Cela fait plaisir de revoir Kim Jee-woon dans un projet personnel, tant depuis une dizaine d'années ses longs-métrages ne pouvaient guère susciter l'enthousiasme. Sous forme de comédie souvent burlesque, voire même de vaudeville, Ça tourne à Séoul ! parle évidemment des affres de la création, chez un cinéaste, thématique plutôt dans l'air du temps, dans un contexte très particulier, celui de la Corée du Sud des années 70, sous dictature militaire, avec une censure artistique très présente. Ces éléments figurent dans le film mais n'en constituent cependant pas la moelle, tant un esprit volontairement foutraque semble le balayer dans un capharnaüm complet, du début à la fin. Au premier degré, c'est donc un divertissement, moyennement drôle, cela risque de varier selon les goûts, et quand même un peu répétitif malgré ses ruptures de ton et ces multiples passages de la couleur au noir et blanc et inversement. L'exercice de style, aussi touffu soit-il, ne méritait pas de durer plus de 2 heures et il est assez raisonnable d'estimer que sur 1H30 seulement, le film aurait gagné en pertinence et en efficacité et n'aurait pas tourné ... à vide, à plusieurs reprises. Au-delà de cet obstacle majeur, ne boudons pas le plaisir de goûter certaines scènes virtuoses et une interprétation de grande qualité, Song Kang-ho soit loué. Un film mineur de Kim Jee-woon restera toujours plus intéressant qu'une œuvre réussie d'un réalisateur au talent limité.
ça tourne à Séoul mélange le style outrancier voire chaotique de ce type de film avec un contexte peu connu, à savoir les studios de production à Séoul dans les 70's encore très conservateurs et à cheval sur la censure. Mais si l'exemple du genre, One Cut Of The Dead comme modèle Japonais, restait ordonné dans sa construction globale Kim-Jee Woon se permet, lui, de partir dans tous les sens en multipliant les catastrophes et délires des personnages le tout justifié par un personnage de réalisateur incarné par la figure nationale du cinéma sud-coréen Song Kang Oh, personnification un poil exagéré du réalisateur de ce faux tournage.
On nage dans le plein méta mais j'ai apprécié certaines idées vraiment bien trouvées qui montre frontalement les collisions des egos et des intérets des personnages tout en perdant de vue, ou pas, la valeur collective qu'à le tournage et la réalisation d'un film.
Cependant, je trouve que certaines scènes poussent les potards un peu trop haut, rendant parfois le film confus à défaut de vouloir être "expérimental". Ainsi, au vu de son côté méta, difficile de savoir exactement quelles conséquences sont voulues devant le visionnage de certaines scènes et lesquelles ne sont pas.
Un bel exercice de style à la Coréenne qui semble se répandre un peu plus chaque année (comme le montre le "Ne coupez pas" de Michel Hazanivicius sorti en 2022).
Un film à propos d'un film à propos d'un film (il est possible que j'en oublie un ou deux). Le réalisateur dit qu'il a appris le cinéma à la Cinémathèque à Paris. Il y a visiblement appris beaucoup de chose, comme l'utilisation du noir et blanc chez Eisenstein et Murnau, et plus généralement un sens de la réalisation, de la direction d'actrice et d'acteur époustouflant. Comme il s'agit donc d'un homage au cinéma, tout se passe en huis-clos approprié, un plateau de tournage où le réalisateur se livre à une véritable démonstration de savoir faire. C'est vrai, on peut lui reprocher de tirer un peu trop sur la ficelle, mais dans la salle, jusqu'au bout (plus de deux heures à vue de nez), les gens riaient de bon coeur (c'est une comédie grinçante). C'est un genre en soi le cinéma qui se regarde filmer. Ce film est un petit chef-d'oeuvre à voir absolument pour les amateurs du genre.
Scénario très original, assez foutraque, mais si on se laisse prendre au jeu, on passe un magnifique moment de vrai cinéma. C'est une farce, à prendre comme telle, mais magnifiquement filmée, pleine de rythme et de rebondissements plus ou moins loufoques, dans laquelle on apprend beaucoup de choses sur le cinéma coréen, le métier d'acteur et sur la création artistique.
Wahou, quel film ! Un réalisateur raté croit tenir un chef d'oeuvre s'il change la fin de son film. Problème : le pouvoir coréen autoritaire des années 70 refuse. Il va devoir tourner en secret. C'est délirant, ça crie, ça court dans tous les sens, les séquences du film noir et blanc se mélangent aux séquences couleur de l'intrigue. Le résultat est épique mais clivant. On peut détester ce grand foutoir comme on peut l'adorer si on se prend au jeu. Mais par-delà l'action, je recommande aux cinéphiles de poser un oeil averti sur la réalisation. Prétextant de filmer un réal fou en quête de plans surprenants, Kim Jee-Woon multiplie lui-même les mouvements de caméra improbables et les séquences d'une grande originalité. Un film jubilatoire.
