Max est une histoire simple, classique, presque déjà connue. Quand le spectateur entre dans la salle, quand il débute dans le film, quand il voit les scènes se dérouler, il sait parfaitement comment les choses vont évoluer, et comment elles vont finir. Le film est, d'un point de vue scénaristique, tout à fait dans les codes du genre. On peut même aller jusqu'à dire qu'on n'est pas surpris.
Pourtant, cette simplicité n'est que mise en scène par Murat. Tout, du décor à la photographie, du rythme à l'enchaînement des plans est là pour montrer l'extrême simplicité, et donc l'extrême normalité de cette histoire. De plus, elle est magnifiquement interprétée, notamment par un JoeyStarr et une Shana Castera somptueux, toujours très justes. Même si Mathilde Seignier est quelquefois un peu décevante, on lui pardonne les quelques fausses notes d'un personnage en fait pas évident à jouer.
Ici, pas de grandiloquence, pas d'effets inutiles, pas de sentiments construits à partir de rien. Au final, les personnages sont travaillés dans le réel, ce qui fait qu'on "y croit" et qu'on s'attache rapidement à ce père de famille et à sa fille. Cette profondeur des personnages et du coup de leurs relations effacent les quelques maladroitesses de jeu ou de mise en scène, et quelques facilités de scenario.
Ce film nous raconte tout simplement la vie. La vie dans tous ses aspects, de tous les jours. Il nous raconte comment on peut essayer à tout prix de se raccrocher à elle, et à une certaine normalité, pour ne pas avoir à faire face à qui on est vraiment. On dévoile peu à peu au spectateur la manière dont les personnages se construisent leur identité, et leurs interactions, par rapport au regard des autres, et aux attentes de la société. Tout cela à travers le regard innocent et naïf d'une petite fille qui essaie simplement de s'intégrer comme elle le peut, elle aussi, à cette vie normale et idéalisée.
Max est un film qui passe, sans que le spectateur ne compte le temps, et qui, mine de rien, fait se poser toutes ces questions. Même si on n'a pas vécu cette situation, Murat a le don de susciter chez nous cet étrange sentiment de remise en question. Mission accomplie pour la réalisatrice, qui ouvre les portes à l'intérieur même de chacun de ses spectateurs.