Je sais, les noms coréens sont difficiles à retenir, mais celui du cinéaste Kim Jee-Woon est loin de nous être inconnu puisqu’il a déjà réalisé des films comme Le bon, la brute et le cinglé, J’ai rencontré le diable ou The Age of Shadows. Cette fois il nous propose durant 133 minutes, une mise en abyme virtuose : une sorte de film dans le film absolument irrésistible. Séoul, 1970 : le réalisateur Kim souhaite refaire la fin de son film "Cobweb". Mais les autorités de censure, les plaintes des acteurs et des producteurs ne cessent d’interférer, et un grand désordre s’installe sur le tournage. Kim doit donc surmonter ce chaos, pour achever ce qu’il pense être son chef-d'œuvre ultime… On n’a pas tellement l’occasion de rire ces temps-ci au cinéma – comme dans l’actualité en général – et ce film, tout en autodérision est vraiment cette occasion… A saisir ! Le coup du « film qui filme un film », on nous l’a déjà fait : Truffaut avec La nuit américaine et plus proche de nous et dans un autre registre, Coupez ! d’Hazanavicius ou Vers un avenir radieux de Moretti. Kim Jee-woon, plus connu pour des films sombres - 2 sœurs, A bittersweet life ou encore J'ai rencontré le Diable -, revient à la comédie, un genre qu'il avait exploré à ses débuts avec The Quiet Family et Foul King. L’intrigue se situe dans les années 60 / 70, l’époque du grand boum du cinéma coréen. Entre l’idée initiale du scénario et la sortie en salle, il se passait rarement plus de 4 semaines ! Les grands réalisateurs sortaient jusqu’à 10 films par an !!! Les studios sont d’immenses hangars mal-isolés et non-insonorisés ; le manque d’infrastructures et d’équipements oblige les équipes de tournage à partager caméras et plateaux de tournage. Quant aux stars de l'époque, elles enchaînent jusqu’à quatre films par jour, découvrant leur texte depuis des prompteurs à même la prise de vue. Mais va subvenir le coup d’État mené par le général Park Chung-hee ce qui inaugure l’ère d’un régime militaire particulièrement strict où la censure va peser sur toute création artistique. Voilà pour le contexte historique. Bien sûr, ces conditions de travail complètement dingues ne pouvaient qu’inspirer une comédie complètement déjantée. Et c’est le cas. C’est l’histoire d’un plateau en folie, le personnage du cinéaste est complètement dépassé, - le spectateur aussi -, et le tournage tourne au chaos, l’ambiance est explosive et nous, nous éclatons aussi, mais de rire, jusqu’à un ultime plan vertigineux et étonnement triste. Song Kang-Ho est une star internationale puisqu’il a tenu les rôles principaux de Parasite et Les bonnes étoiles. Il nous gratifie encore une fois d’une performance étonnante. On notera pour mémoire, malgré la qualité de leurs prestations Im Soo-Jung et Jung-se Oh. Au-delà de la critique d’une époque révolue, ce film nous propose une belle réflexion sur le cinéma et une satire politique pour créer une comédie noire soutenue par une bande-son dans le genre foutraque. Féroce, réjouissant et parfaitement excentrique. Ah oui, j’oubliais… attendez bien la fin du générique…
Un film à propos d'un film à propos d'un film (il est possible que j'en oublie un ou deux). Le réalisateur dit qu'il a appris le cinéma à la Cinémathèque à Paris. Il y a visiblement appris beaucoup de chose, comme l'utilisation du noir et blanc chez Eisenstein et Murnau, et plus généralement un sens de la réalisation, de la direction d'actrice et d'acteur époustouflant. Comme il s'agit donc d'un homage au cinéma, tout se passe en huis-clos approprié, un plateau de tournage où le réalisateur se livre à une véritable démonstration de savoir faire. C'est vrai, on peut lui reprocher de tirer un peu trop sur la ficelle, mais dans la salle, jusqu'au bout (plus de deux heures à vue de nez), les gens riaient de bon coeur (c'est une comédie grinçante). C'est un genre en soi le cinéma qui se regarde filmer. Ce film est un petit chef-d'oeuvre à voir absolument pour les amateurs du genre.
« Depuis quand est-il facile de faire un film ? Tout le monde nous met des bâtons dans les roues et la critique nous assassine. » Réalisateur moqué, Kim vient de finir le tournage d'un nouveau film lorsqu'il a selon lui un éclair de génie qui pourrait en faire un chef-d'œuvre. Pour cela, il doit retourner de nombreuses scènes, mais il faut convaincre les acteurs, les producteurs et la censure... Kim Jee-woon propose une immersion au sein d'un tournage complètement chaotique tant au niveau de la fiction que de la réalité avec un réalisateur confronté à la censure de ses idées et à la méfiance de ses collaborateurs face à sa créativité sans limites. Un film parfois amusant et surtout absurde, mais qui peine à maintenir son mordant jusqu'au bout. La première heure est solide et bourdonnante avec tous ces personnages plus ou moins liés, mais ça s'essouffle ensuite pas mal dans la seconde partie même s'il y a le meilleur moment du film à savoir spoiler: le tournage du plan-séquence . Si on frôle parfois le moyen à cause d'une durée excessive, "Cobweb" est tout de même un film sympathique sur le cinéma.