Le talentueux réalisateur Kim Jee-Woon (2 Soeurs, A Bittersweet Life, Le Bon, la Brute et le Cinglé, J'ai rencontré le Diable) apporte sa pierre à l'édifice des films centrés sur les coulisses du cinéma avec cette fiction sur la fragile cohabitation entre création et chaos.
Mené par le toujours très bon Song Kang-ho (Parasite) dans le rôle d'un réalisateur perfectionniste en mal de reconnaissance et entouré d'une équipe investie et décalée, un film oscillant sans cesse entre le tournage du film et le résultat de ce qui a été tourné (en mode noir et blanc, musique stridente et jeu volontairement excessif inclus).
Une œuvre un peu trop classique dans certaines des sous-intrigues qu'il aborde et un peu plus recherchée (mais en même temps un peu frustrante) pour d'autres (comme l'idée du figurant qui se prend pour un vrai détective). Une histoire qui n'est pas exempte de longueurs, mais nous gratifie de nombreuses scènes assez absurdes et drôles. Un film un peu trop bordélique/hystérique par moments (correspondant plutôt bien à l'aspect jusqu'au-boutiste du cinéma coréen), mais nous offrant une mise en scène des plus soignées, entre aspect making-of et séquences oniriques, et ce jusqu'à un plan-séquence des plus réussis, aboutissement de la vision de son auteur. Car ce qui importe au final, c'est ce qui a été imprimé sur la pellicule.
Une œuvre plutôt mineure dans la filmographie de son réalisateur, mais un très sympathique (et sincère) hommage à la passion et la détermination. Parce que le talent, c'est d'abord de croire en soi. 6,5/10.
Kim (Song Kang-Ho) est un réalisateur vieillissant et obsessionnel, cantonné aux séries B, qui n’a jamais réussi à percer malgré le succès de son premier film dont une rumeur persistante l’accuse d’avoir volé le scénario au maître dont il était l’assistant jusqu’à sa mort. Il est déterminé à retourner la fin de son film, "Dans la toile", dont il n’est pas satisfait, et réussit, à force de persuasion, à faire revenir ses acteurs, ses techniciens pour deux jours de tournage supplémentaires. C’est sans compter sur les egos surdimensionnés des acteurs, sur les intrigues de couloir qui les déchirent, sur les problèmes techniques qui s’accumulent et sur la censure officielle (l’action se déroule au début des 70ies sous la dictature coréenne),, heureusement soluble dans le whisky.
"Coupez !" fut pour moi – et pour beaucoup d’autres – l’un des meilleurs films de l’année passée. On se souvient de son prétexte, le tournage d’un remake d’une série B japonaise, et d’un montage qui nous montrait successivement les mêmes scènes tournées de plusieurs points de vue différents, nous révélant par ce procédé tout ce qui se déroulait en coulisses.
"Ça tourne à Séoul" utilise le même procédé, alternant les scènes en noir et blanc de "Dans la toile" telles que Kim les tourne – ou peut-être tel qu’il rêve de le tourner tant elles sont parfaitement maîtrisées – et les scènes en couleur du film en train de se tourner qui dévoilent sa réalisation chaotique. Le plateau y devient le lieu de tous les excès avec sa galerie de personnages principaux et secondaires, tous plus truculents les uns que les autres. J’ai notamment beaucoup ri à cet acteur qui interprète le rôle d’un commissaire de police et qui est tellement investi dans son rôle qu’il se met à enquêter sur le plateau.
Aussi réussi soit-il, "Ça tourne à Séoul" a le défaut structurel de venir après Coupez ! L’effet de surprise qui jouait à plein avec "Coupez !" est donc ici hélas éventé. Ce qu’il raconte sur le cinéma, la tension insupportable dans laquelle un réalisateur est pris lorsqu’il aspire à la perfection mais se heurte à une foultitude d’obstacles, n’a rien de bien novateur non plus. Il a aussi le défaut d’une mise en place un peu lente – "Coupez !" avait le même, qui montait en puissance dans sa seconde moitié – et de durer plus de deux heures. Sans doute aurait-il gagné à un format plus ramassé. Il n’en reste pas moins un dépaysant et amusant moment de cinéma.
Vu en V.O, je suis sortie fatiguée par tant d'hystérie... pas inintéressant, donne un aperçu du contexte politique et culturel de la Corée du Sud. Mais ça paraît tellement caricatural ! j'ai trouvé la temps trèès long.
