Quatorze ans après le premier opus, la famille la plus populaire du monde des super-héros est de retour ! Et là, pas de Marvel Studios ou autres Warner Bros. à la baguette… Un bon vieux Pixar, avec ses qualités créatrices et d'animations incomparables ! Comme en 2004, c'est Brad Bird, appuyé à la production par John Lasseter (Toy Story, 1001 pattes), qui s'occupe de mettre en scène cet incroyable univers. Chose plaisante, surtout lorsqu'on connaît la qualité du cinéaste, capable de jongler entre films d'animations inventifs (Le Géant de fer, Ratatouille) et film d'action efficace (Mission Impossible : Protocole Fantôme). Ici, la caméra n'est plus dépendante de l'environnement, mais c'est bien l'environnement (numérique et 3D, propre aux films d'animation) qui s'adapte totalement à la volonté du réalisateur. Les séquences d'action sont donc d'une rare limpidité et permettent des mouvements de caméra qui seraient quasi-irréalisables avec un film en prise de vue réelle. Mais Brad Bird ne s'arrête pas là, puisque l'esprit reste placé sous le signe du film-hommage aux super-héros. Les Indestructibles 2 aurait très bien pu ressembler à une suite fade de grands classiques, comme celles qu'on a pu apercevoir ces dernières années (Le Monde de Dory, Monstres Académie). Là où le film se montre malin, c'est qu'il adopte un esprit léger pour les plus jeunes grâce à des vannes bien senties, mais aussi un univers assez sombre pour les plus nostalgiques de l'âge d'or des super-héros. Le personnage de l'Hypnotiseur, et notamment une scène de traque filmée sans musique d'ambiance, s'apparente presque à l'Épouvantail ou à Edward Nygma dans le Batman, créé par Bill Finger et Bob Kane. Le type de séquences qui nous rappellent que des Tim Burton ou autres Sam Raimi construisaient leurs films de super-héros comme un film d'aventure réflexif. Les Indestructibles 2 donne ainsi une véritable place aux personnages féminins et aborde la question du « vivre avec son époque ». L'évolution des protagonistes est réussie, et cette joyeuse troupe permet de créer une atmosphère de cinéma familial comme on aimerait en voir plus souvent. Sans parler de la musique toujours aussi culte de Michael Giacchino, qui s'est même permis une petite ré-orchestration de ses compositions.
Si le film réussit son pari en proposant une suite louable, on peut aussi remarquer que ce second opus ne se montre pas au niveau du premier. Là où Toy Story avait réussi à proposer un troisième film aussi fort que celui sorti en 1999, les Indestructibles version 2018 semblent souffrir d'une intrigue assez classique et d'enjeux bien moins intéressants que ceux abordés en 2004. Le premier opus expliquait à Syndrome qu'on ne pouvait pas usurper le statut de super-héros. Les Indestructibles 2 opposent supers-pouvoirs et opinion publique. Reste que ces thèmes ont déjà été abordés, plus ou moins bien, dans Batman vs Supermanou Spiderman : Homecoming. Sans parler des multiples super-héros présents dans ce film, recalés au statut de figurants, et qui livrent même quelques incohérences scénaristiques.
Difficile de bouder son plaisir face à un film à la construction si précise et à l'humour efficace. Tous les ingrédients sont réunis pour proposer un divertissement énergique, qui transformeront deux heures en une poignée de minutes. Avec les Indestructibles 2, Brad Bird prouve encore une fois qu'il fait partie des grands amuseurs publics présents à Hollywood ces temps-ci. Restent que les parts secondaires du scénario (notamment la relation entre Bob et Jack Jack) paraissent plus efficaces que ce final mal goupillé.
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