L'histoire se déroule au début des années 70 en Corée du Sud, la dictature militaire (1962-1979) impose une censure sur le cinéma en 1970, alors que son cinéma national quand il devait survivre, quand il fallait être assez malin pour contourner la censure tout en faisant référence à plusieurs genres du Film Noir hollywoodien aux films d'horreur asiatiques des années 2000. L'ouverture du film est parfaitement raccord, un film en Noir et Blanc avec style et genre à références assumées avant de revenir en couleur sur le tournage chaotique. On commence alors à apprendre les petits secrets des uns et des autres, qui vont avoir plus ou moins d'importance sur le récit et/ou sur le film final, sans compter les agents de la censure qui vont évidemment arriver au mauvais moment. Le scénario est savamment alambiqué, mêlant conflits relationnels au soucis de tournage tout en faisant une jolie démonstration de mise en scène dans une mise en abîme savoureuse. C'est parfois drôle, parfois avec des longueurs mais toujours d'une créativité formelle foisonnante. Un superbe moment cinoche. Site : Selenie.fr
Kim Jee Woon est l auteur de plusieurs merveilles. « Ça tourne à Séoul » lui permet s il en était besoin de faire une déclaration d amour au cinéma avec un film léger souvent très amusant sur le tournage catastrophe d un film. Il nous propose une superbe galerie de personnages, avec bien sur en tête le metteur en scène mu par l envie de réaliser un chef d œuvre et qui se perd dans le chaos ambiant dans lequel se déroule son tournage. L exercice de style du film dans le film est bien exécuté et il se dégage de l ensemble un côté foutraque plutôt attachant. C est loin d être le meilleur film de son auteur mais j ai passé un bon moment avec un film dont on ne peut nier la sincérité.
Parfois caricatural à l'excès, ce film sur les dessous de la création d'un long métrage, et cette mise en abîme, est assez amusant et bien interprété. Il aurait cependant mérité d'être un peu plus resserré.
Plutôt déçu par la tournure de ce "joyeux bordel" cité par l'affiche du film. Ce microcosme du monde du cinéma ne passionne pas ou du moins, les personnages n'accrochent pas car aucun, à par le réalisateur, n'a de charisme à l’écran. L'histoire est longue et digne de peu d’intérêt. Ce n'est pas drôle, il n'y a pas de fantaisie et très peu de situations cocasses, pas assez en tout cas pour trouver ça drôle. Si c'est ça l'humour coréen, je préféré leurs films de guerre nettement au dessus. Un drame ennuyeux et long à suivre, sans réelle intrigue pour tenir le spectateur devant l’écran.
Avec ce film, on sent que le réalisateur s'est fait plaisir en proposant un cinéma qui joue sur le tragi-comique des tournages faits à l'arrache, en secret, tentant d'échapper à la censure des années 70 en Corée. Si les scènes de fin rattrapent le rythme, le film s'étire sur la longueur et j'ai eu tendance à décrocher pendant la première partie. C'est dommage car le potentiel était là.
Kim, le personnage du film voulait faire un chef-d’oeuvre, ce n’est pas le cas de Kim Jee-Woon. Son film dans le film est épuisant tant les portraits des personnages sont exagérément outranciers et les situations sans saveur. Que les personnages jouent de façon outrancière est sans doute voulue, tant pis pour moi, ça ne fonctionne pas cette fois, la cause à des situations... sans saveur ! Rien d’ordinal, rien de surprenant sur les plateaux sud-coréens. On est loin de l’excellent et insolite « Ne coupez-pas » du japonais Shin'ichirô Ueda. Cette comédie ne m’a pas du tout enchanté, pas même l’ébauche d’un rictus de satisfaction.
Quand on est content, on trouve parfois un bémol ; quand on n’est pas content, je peux extraire un thème intéressant de cette comédie fatigante : la censure qui sévissait en ce temps-là. Dommage qu’elle ait été traitée avec légèreté. Après tout, elle s’inscrit parfaitement avec le ton du film. J'en voulais plus.
Si je n’attendais plus rien de ce récit « déjà-vu », je l’ai suivi sans impatience pour autant. Pour moi, le chef d’oeuvre de Kim Jee-Woon reste « J’ai rencontré le diable ». Quant à sa comédie bien barrée, je lui préfère « Le bon, la brute et le cinglé » Ce « Ça tourne à Séoul ! Cobweb » a été pour moi « « Ça soûle à Séoul ! » Désolé, je suis passé à côté de ce joyeux capharnaüm.
