J'ai vu l'excellent premier opus il y a longtemps, je ne saurais donc dire si cette suite est meilleure, quoi qu'il en soit, elle est au moins tout aussi réussie. En plus de se dérouler dans la foulée du précédent film, l'une des forces majeures de "Incredibles 2", c'est son scénario dense et malin, mélangeant à la fois le traitement de nombreuses thématiques modernes, comme le féminisme
(Elastigirl est choisie pour ses compétences; le méchant s'avère être aussi une femme (très bon twist); c'est le papa qui s'occupe des enfants à la maison)
et notre société obsédée par l'image
(en ne contrôlant pas la perception de ce qu'ils font par le grand public, la famille est vue juste comme des justiciers saccageant la ville lorsqu'elle capture le démolisseur, d'où l'interdiction des super-héros et la naissance d'un ennemi d'envergure questionnant notre façon de digérer les images de manière passive (le symbolisme du masque qui détourne la vérité))
, une réflexion intelligente sur le super-héroïsme
(être parent est encore plus compliqué et tout aussi valorisant que sauver des vies)
et des protagonistes tous bien développés (Frozone prend notamment une place très importante). En effet, Bob doit gérer la perte de sa situation professionnelle quand sa femme devient une icône, et il est confronté à l'adolescence de Violette
(l'histoire avec son petit-ami qui découvre son identité et se fait enlever la mémoire à cause de Bob est relativement classique mais bien menée)
, au caractère fou de Flèche
(obsédé par les boutons et peu concentré sur les maths, qui ne sont pas toujours faciles pour Bob)
et à l'exceptionnel Jack-Jack, dont la naissance des pouvoirs et la gestion de ceux-ci sont hilarantes
(avec la costumière dans la cage; la séquence entre Jack-Jack et le raton-laveur; le père tentant de canaliser son fils)
. L'ensemble est magnifié par une musique prenante, un rythme effréné grâce à la réalisation extrêmement dynamique de la part du génial Brad Bird, un aspect visuel bluffant (les couleurs, les jeux de lumière, les textures, etc...) et inégalé dans le monde de l'animation, des références nombreuses
(Mission Impossible 1 pour le train; Batman pour les gadgets auto et moto; X-Men pour la troupe de super-héros (le Duc est tordant); Hulk pour le bébé énervé; Avengers pour la question de l'image des super-héros vis-à-vis des destructions)
, de l'action à tout-va époustouflante
(l'intro avec le Démolisseur, le train, les hélicos, à la maison, sur le bateau, dans l'avion)
et des idées amusantes: on savait qu'Anna Wintour (et Linda Hunt) avaient servi de modèles à la costumière, ici, l'ambassadrice ressemble grandement à Claire Foy dans The Crown. À l'arrivée, malgré un passage final un poil prévisible et à la menace basique
(le bateau qui fonce sur la ville)
, "Incredibles 2" est un divertissement familial de haute volée à tous les niveaux, et rejoint incontestablement les nombreuses pépites dont Pixar raffole (les Toy Story, Coco, Là-Haut, Vice-Versa, etc...).