On comprend que ce petit film fauché, malgré les éloges du sinistre Scorsese, ne soit sorti en France que dans... quatre salles, deux à Paris, une à Toulouse et une à Tours. Et malgré sa durée minime (72 minutes), assez vite on s’y ennuie ferme. Parce qu’il a été bâclé en douze jours, que tout est filmé en gros plans avec une caméra portée qui fait rarement le point, et que l’histoire se réduit à une tranche de vie aussi fade qu’un plat de nouilles froides ?
Il s’agit de ce qu’on appelle une « tranche de vie », celle d’une famille monoparentale. La mère prospecte dans les bars pour se trouver des partenaires. Le fils de quinze ans, qui cherche à se débarrasser de sa virginité, y parvient assez facilement en offrant à la fille convoitée une bague qu’il a volée dans la boîte à bijoux de sa mère, puis, la chose faite, il récupère la bague et la remet en place (ce gentleman prétendra sans doute que la fille a égaré le colifichet). Quand au plus jeune frère, il ne sait pas embrasser les filles, et tout se réduit à cela.
Bref, le film ne vaut ni par un scénario peu convaincant ni par une réalisation maladroite. Ainsi, on ignore pourquoi la maîtresse d’école, jeune, aimable et jolie, est détestée de ses élèves, et lorsque, pour la brimer, ils écrivent « Négresse » à la peinture sur sa voiture, le réalisateur n’est même pas fichu de montrer le mot, on ne le reconstitue que via les bribes qui ont échappé à la danse de Saint-Guy de son cameraman.
Je prédis à ce navet deux semaines d’exploitation, avant qu’il finisse dans le placard dont il n’aurait jamais dû sortir.