Ce film est phénoménal, mais on n’est pas forcé d’aimer. On y étrille les machos, les parents, les suiveurs et ceux qui préfèrent la facilité, donc c’est parfait. Même les enfants (qui absorbent tout sans se rendre compte) absorbent tout ce qui se passe et ce qui se dit (est-ce bien ? est-ce mal ? –on entend dans la salle de cinéma de jeunes enfants qui rient et d’autres qui pleurent). Il faut dire que le bébé Jack-Jack a le premier rôle ! Le père et l’ado sont vus comme des abrutis, macho et graine de macho. C’est vrai que c’est un peu orienté ! Le film est quand même à archiver : les personnages parlent comme les gens d’aujourd’hui, le business man, le père, la mère, l’enfant, l’ado. Ils parlent des choses d’aujourd’hui, des banalités du quotidien. On y parle des agressions de la modernité, de l’addiction au mobile, au jeu, aux réseaux sociaux. C’est réaliste et drôle –mais celui qui se sent visé rit jaune. C’est aussi de l’espionnage, de la fiction, puisque le sujet c’est l’utilité des super-héros dans la société. C’est enfin (et à travers tout ça) beaucoup de leçons de choses, de leçons de morale, de leçons de philosophie. C’est peut-être même beaucoup trop. Un trop qui signifie peut-être un manque de quelque chose. Manque de simplicité ? Manque de douceur ? Tout comme il manque comme un filtre au dessin tellement il est net, lisse, sans relief. A ce titre, Bao, le court métrage que Pixar donne avant la projection, est une merveille –de technologie, de sensibilité, de simplicité, d’imagination. Il ne s’agit que d’un ravioli chinois, mais c’est émouvant, attachant, en plus d’être profond, et ça imprimera les mémoires. Puisque c’est un film d’animation, un mot sur les voix : rien à dire sur Gérard Lanvin qui est la voix du père, Bob (Mr. Indestructible), bien dans le personnage ; Amanda Lear fait toujours la voix de Edna, la couturière des super-héros, qui rappelle Anna Wintour et son carré, ou Hetty de NCIS Los Angeles (Linda Hunt) ; en revanche, exagéré est l’emploi de la voix de Samuel Jackson, ainsi que de sa voix française (depuis vingt-cinq ans) –Frozone (Iceberg de X-Men) avait besoin d’une voix guillerette, façon l’âne de Shrek (Eddie Murphy), et non d’une voix d’outre-tombe.