questions désordonnées, soudaines, de tentatives de réponses, d'énigmes, de sonorités de toute sorte, d'images sublimes, superficielles ou naturelles, de rêves et de mots. Le tout pour illustrer prétentieusement mais justement le "pourquoi" permanent et universel.
Bravo Monsieur.
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