Soyons clair d’entrée « The Snowman » n’est pas un bon film et la critique autant anglo-saxonne que française, l’a massacré. Le plus significatif étant le 7% obtenu sur Rotten Tomatoes qui équivaut à un zéro pointé. Ces réactions peuvent se concevoir. Elles sont inversement proportionnelles aux espoirs placés dans Tomas Alfredson, souvent jugé hâtivement, comme un des nouveaux grands du cinéma, suite à « Morse » (2008) cité par ignorance comme son premier film. Pourtant l’adaptation en demi teinte de « Tinker Taylor Soldier Spy » (La taupe) montrait ses limites de cinéaste. Certes « The Snowman » souffrirait de près de quinze pour cent du scénario non filmé et que pour éviter tout spectaculaire de mauvais goût certaines scènes chocs ont été coupées (mais gardées dans la bande annonce, ce qui est à la limite de l’escroquerie). N’empêche, le déroulé offre un super livre d’image, paysages, neige, froid et mouvements de caméra très élégants avec des travellings doux, les zooms arrières et avants très progressifs, (le style propre au réalisateur), illustrant une mise en scène quelque peu distendue. Le montage lâche et des personnages peu travaillés, font presque regretter que certains membres de ce casting de luxe soient venus se fourvoyer dans cette impasse congelée. Particulièrement évident pour Charlotte Gainsbourg, J.K. Simmons, Val Kilmer, mais laissant aussi à l’abandon une Rebecca Ferguson qui semble égarée et agitée comme une girafe dans un match de tennis de table. Enfin, David Dencik, Toby Jones, James D'Arcy et Chloë Sevigny (géante deux ses deux petites scènes) semblent surtout illustrer le générique, histoire d’appâter le cinéphile, leur rôles étant réduits à la portion congrue. A cela s’ajoute l’enlisement progressif d’un récit qui, comble pour un thriller, effraye peu, mais ennuie beaucoup. Seul Michael Fassbinder au top, très convaincant dans le rôle du flic alcoolique qui boit pour oublier un passé que sa conscience porte comme une croix, sauve partiellement l’ensemble. La deuxième étoile c’est pour lui uniquement. Selon moi, la pente que suit le cinéaste suédois est très inquiétante en termes d’étoiles: 4 pour « Morse », 3 pour « La taupe », 2 pour « The Snowman ». Une seule pour "The Jönsson Gang" (titre provisoire), son prochain film ?