Exercice de style à partir d'un film dans le film, ca tourne à Séoul virevolte, rebondit, enchaîne les saltos et retombe sur ses pieds. C'est une mise en abîme poilante, tant le scénario réécrit par le cinéaste héros du film après des visions nocturnes résout l'énigme de sa propre vie. Les scènes sur le plateau répondent aussi aux péripéties vécues par les acteurs et inversement. Et ainsi en va-t-il de la mise en scène : à l'enjeu du plan séquence que notre cinéaste cherche à tourner, périlleux et virtuose, s'en superpose un autre, discret et sensible, et qui se voit à peine, que le vrai réalisateur, celui du film que nous voyons, nous offre en cadeau bonus... Hommage au cinéma de genre et à la liberté de création face aux pouvoirs autoritaires, ce film se déguste comme une pâtisserie asiatique à la pâte de riz : trop sucré, vite oublié, mais d'un tel plaisir jouissif à regarder !
Un film qui filme le tournage d'un film......On pensera à la nuit américaine de Truffaut, plus récemment à "Coupez" de Hazanavicius, ...Je dois dire que j'ai plutôt été enchanté par ce film coréen, si vous cherchez un peu de fraicheur au cinéma, vous devriez y trouver votre compte...Le scénario est simple, un réalisateur coréen Kim Jee Woon, pour ne pas le nommer décide de changer la fin de l'un de ses premiers films, ( en noir et blanc pour qu'on comprenne et c'est bien utile)...Le réalisateur est magnifiquement interprété par Song Kang Ho, déjà aperçu au cinéma dans Parasite entre autres...L'actrice principale du film est Krystal Jung, aussi belle que convaincante...Le scénario fonctionne très bien, le montage est parfait, la lumière, la photographie, et j'en passe ( rien à envier aux américains) , on a même le droit dans la bande son, à France Gall avec "poupée de cire", la chanson devient merveilleuse à ce moment, et hypnotisante elle est......Je dirais que la mise en scène est parfaite, que l'originalité du film fait rebondir le spectateur à plusieurs reprises, et que la fin est plutôt subtile.....Bref un film qui sort de la routine, et que je conseille vivement.......
Vu en avant premiere en présence du réalisateur et d'un interviewer qui ne m a pas permis de bien comprendre ce film sauf que évidemment j'ai compris où il voulait en venir. Le pitch : on est en plein période de régime militaire en Corée du Sud. Un réalisateur qui fait des films de commande sans aspérité est pris d'une vision sur la fin de son dernier film et se met en tête de retourner la fin ( en fait tout le film) en faisant fi de la censure. Cela donne une oeuvre désaxée qui part dans tous les sens. C'est évidemment drôle mais au but d'un moment cela m'a rasé un peu comme le "everytime, everywhere" qui a tout raflé aux derniers oscars. L'intention était évidente puisque cette approche foutraque agit comme une réaction à une société corsetée.
Avec ce film, on sent que le réalisateur s'est fait plaisir en proposant un cinéma qui joue sur le tragi-comique des tournages faits à l'arrache, en secret, tentant d'échapper à la censure des années 70 en Corée. Si les scènes de fin rattrapent le rythme, le film s'étire sur la longueur et j'ai eu tendance à décrocher pendant la première partie. C'est dommage car le potentiel était là.
Après Ne coupez pas ! (Japon) et Coupez ! (France), c'est au tour de la Corée de présenter sa comédie burlesque de tournage qui dégénère... Cobweb (Dans la toile) est un bon moment de rigolade, trop long pour ne pas connaître une baisse de rythme (2h15 qui auraient tout aussi bien pu n'être que 1h45 sans perte de gags majeurs), porté surtout par son hommage sincère aux réalisateurs de cinéma passionnés (parfois trop) par leur œuvre. Dans le rôle du chef-d'orchestre qui rame pour maintenir son projet hors de l'eau, Song Kang-Ho (Parasite) brille comme à son habitude, en conflit constant avec ses comédiens extravagants (dont le trop rare Jung Se-Oh nous rappelle combien il est bon à jouer les personnages idiots, et si vous aimez : regardez Korean Fried Chicken...), et avec les producteurs colériques qui menacent le tournage... Beaucoup de gags fonctionnent, les personnages sont attachants, la mise en scène est correcte, les effets spéciaux ne sont pas excellents (le feu, l'araignée), et surtout le final étonne, plusieurs fois (chose rare). Qu'on sente arriver la scène de feu d'artifice d'humour (le bouquet), on ne s'attend pas à ce qu'elle se lance sur spoiler: la musique Poupée de cire, poupée de son (et cela colle à merveille, un mélange contre-nature qui épate), qu'on voit le très joli plan du réalisateur qui contemple la fin de son œuvre baigné dans la douce lumière du soleil, on se fait avoir par le générique... Sans rien vous dévoiler : ne partez pas. Dans cette avant-première cannoise, aucune info n'avait fuité à ce sujet, et la salle s'est vidée presque complètement en l'espace d'une petite minute de générique, tandis qu'on restait pour écouter la jolie musique des crédits... On a bien fait, on a été peu nombreux à découvrir le véritable final du film ! Donc restez bien assis, Cobweb s'offre un rappel original, qui aura récompensé les spectateurs pris dans sa toile...de cinéma.