Pas plus que l’affiche, la bande annonce ne m’avait pas franchement attiré, laissant apparaître une histoire battue et rebattue pour ados abrutis, vécue cette fois par des personnages loufoques. Le casting avait beau être alléchant avec notamment des acteurs que j’aime beaucoup tels que Colin Firth et Samuel L. Jackson, avec en prime, les présences de Michael Caine et de Mark Strong, je suis resté totalement hermétique à ce film. Seulement voilà : on dit que la curiosité est un vilain défaut, et la tentation de vérifier cet adage a été plus forte que moi. Pour le coup, ce fut une bonne surprise, avec un hélico arrivant de nulle part sur le célèbre "Money for nothing" de Dire Straits, amenant un court générique qui scotche définitivement le spectateur dans son fauteuil. L’histoire a beau ne pas sortir tant que ça des sentiers battus, elle est rendue suffisamment intéressante pour nous distraire efficacement durant un peu plus de deux heures, grâce à la grande inventivité et à la petite dose d’humour qu’elle contient. Le début est fracassant, et le premier étonnement ne tarde pas à venir avec Colin Firth, que nous n’avons pas l’habitude de voir dans des rôles aussi remuants. On savait Colin Firth capable d’interpréter les caractéristiques très britanniques que sont le raffinement et le flegme, ce qui n'est pas d'ailleurs sans rappeler John Steed, le personnage phare de "Chapeau melon et bottes de cuir", et il le fait à merveille. Mais ce qui surprend le plus, ce sont ses aptitudes au combat sans perdre le moindre iota d’élégance, ce qui fait de son personnage un homme très contrasté. Face à lui, se trouve un Samuel L. Jackson en mode excentrique vestimentairement parlant. Toujours habillé comme un adolescent à l’élocution zozotante pour attirer l’attention sur lui par le biais de couleurs flashy, il offre une superbe opposition de styles en étant un exubérant homme d’affaires qui inspire confiance tel les grands mégalomanes que nous rencontrons dans les James Bond. Avec tout ça, ça sent bon le film d’espionnage, d’autant plus que l’affaire qui oppose les deux personnages incarnés par les deux grands noms que je viens de citer est aussi complexe que celles des nombreux scénaristes ayant travaillé sur les James Bond. Oui ça sent le film d’espionnage mais pas seulement. Richmond Valentine est affublé d’un fidèle bras droit, qui est en fait une femme aussi douée que les meilleurs agents Kingsman, l’élite du renseignement britannique se distinguant par son immuable costume 3 pièces. Peu encline au bavardage, elle est efficacement portée par Sofia Boutella grâce à la mise à contribution au profit de son personnage de ses talents de danseuse et de gymnaste rythmique et sportive. Regardez-la faire, et vous en tomberez les bras… (lol !). Un film d’action alors ? Il est vrai que les scènes d’actions sont bien calibrées, sur un scénario haut en rythme. Les moments de répit sont plutôt rares, mais souvent savoureux de calme avant la tempête, que ce soit par les répliques particulièrement bien ciselées la plupart du temps, ou par les attitudes qui valent à eux seuls les dialogues. Oui c’est un film d’action, mais pas seulement. Car les espions ne sont pas éternellement immortels, et de ce fait, il faut aller chercher par moments un peu de sang neuf pour renouveler les rangs. Et qui de mieux que le fils d’un agent décédé quelques années plus tôt, un jeune homme ayant grandi dans un contexte familial très difficile dans la banlieue londonienne ? Autrement dit, le candidat "imparfaitement idéal" pour reprendre le flambeau jadis laissé par son père. Ceci a le don d’amener un peu de fraîcheur et de légèreté. Ce film est donc une comédie ? En quelque sorte, oui. Sauf que l’apport de ce nouveau personnage apporte son lot d’incohérences aussi, la première étant de lui découvrir des talents d’apnéiste de compet'. P
uis plus tard, on le voit tirer comme un chef alors qu’on ne l’a vu à aucun moment subir un entraînement quelconque de ce genre.
Pire, on ne sent jamais les agents Kingsman en réel danger à un moment où un autre. Tout ça pour dire, que ce film du genre comédie active d’espionnage est un ensemble loufoque qui ne se prend pas trop au sérieux. Et c’est vrai que la totalité de l’œuvre se suit sans aucune difficulté. Sans jamais regarder la montre, le spectacle non dénué de classe "so british" se révèle distrayant, et c’est finalement ce qui compte le plus.