Comme nombre de ses collègues internationaux qui ont consacré des films au cinéma au sortir de la pandémie de Covid, Kim Jee-woon débarque avec l'histoire de ce tournage chaotique en revenant à la comédie de ses débuts. Entre hommage à l'âge d'or du cinéma coréen, productif et soumis à la censure d'état en 1970, confusion rigolote entre réalité et fiction, et portrait complexe d'un réalisateur (Song Kang-ho) souffrant d'un sérieux syndrome de l'imposteur, le film perd le contrôle de sa cacophonie et devient bien plus confus que convaincant.
La réalisation est maîtrisée, mais le scénario s'éparpille trop. De plus la relation entre les personnages n'est pas assez détaillée ( car on ne sais pas toujours qui fait quoi ou bien qui est qui . ) souffrant d'un sérieux syndrome de l'imposteur, le film perd le contrôle de sa cacophonie et devient bien plus confus que convaincant. L'exercice de style, aussi touffu soit-il, ne méritait pas de durer plus de 2 heures et il est assez raisonnable d'estimer que sur 1H30 seulement, le film aurait gagné en pertinence et en efficacité et n'aurait pas tourné ... à vide, à plusieurs reprises. Un film mineur de Kim Jee-woon restera toujours plus intéressant qu'une œuvre réussie d'un réalisateur au talent limité. Un tournage épique intéressant mais trop long et pénible à la longe on décroche.
Exercice de style à partir d'un film dans le film, ca tourne à Séoul virevolte, rebondit, enchaîne les saltos et retombe sur ses pieds. C'est une mise en abîme poilante, tant le scénario réécrit par le cinéaste héros du film après des visions nocturnes résout l'énigme de sa propre vie. Les scènes sur le plateau répondent aussi aux péripéties vécues par les acteurs et inversement. Et ainsi en va-t-il de la mise en scène : à l'enjeu du plan séquence que notre cinéaste cherche à tourner, périlleux et virtuose, s'en superpose un autre, discret et sensible, et qui se voit à peine, que le vrai réalisateur, celui du film que nous voyons, nous offre en cadeau bonus... Hommage au cinéma de genre et à la liberté de création face aux pouvoirs autoritaires, ce film se déguste comme une pâtisserie asiatique à la pâte de riz : trop sucré, vite oublié, mais d'un tel plaisir jouissif à regarder !
Kim (Song Kang-Ho) est un réalisateur vieillissant et obsessionnel, cantonné aux séries B, qui n’a jamais réussi à percer malgré le succès de son premier film dont une rumeur persistante l’accuse d’avoir volé le scénario au maître dont il était l’assistant jusqu’à sa mort. Il est déterminé à retourner la fin de son film, "Dans la toile", dont il n’est pas satisfait, et réussit, à force de persuasion, à faire revenir ses acteurs, ses techniciens pour deux jours de tournage supplémentaires. C’est sans compter sur les egos surdimensionnés des acteurs, sur les intrigues de couloir qui les déchirent, sur les problèmes techniques qui s’accumulent et sur la censure officielle (l’action se déroule au début des 70ies sous la dictature coréenne),, heureusement soluble dans le whisky.
"Coupez !" fut pour moi – et pour beaucoup d’autres – l’un des meilleurs films de l’année passée. On se souvient de son prétexte, le tournage d’un remake d’une série B japonaise, et d’un montage qui nous montrait successivement les mêmes scènes tournées de plusieurs points de vue différents, nous révélant par ce procédé tout ce qui se déroulait en coulisses.
"Ça tourne à Séoul" utilise le même procédé, alternant les scènes en noir et blanc de "Dans la toile" telles que Kim les tourne – ou peut-être tel qu’il rêve de le tourner tant elles sont parfaitement maîtrisées – et les scènes en couleur du film en train de se tourner qui dévoilent sa réalisation chaotique. Le plateau y devient le lieu de tous les excès avec sa galerie de personnages principaux et secondaires, tous plus truculents les uns que les autres. J’ai notamment beaucoup ri à cet acteur qui interprète le rôle d’un commissaire de police et qui est tellement investi dans son rôle qu’il se met à enquêter sur le plateau.
Aussi réussi soit-il, "Ça tourne à Séoul" a le défaut structurel de venir après Coupez ! L’effet de surprise qui jouait à plein avec "Coupez !" est donc ici hélas éventé. Ce qu’il raconte sur le cinéma, la tension insupportable dans laquelle un réalisateur est pris lorsqu’il aspire à la perfection mais se heurte à une foultitude d’obstacles, n’a rien de bien novateur non plus. Il a aussi le défaut d’une mise en place un peu lente – "Coupez !" avait le même, qui montait en puissance dans sa seconde moitié – et de durer plus de deux heures. Sans doute aurait-il gagné à un format plus ramassé. Il n’en reste pas moins un dépaysant et amusant moment de cinéma.